Essai – Audi A7 Sportback 55 TFSI quattro Avus Extended

L’Audi A7 est morte, vive la nouvelle Audi A7 ! Après un essai breton il y a quelques temps, me voici de nouveau au volant du vaisseau pour ainsi dire amiral de la marque, cette fois-ci en version essence et avec un niveau de finition absolu, à savoir le moteur 55 TFSI (V6 3.0L) et le pack Avus Extended. Prix de la bestiole grise et élégante ? 94500€… 105000€ pour mon modèle d’essai doté en sus de quelques menues options.

J’avais en toute franchise assez peu d’amour pour cette nouvelle Audi A7 en voyant les photos produit officielles, lui préférant les lignes de la première génération qui me semblaient plus élégantes. Cela, c’était avant de me retrouver face à elle. Les lignes sont plus dynamiques, plus racées, moins élégantes et rondes c’est vrai mais l’ensemble est loin d’être fade et met un sacré coup de vieux à l’ancienne version.

La calandre a pris ses aises sur la face avant, s’acérant comme sur le reste de la gamme actuelle. Le regard est nettement plus complexe qu’auparavant, de même que le capot se striant de plus de nervures. Vue de devant, l’auto est massive, impressionnante avec sa gueule chromée, tandis que l’on note les radars bien intégrés à la grille noire.

Les roues sont belles mais n’impressionnent pas, se couvrant très vite de poussière de plaquettes, tandis que les rétroviseurs sont joliment dessinés et ne dépareillent pas avec le reste de la ligne. Les flancs sont quant à eux assez peu creusés, seulement surlignés d’un trait et d’un mouvement de carrosserie dans les portières, renforçant le côté assez massif de l’auto.

De même, alors que les portières sont ici dotées de petits moteurs pour une fermeture automatique et en douceur (option à 750€), je crois que j’aurais justement apprécié la disparition des poignées au profit de leviers intégrés, comme cela se fait de plus en plus. Sur ce grand coupé racé, cela aurait été tellement mieux que les habituelles commandes proéminentes.

A l’arrière, l’évolution est notable dans le style plutôt que dans le gabarit ou les lignes générales. Les hanches de l’auto et la belle ligne de toit sont heureusement reconduites mais la signature lumineuse change, avec un grand bandeau rouge faisant la liaison entre les deux côtés de cette nouvelle Audi A7.

J’aime vraiment le rendu obtenu, avec ce coffre par conséquent comme coupé en deux, le sigle Audi flottant au dessus de la lumière, loin de la route. On note que les feux sont comme à l’avant assez complexes, trahissant un grand délire d’ingénieurs… car ces feux s’animent, tout le temps. A l’ouverture de l’auto, au déclenchement automatique des feux, une animation se déclenche, illuminant l’auto.

Ce spectacle, ahurissant la première fois, reste toujours étonnant et amusant. Le passionné d’auto y trouvera soit matière à rire, soit matière à s’impressionner. Le quidam quant à lui, sera fort souvent bouche bée devant une telle débauche technologique, surtout s’il vous suit dans un tunnel et voit soudain ce bandeau prendre vie devant lui. Amusant, à défaut d’être utile… c’est aussi ça, le luxe.

La nouvelle Audi A7, c’est donc extérieurement pas mal de changements mais dans la continuité du modèle précédent, celui-ci ayant remporté un succès certain. L’auto se dote d’une belle partie des signes stylistiques introduits sur l’A8 tout en conservant la ligne générale du grand coupé né à l’origine en 2010.

On notera aussi un détail intéressant : les pots d’échappement ont disparu, totalement masqués par la lame mêlant plastique et chrome du pare-chocs arrière. Finalement, il n’y a guère que la nouvelle dénomination moteur pour trahir la présence d’un moulin de bon gabarit, en attendant bien sûr les futures S7 et RS7.

Je ne suis donc pas particulièrement « choqué » extérieurement par cette nouvelle Audi A7, seulement bien plus séduit que je ne pensais l’être par le bel équilibre de ses lignes, entre dynamisme accru et élégance discrète dans cette couleur grise métallisée facturée 1200€.

Non, en réalité, le choc vient de l’intérieur. Je vous le disais dans mon article d’essai sur l’Audi RS4 Avant : j’ai fait l’impasse en 2018 sur les véhicules allemands et au même titre qu’il fallait bien sur RS4 reconnaître la qualité générale de l’habitacle ; je dois avouer que cette nouvelle A7 m’a stupéfait.

Par quoi commencer… ? La qualité générale ? La configuration de cette Audi A7 est irréprochable, avec cet ensemble de cuir gris de toute beauté, qui change des cuirs noirs sans âme sans aller dans les tons trop clairs et bien souvent terriblement salissants. Les assemblages sont parfaits, la grande planche de bord est élégante, tout comme sa répétition mêlant aluminium, noir laqué (salissant…) et nouvel écran multifonctions.

Surtout, ce qui est vraiment beau, ce sont ces sièges recouverts de cuir Valcona, perforés et joliment surpiqués, dotés par ailleurs de réglages intégraux en pneumatique ou en électrique. Oh, ils sont aussi chauffants et savent vous ventiler le dos, mais ils savent aussi prodiguer des massages très bien dosés. Un régal pour les longs trajets, en compagnie du volant lui aussi chauffant.

Le confort à bord se dote donc de solides arguments, complétés par le volant sport à la jante agréable, par le moelleux de la moquette et plus encore par le vitrage acoustique et l’isolation phonique générale de haut vol. Les bruits d’air ? Les bruits de roulement malgré des roues 20 pouces ? Le son du moteur ? Je ne vais pas dire que tout cela est inexistant mais on s’en rapproche fortement, l’air commençant à se faire entendre à des vitesses illégales sur autoroute française.

La liste des équipements est longue, vous vous en doutez ! On retrouve un affichage tête haute très détaillé et colorisé, réglable pour ainsi dire à l’envi. Le système Virtual Cockpit est bien sûr reconduit derrière le volant, toujours aussi appréciable à vivre et à piloter depuis le volant. Le vide poches central accueille également un système de charge Qi et les ports USB permettant de branche son smartphone (Apple CarPlay &co inclus désormais).

Ce qui change vraiment, ce sont les deux écrans centraux, tactiles tous deux et dotés d’une espèce de Force Touch et d’un retour haptique, comme sur un smartphone moderne. Le feeling surprend au début car il implique d’appuyer avec un peu de force sur l’écran, l’effleurement ne fonctionnant quant à lui que dans les menus Apple CarPlay.

Au delà de la très belle résolution et d’une interface plutôt facile d’accès, certains détails sont appréciables. Lancez une recherche sur l’écran du haut et celui du bas se transforme en énorme pad tactile sur lequel vous pouvez tracer vos lettres en série, d’un mouvement de doigt et sans jamais lâcher la route des yeux ! Vous souhaitez vous garer tranquillement ? Utilisez la vision 3D en la pilotant d’un doigt, ce afin de scruter les alentours… (une option à 800€ qui se montre parfois bien utile au vu du gabarit de l’auto !)

Dans le même esprit tactile, les boutons de mode de feux ont également disparu sur la gauche du volant. Le tout tactile progresse, mais il en reste encore juste en dessous de l’écran inférieur ou encore pour les commandes de rétroviseurs et dans la portière. A quand le grand remplacement !? (elle est douteuse, celle là…)

Le meilleur format pour vous montrer tout cela serait assurément la vidéo, même si elle durerait huit plombes et n’intéresserait que les plus nerds d’entre vous mais le niveau de développement de cette interface en fait une nouvelle référence à mes yeux. L’Audi A7 aurait pu se contenter de Virtual Cockpit qu’elle aurait déjà été au sommet ou presque de ce qui se fait aujourd’hui en terme d’info-divertissement.

Mais la marque aux anneaux ne pouvait en rester là et enfonce le clou avec vigueur ! Ces deux écrans à retour haptique, combinés au grand écran Virtual Cockpit derrière le volant rendent toute autre expérience moins satisfaisante ou complète. Alors oui, cela représente beaucoup de complexité et la conduite ou l’automobile, vous allez me dire que ce n’est pas ça…

Dans une RS, dans une Lotus, dans une Cat’, c’est effectivement totalement surfait, mais dans un grand coupé luxueux destiné à avaler les kilomètres, ce niveau de raffinement technologique rend les kilomètres indolores. Faites 800 km d’une traite avec cette auto et vous en ressortirez dans le même état qu’au départ.

Suis-je aussi en train de dire que cette auto n’est pas très intéressante en tant que conducteur ? Oui. Le niveau de survol de la route est ahurissant, déconnectant le conducteur et ses passagers (j’en ai eu 3 au maximum) des vicissitudes du quotidien du bitume. Trous, raccords, bosses, l’Audi A7 n’en a que faire, mais alors d’une force…

Le vitrage, les isolants, le caractère très feutré du V6 développant pourtant 340 chevaux et 500 Nm, tout cela participe à rendre l’expérience douce au possible. Le couple déboule d’ailleurs à 1370 tr/min et la puissance à 5000 tr/min. Autrement dit, vous allez cruiser, mais avec des remises en vitesse intéressantes puisque le 0-100 est somme toute annoncé en 5.3 secondes.

Les reprises sont une formalité, les dépassements avec. Le pire, c’est que cette auto, menée tranquillement, ne consomme pas grand chose malgré ses 1900 kg ! Jugez plutôt : 10 L/100 sur mes 700 km d’essai ! En fait, tout dans cette voiture vous pousse à rouler coulé, fluide, propre.

Le moteur, de part son onctuosité, sa discrétion et son manque d’intérêt complet à haut régimes va également dans ce sens, correspondant parfaitement à la définition luxueuse de l’auto. De même, la suspension pneumatique adaptative filtre à merveille la route, ce malgré la taille plutôt basse des gommes Michelin, des Pilot Sport 4 qui plus est !

L’auto n’est pas molle pour autant, surtout qu’elle est dotée de roues arrière directrices. Son agilité est même surprenante en ville et elle rejoint donc le gang des autos que l’on manœuvre comme des citadines malgré un gabarit de limousine ! Gare à la longueur de cette Audi A7 tout de même mais les virages resserrés et manœuvres ne sont pas un problème pour elle, au contraire.

Elle est donc bien parfaite pour enchaîner les kilomètres à une allure raisonnable, dans un confort irréprochable et en usant souvent de la micro hybridation qui désaccouple la boîte dès qu’elle le peut. Le seul point un peu noir est à mon sens la boîte Stronic à 7 rapports qui ratatouille un peu et dont la gestion électronique mériterait quelques raffinements, certains passages à la montée ou à la descente étant un peu bruts de décoffrage, surtout quand on ne roule pas en mode Dynamic. La marque nous a clairement habitué à mieux et il y a donc un peu de travail de ce côté.

Aussi, quand on cherche à hausser le rythme, la masse colossale de l’Audi A7 se rappelle à nous, même si les freins ne déméritent pas sur quelques belles décélérations. Non, c’est plutôt le manque de ressenti de la direction et son assistance qui n’inspirent pas confiance, le conducteur étant comme je le disais plutôt déconnecté de la route. Ce confort pour ainsi dire absolu a évidemment un prix et c’est celui du dynamisme.

Je n’ai aucun doute vis à vis du fait que cette Audi A7 sait passer vite en courbe, efficacement là-aussi avec un quattro irréprochable… Mais de là à dire que l’on se sent connecté, que l’on ressent ce que l’on fait ou encore mieux, que l’on sait où est la limite… non, clairement non. Une fois encore : ce n’est pas l’objectif premier de cette voiture qui ne s’aventurera de toute façon pas sur les spéciales du rallye de Corse !

Il reste malgré tout à peaufiner la copie Audi A7 car les bases sont bonnes et un peu plus de distinction entre les modes de conduite et de raffinement de cartographie boîte/direction pourrait changer ce constat, rendant l’auto toujours plus polyvalente et intéressante qu’elle ne l’est déjà. Pour aujourd’hui en tout cas, c’est une parfaite (auto)routière, capable de transporter passagers et bagages sur le long cours, sans fatigue et dans un cocon de confort, de sécurité et de technologie.