Encore un livre de George R.R. Martin allez-vous me dire ? Et oui, encore un, cet homme est décidément prolifique et cette petite nouvelle, Le Volcryn, a même été couronnée du Prix Locus en 1981… on était donc en droit d’attendre quelque chose d’assez exceptionnel.
Les légendes parlent d’une race d’extraterrestres fabuleuse parcourant lentement l’espace, aux manettes de gigantesques vaisseaux à l’apparence de cités d’ombre… Moi, Karoly d’Branin, je leur ai voué ma vie, et mes inlassables recherches m’ont enfin permis de les localiser. Avec mon équipe, nous avons embarqué à bord de l’Armageddon, vaisseau du commandant Royd Eris. Et dans peu de temps, les volcryns seront enfin à notre portée. Mais en attendant, l’ambiance est de plus en plus pesante entre nous… Royd Eris refuse d’apparaître physiquement, préférant user d’hologrammes et de communicateurs muraux… Et Thale Lasamer, notre télépathe, fait état d’une menace sourde et mystérieuse… Peu importe ! Mes volcryns sont tout proches, et je ne les laisserai pas filer !
Et en effet, le roman, très court, est bel et bien excellent, efficace, surprenant et riche de nombreux thèmes, comme toujours chez l’ami George qui ne cesse de me surprendre depuis que j’ai attaqué le Trône de Fer il y a bientôt 10 ans et que je découvre le reste de son oeuvre, à rebours. Pas d’humour dans ces pages en revanche, du moins pas celui du fameux Haviland Tuf qui m’avait ravi il y a quelques temps, on nage plutôt dans le cynisme et surtout dans une ambiance totalement pesante, oppressante, tout à fait propre à l’idée que l’on se fait de la vie d’un petit groupe de personnes dans un Armageddon qui fait diablement penser au Nostromo d’Alien.
Pas d’extraterrestre ici, du moins pas de créature « rajoutée » mais un drôle de commandant, mystérieux et un vaisseau qui ne l’est pas moins. Et les volcryns bien sûr… Mais au delà de tous ces éléments, l’auteur brille une nouvelle fois dans ses descriptions de l’état mental des passagers de l’Armageddon, dans sa capacité à nous mettre en tension, dans l’expectative du basculement que l’on sent inexorable et qui nous surprend malgré tout !
Alors, le roman n’a bien sûr pas la profondeur d’un grand classique de cette littérature mais en à peine 160 pages quand il en faut parfois 800 à d’autres auteurs, il introduit déjà une grande quantité de notions sur l’évolution de notre humanité, sur la rencontre avec d’autres espèces intelligentes ou encore sur d’autres créatures ou races mystérieuses, sans oublier les avancées technologiques ! Tout cela ressemble à s’y méprendre à un space-opera et le tel en est bien le cadre… pourtant ce livre n’est rien de plus (mais c’est déjà très bien) qu’un huis-clos surprenant et oppressant, rythmé et intelligemment construit, du début à la fin. A dévorer.