Essai routier – Mitsubishi Lancer Evo X GSR

Après une rapide prise en main sur circuit lors d’un tournage GDB, j’ai eu l’occasion de faire plus longuement connaissance avec la Mitsubishi Lancer Evo X GSR… Ce fut donc une belle opportunité d’éprouver ses caractéristiques techniques sur un terrain bien malheureusement totalement sec !

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Commençons par l’intérieur et pour dire les choses clairement, par les choses qui fâchent. L’Evo X est une « vieille » voiture et cela se sent à l’intérieur, tant d’un point de vue finitions que d’un strict point de vue équipements. Mitsubishi répond ici aux standards d’un autre temps et non pas aux standards les plus récents, il serait clairement bon qu’une Evo XI arrive sous peu pour corriger le tir. Prévoyez donc un chargeur d’iPhone avec allume-cigares, oubliez le GPS, oubliez aussi une radio à peu près ergonomique, cette voiture ne répond pas à ce que l’on connaît sur le reste de la production de 2013. Une fois ceci intégré et la déception initiale ravalée, la Lancer reste une voiture convenable à vivre au quotidien et assure donc le minimum syndical. C’est toujours ça de pris après tout, mais quitte à avoir une voiture assez ancienne en gamme, pourquoi ne pas jouer la carte du dépouillement et retirer un maximum de poids à la voiture pour en faire un monstre d’austérité et de performance ? J’avoue que si je devais acheter une Lancer demain, c’est ce que je ferais !

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On retrouve également à l’intérieur un petit détail qui fait toute la différence sur la Lancer : la possibilité de changer de mode de typage de transmission, directement au volant. L’activation du commutateur se traduit par un petit message au niveau des compteurs : pas de doute possible, on sait avec quoi on roule ! En parlant compteurs, ceux-ci sont gradués jusqu’à 300 km/h, rien que ça ! Tout cela donne tout de même envie de passer aux choses sérieuses… même si la consommation affichée en live sur le compteur a tendance à refréner quelque peu les ardeurs quotidiennes : 15.9 L/100 sur les 440 km parcourus tout sauf tambour battant, voilà qui pique fortement.

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Un dernier focus sur l’intérieur puisque l’on parle de choses sérieuses : volant, levier de vitesses et baquets. Ici, Mitsubishi fait de l’excellent travail avec des baquets faisant partie des meilleurs que j’aie jamais testés. Le levier de vitesses s’avère quant à lui assez quelconque mais son maniement est parfait, tout comme les débattements et verrouillages. Enfin, le volant, avec sa jante très fine, est un régal.

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Je ne vais que rapidement revenir sur la ligne extérieure puisque j’avais déjà tout dit dans mon article précédent : j’adore le look de cette voiture, son gros aileron, ses grandes roues simples et fines, ses quatre étriers Brembo peints en rouge et enfin son énorme calandre noir de jais surlignée d’un regard acéré… Je suis fan, la Lancer, bien qu’un peu plus sage qu’auparavant, a toujours une gueule d’enfer.

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Allez, moteur ! La sonorité du quatre cylindres de 2L et 295 chevaux reste assez discrète, que ce soit au ralenti ou à pleine charge. Il s’énerve seulement haut dans les tours, ce qui est un vrai confort en roulage de tous les jours. Cela l’est beaucoup moins sur autoroute puisque la boîte, plutôt mal étagée, ne dispose que de cinq rapports. Autrement dit, même à 130 sur l’autoroute, le moteur se retrouve assez haut dans les tours et vous casse un peu les oreilles. Dommage. La voiture mérite vraiment une boîte six méca en sus de celle, séquentielle, équipant l’autre déclinaison de l’Evo X.

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Vous allez me dire que je ronchonne beaucoup et vous aurez totalement raison. Autant sur circuit, je me suis amusé comme jamais avec cette voiture, autant en roulage quotidien, je n’ai pas vraiment apprécié la Lancer. Trop basique bien que confortable à rythme normal, dotée d’une boîte très perfectible en étagement, elle est par contre excellente pour ce qui est des reprises, du toucher de pédale accélérateur / embrayage / freins. En fait, elle trahit sur les points de performance son excellence technique, ne se contentant pour le reste que du minimum syndical, un peu comme pour ce qui est de l’intérieur. Soit, obéissons-lui et augmentons le rythme.

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C’est finalement là que la Lancer s’avère dramatiquement effrayante d’efficacité ! Châssis lisant parfaitement la route sans déséquilibrer la voiture, rapports qui claquent et poussée du turbo, le couple et la puissance passant au sol avec une aisance folle. La Lancer est une vraie 4RM et cela se sent dans son comportement, parfois sous-vireur, parfois sur-vireur mais que l’on compense d’une pression sur l’accélérateur ou d’un léger contre-braquage. Bluffante, bluffante je vous dis ! Le niveau de grip sur le sec force à penser différemment des virages que l’on connaît pourtant par cœur.

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La direction est fine et les remontées d’informations présentes sans être dérangeantes, c’est un bel équilibre. De même, le freinage s’avère endurant, très mordant à dire vrai, à tel point qu’il faut là-aussi revoir ses points de freinages et la manière dont on inscrit la voiture. Dans les grandes courbes, l’hésitation n’existe pas : pleins gaz et ça passe avec efficacité, motricité et facilité. C’est cela : facilité. La voiture communique également très bien son comportement au travers des décidément excellents baquets. Les reins sont parfaitement maintenus et sentent les mouvements de la caisse et les transferts de masse : dire que le passage à une autre voiture est frustrant est une évidence.

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Alors, quelle est la limite à son excellence ? L’étagement de la boîte, à dire vrai. C’est tout. Châssis, freins, pédales, direction, maintien, pour le reste on frise une excellence qui, je le répète, force à revoir ses trajectoires, ses freinages et à dire vrai son rythme. Autant je peux trouver des limites avec certaines voitures, autant avec celle-ci, c’est moi qui me suis limité devant son comportement sur le sec. Il faut être pilote pour aller plus loin, ce que je ne suis pas.

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Facturée la bagatelle de 46750€, la Lancer est une voiture coup de cœur, un craquage de passionné qui connaissant ses défauts et sa consommation gargantuesque, n’en aura cure et se contentera de son comportement exceptionnel en toutes conditions d’adhérence. Cette voiture n’est conçue que pour aller vite, très vite, elle ne sait rien faire d’autre et je ne peux qu’être sensible à ce trait de caractère. J’ai réalisé un petit rêve de gosse en conduisant ce monstre, je ne me sens pas rassasié pour autant et je remonterai volontiers à son bord quand l’occasion se présentera à moi ! Qui sait, d’ici là, l’Evo XI aura peut-être pointé le bout de son nez… C’est tout le mal que je souhaite à Mitsubishi que de continuer à nourrir nos rêves de rallye.