Bloodsilver. Drôle de titre, l’association du sang et de l’argent, des vampires ? C’est bien ça. Wayne Barrow livre avec cette œuvre une relecture complète de la conquête de l’Ouest, du débarquement du Mayflower jusqu’au début du siècle dernier.
Point d’esprit Twilight ici mais plutôt une filiation avec les Fils des Ténèbres de Dan Simmons, à savoir de la noirceur, de la violence, un sentiment d’oppression : bref, c’est sombre et sauvage comme l’a été la conquête de l’Ouest !
L’auteur utilise savamment une foule d’évènements historiques pour les réécrire en racontant la progression du Convoi, une file interminable de chariots plombés contenant de plus en plus d’argent que les « Brookes » (i.e. les vampires) collectent peu à peu pour éviter que cet élément naturel qui leur est fatal tombe entre les mains de ceux qui les combattent.
Car bien sûr la progression des Brookes ne se fait pas sans heurt, de leur débarquement à leur conquête progressive de ce qui seront les Etats-Unis d’Amérique. Face à eux, les Chasseurs, une sorte de confrérie hétéroclite recrutant l’élite de ceux dont les noms sont arrivés jusqu’à nous : les frères Earp, Jessie James, les Dalton, Doc Hollyday, Billy the Kid, Mark Twain, la famille Winchester etc.
Tout cela s’inscrit dans l’histoire chaotique des USA en devenir, de l’assassinat du vieil Ab’ Lincoln à l’avènement du fameux Teddy « Bear » Roosevelt, le « Grand Chasseur » à l’aube de la première Grande Guerre… une plongée à la fois historique et mythique et qui intègre aussi sans pitié le rôle destructeur à caractère de génocide des colons sur les populations amérindiennes. Wayne Barrow livre ainsi l’âme des américains, conquérants permanents, sans pitié, avides de pouvoir et d’argent et l’oppose à celle des Brookes, finalement savants et sages bien que bestiaux et dénués de la plus petite once de pitié.
Ainsi, de la Nouvelle-Orléans à la côte Est, en passant par la frontière mexicaine, New-York ou encore le cœur de l’Union, on plonge dans une revue splendide de la Conquête. Un livre splendide, riche, prenant et parfaitement conçu et écrit. A lire, sans hésiter.