Dehors les chiens, les infidèles – Maïa Mazaurette

Voilà un livre dont le titre m’avait frappé il y a quelques temps lors de sa sortie en grand format et dont l’auteure, que je connais plus pour son travail sur SexActu, m’avait semblé un peu déplacée justement à cause de cette image que j’avais d’elle. Foutus à-priori qui peuvent nous empêcher d’avancer !

Et pour cause, Maïa Mazaurette m’a vraiment surpris avec ce roman de fantasy post-apocalyptique tout sauf traditionnel :

Quatre-vingts ans après la défaite des forces de la Lumière face aux Ténèbres, le monde ne connaît plus que la nuit éternelle. Seul espoir de voir un jour se lever le soleil : la Quête. Tous les cinq ans, un groupe de cinq adolescents spécialement entraînés part à la recherche de l’Étoile du Matin, arme légendaire, seule capable de lever la malédiction divine qui frappe l’humanité.

On y découvre un monde médiéval, profondément ancré dans la religion chrétienne, plongé dans un noir d’encre ou tout du moins dans un clair-obscur qui dure depuis plus de trois générations. Dans cet univers glauque et pesant, on suit Spérance, Astasie, Cyférien, Vaast et Lièbre, une Guide et quatre Quêteurs qui constituent le tout dernier groupe de Quête envoyé par Auristelle à la recherche de l’Etoile du Matin, la fameuse arme de Galaad, déchu lors de sa bataille contre les Ténèbres. Facile ? Oui, très facile à première vue et tout aurait pu s’arrêter là.

Mais l’auteure nous baigne dans son univers, décidément bien étrange et qu’on peine à situer même s’il est évident qu’on est en plein moyen-âge dans une histoire  différente de la nôtre, défaite de Galaad oblige. Reste qu’au delà du positionnement sur la frise du temps, les thèmes abordés dans le roman sont multiples : fondamentalisme religieux (Antépape d’un côté, clergé radical de l’autre, forces brutes, fourbes et désorganisées d’un côté, Sainte Inquisition de l’autre et dans tous les cas : des réflexions profondément choquantes à lire de part leur violence religieuse et leur intolérance primaire), chimères avec des êtres humains marqués par les Ténèbres et une humanité qui se corrompt peu à peu, prenant l’apparence de bêtes (homme-chèvre, vers de terre inclus dans la poitrine, etc.) mais aussi fraternité et complémentarité avec la vie du groupe de Quête. Autant de choses que l’auteure maîtrise très bien et déroule au fil d’une écriture vive et sans concessions, violente parfois (souvent même de part les évènements décrits, ça saigne, ça tranche et on n’est épargnés en rien) mais malheureusement un peu facile à mon goût.

Autant le monde créé pour « Dehors les chiens, les infidèles » m’a conquis, tout comme le traitement des différents thèmes  (on est en pleine horreur fondamentaliste, les paroles prononcées et les réflexions de l’auteure sont « choquantes » par leur cruauté religieuse et leur fanatisme patent) et l’évolution ou l’absence d’évolution de certains personnages, autant j’ai eu du mal à accrocher sur le style. Ce n’est pas aussi facile que du Bordage (je pense aux Fables de l’Humpur pour les chimères), ce n’est pas aussi travaillé que Damasio (la Horde pour la vie de groupe) : c’est un peu entre les deux. Bon, toujours est-il que ça se lit presque d’une traite et qu’on a toujours et encore envie d’en savoir plus sur le dénouement de toutes les intrigues et sur les évolutions des personnages qui s’avèrent un peu plus complexes que prévus à première vue (sans atteindre non plus une profondeur abyssale).

Au final, cela se lit agréablement sans être transcendant pour autant, un bon petit bouquin pour se détendre et initier une réflexion sur le fondamentalisme religieux qui nous entoure quotidiennement et sur ce qu’il pourrait devenir si l’on n’y prend pas garde. A lire, à l’occasion.