Manche – une journée sur la côte Est du Cotentin

Après avoir aperçu pour la première fois à l’occasion d’un essai et weekend entre amis les côtes du Cotentin, j’ai eu envie d’y retourner rapidement afin de me faire une idée un peu plus complète et riche de ce que j’avais seulement effleuré.

Depuis Paris, me voici ainsi aux portes de la Manche et plus spécialement du Cotentin, dans les terres, à seulement quelques kilomètres d’un haut lieu, influence cinématographique oblige, du débarquement des forces alliées en 1944. Ce lieu, parmi tant d’autres sur cette côte qui a vu tant de sacrifices pour une liberté que l’on peine tant à respecter et honorer, c’est Sainte-Mère-Eglise.

Le petit village, croquignolet et dédié en grande partie à la mémoire des parachutistes américains qui l’ont libéré, abrite une église singulière, bâtie au XI et XVème siècle. Son portail est magnifique, tout comme sa nef et ce mur couvert de messages de paix qui sont tout un symbole ici, au pied du clocher où John Steele s’accrocha toute une nuit, piégé au ras des cloches par la voile de son parachute.

Un peu plus à l’est, me voici au bord de la Manche. Utah Beach, plutôt Ravenoville-Plage, à son extrémité nord. Le ciel est d’un bleu splendide, parsemé de moutons au nord, noircissant la baie de St-Vaast-la-Hougue dont on aperçoit le fort Vauban. Au large, les îles Saint-Marcouf, deux petits bouts de roche dont l’un abrite un fort magnifique. Pour une prochaine visite, qui sait. La baignade, dans les eaux à peine fraîches est un régal.

Je remonte désormais vers le nord, traversant Crisbecq, Quinéville, Morsalines, autant de charmants villages perchés un brin en retrait de la côte ou bien carrément les pieds dans l’eau. Autour de Quettehou, c’est nettement plus bâti en moderne mais il y a toujours ces grandes bâtisses et maisons massives, rudes, bâties pour résister aux hivers du coin. J’arrive enfin à Saint-Vaast-la-Hougue, point de départ pour la découverte de deux incroyables forteresses Vauban, celle de la Hougue tout d’abord, puis celle de Tatihou, plus tard dans la journée.

La première peut se visiter, avec le fort de la Hougue, mais je me suis à dire vrai pointé beaucoup trop tôt et je me suis donc contenté d’en faire le (magnifique) tour ! Le fort principal, auprès duquel on gare son véhicule indique clairement la couleur avec ses douves faisant un mince trait d’eau défensif entre le continent et ensuite l’océan. On peut ainsi faire le tour du coin, à l’abri ou à la merci des remparts massifs, sans pénétrer dans le fort, par ailleurs terrain militaire.

Au bout, après un peu de marche, on découvre enfin la forteresse Vauban et plus loin, le fort aux formes caractéristiques du maître bâtisseur. Vingt mètres de hauteur et des murs de trois d’épaisseur, la tour est incroyable, massive, splendide sous le soleil. La vue depuis la petite plage de l’ancienne porte d’entrée du fort, fortifiée, doit être incroyable au coucher du soleil.

Le tour de la péninsule de la Hougue s’achève avec un léger goût de frustration en bouche. J’aurais tellement aimé avoir l’occasion de visiter la tour, de grimper en son sommet pour découvrir le fort dans son intégralité et la fameuse baie de Saint Va d’un peu plus haut ! L’endroit reste impressionnant, magistral, à l’image de Vauban.

La mer est encore haute, j’ai raté le bateau pour l’île Tatihou. Je prends la décision d’attendre la marée descendante et l’étale pour rejoindre ce petit bout de caillou visible depuis Saint-Vaast-la-Hougue et file plus au nord jusqu’à Gatteville. Il y a là un phare très solitaire, haut de 75 mètres, splendide, invitant à la grimpette de ses 365 marches. Là-haut, vue imprenable sur la côte, Barfleur et plus loin encore !

Retour à Saint-Vaast-la-Hougue pour la dernière balade de la journée : l’île Tatihou. S’il y a bien sûr un bateau amphibie, un drôle d’engin d’ailleurs, qui fait la liaison entre le continent et l’île, j’ai choisi pour ma part de traverser les parcs à huîtres à pied, sautillant entre les flaques de la mer tout juste retirée, passant même pieds nus dans un chenal pas encore vraiment découvert (l’est-il jamais ?) ! Cela est certes moins confortable que le bateau mais j’ai apprécié le spectacle des parcs, les odeurs, le soleil qui brûlait doucement voire franchement avant d’atteindre enfin la rive de Tatihou et les parois de son lazaret.

Je commence ma visite par le bout de l’île, à savoir une autre tour Vauban, du même modèle que celui aperçu plus tôt dans la journée. La tour, haute d’une vingtaine de mètres et conçue pour résister aux bombes du XVIIème siècle, se visite et offre depuis son sommet des vues splendides sur l’île et sur les différents petits forts qui peuplent l’île Tatihou. Quel endroit…

Après un petit verre au bar du fort de la tour (tout ça, oui), je rebrousse chemin avant qu’il ne soit trop tard pour rejoindre le lazaret. Cet endroit singulier, construit en 1723, servit de lieu d’étude pour les équipages placés en quarantaine car présentant des symptômes de maladies étrangères. Lieu d’étude des suspects et également lieu de science, l’endroit est désormais dédié aux scientifiques en résidence et aux classes de mer, sorte de havre de paix à quelques encâblures du continent.

Retour. L’étale est terminée, il est plus que temps de rentrer, de franchir le petit chenal en se mouillant encore les jambes jusqu’aux genoux, avant de filer voir un vieil ami à Morsalines. Le Rivage, voilà le nom de cet endroit singulier, ancien village et pêcheurs devenu lieu de villégiature, donnant sur la baie de Saint-Va, que la lumière du couchant baigne le soir, illuminant d’un feu bien particulier la tour Vauban de la Hougue. Qu’il est bon ici de siroter un verre ou de prendre le petit-déjeuner, dans un silence seulement brisé à l’occasion par quelques mouettes et goélands. La côte est du Cotentin a vraiment tout d’un petit paradis.

Il me reste quelques jolis coins à revoir dans la région, entre témoignages du débarquement, visite de l’île Tatihou sur une journée complète et surtout à marée haute, exploration du fort de la Hougue quand il est ouvert et ainsi de suite. Sans même parler du cap de la Hague dont je vous parlerai dans un prochain article et sans parler non plus des marais du Cotentin sur lesquels j’ai fait l’impasse cette fois-ci !

Par de doute en tout cas, après des années à traverser la Manche pour rejoindre le Mont Saint-Michel ou la Bretagne côté nord, j’ai bien fait de m’arrêter le temps d’un weekend pour me rendre compte de mon erreur et prendre la mesure de la beauté d’un département que j’ignorais alors presque complètement. Il n’est jamais trop tard, paraît-il…

La carte de cette journée de roadtrip :

Où dormir dans le Cotentin ?

J’ai dormi dans un fort mignon AirBnb, situé à quelques kilomètres de Sainte-Mère-Eglise. La petite maison est en fait l’ancienne demeure des jardiniers d’un château dont les ruines et les écuries – habitées quant à elles – sont attenantes. Coin paumé, romantique au possible et maison adorable : par-fait.

Où boire un verre sur l’île Tatihou ?

Le petit bar du fort de la tour Vauban est parfait pour boire un petit verre, voire manger un bout… mais gare à la marée !