Jean-Pierre Andrevon, je l’avais découvert avec son Horizon de Cendres, un roman qui m’avait laissé sur le cul. Sukran m’avait de la même manière collé une claque assez magistrale avant Le Monde Enfin, là aussi une belle lecture. Son dernier roman, aux éditions du Bélial, m’attend depuis quelques mois…
Mais à défaut d’attaquer ce livre, je me suis jeté sur un poche déniché au Salon du Livre : le Travail du Furet. Un livre qui me laisse un peu perplexe.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes du XXIe siècle. La santé de la population ne cesse de s’améliorer ; toutes les statistiques le prouvent. Le problème, c’est de maintenir les grands équilibres. Pour y parvenir, il faut supprimer 400 000 citoyens par an dans l’Hexagone. Choisis avec art et méthode par le Grand Ordi, qui chaque matin procède à un tirage au sort morbide. Le travail des Furets consiste à liquider, pas forcément en douceur, tous ceux dont la vie doit prendre fin au bénéfice de la communauté. Un boulot comme un autre, en somme. Avec des avantages. Jusqu’au jour où un certain Furet, grand amateur de films noirs du XXe siècle, découvre sur sa liste le nom de Jos. L’amour de sa vie.
L’écriture est brillante, à la première personne, nerveuse, violente, saignante et meurtrière, bienvenue dans l’esprit du Furet, l’un des meilleurs, l’un des plus efficaces et surtout un homme solitaire, basique, suivant son train-train d’assassinats commandités par l’Etat au nom d’une régulation que tout le monde accepte plus ou moins bien. La première partie est finalement consacrée à la description par le menu détail du programme des journées du Furet. Ses journées de service, ses méthodes, ses traques. Mais aussi ses journées de congé. Son amour des films qui transparaît finalement et constitue le fil rouge du livre.
Malheureusement, si l’on a lu la 4ème de couverture ainsi que je l’ai fait (et que je vous l’impose), le suspense est bien mince car on sait qu’il va y avoir un point de bascule. Ce qu’il se passe ensuite, je vous laisse le lire mais Jean-Pierre Andrevon tient son écriture et réussit à maintenir son ton général tout en y introduisant plus d’action et surtout en développant peu à peu les différents éléments sans réponse du système de suppression des 400 000 citoyens.
L’écriture brille, le scénario est glaçant et surtout on accroche de bout en bout sans espérer à un seul instant que la situation s’améliore. Alors quoi ? Alors je ne sais pas trop. Répétitions, quelques longueurs, la sensation d’avoir déjà lu et vu des romans de ce genre, certes pas avec cette écriture mais tout de même. Pour pondérer ce petit goût étrange en bouche, remettons le roman dans son contexte d’écriture, en 1975. Ah oui quand même.
Et si Jean-Pierre Andrevon avait dressé le portrait de la Sécurité Sociale de demain ? J’ose espérer que tel n’est pas le cas. Alors même si je reste un peu sur ma faim au niveau du déroulé des évènements du livre, le livre vaut clairement la peine d’être lu pour son écriture et pour l’univers glaçant qu’il dresse.