Essai – Nissan 370Z

Z. Nissan. Une longue lignée dont le 370 est le dernier né. Cette évolution de celle qui défraya la chronique il y a de ça quelques années en ressuscitant la légende, le 350Z, j’attendais d’en prendre le volant depuis de longs mois, depuis que nous avions parlé de la faisabilité d’un tel essai avec les équipes Nissan. Il faut dire que bien qu’ayant testé pas mal de voitures depuis quelques temps, je suis toujours resté pour ces essais de weekends dans le domaine de la « petite » sportive et ne m’étais jamais aventuré hors d’un circuit avec quelque chose de plus… disons, conséquent. Cet essai a donc une saveur toute particulière pour moi, je ne m’en cache pas.

V6, atmosphérique, 3.7 L de cylindrée, un couple culminant à 366Nm et une puissance de 331ch tout en haut de la zone rouge… 1500 kg sur la balance, aussi. Mais surtout un prix qu’on peut qualifier de violent dans la catégorie, à peine plus de 40k€ ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur le papier comme pour le porte-monnaie, c’est assez flatteur.

Les clés récupérées (enfin, ce qui sert de clé, keyless Nissan oblige), la première action est de démarrer le moteur tandis qu’on s’installe sans souci au ras du sol et qu’on trouve la position idéale pour les 600 kilomètres à venir. C’est qu’il s’agit de se rendre au Mans Classic (je reviendrai dessus très bientôt…) au volant de la belle. A défaut d’avoir beau temps. Mais je digresse… L’intérieur, donc. Si l’extérieur est beau et soigné, l’intérieur n’est pas en reste avec toutefois une alternance de jolies attentions (plastiques moussés, alcantara, beaux sièges) et de matériaux un peu moins flatteurs. Il s’agit de ne pas oublier que le 370Z n’est pas cher au regard des sensations qu’il procure et donc que l’essentiel n’a pas été de soigner les micro-détails des petits plastiques mais bien de trouver un compromis entre prix / confort à bord / prestations / sensations. L’objectif semble atteint en ce qui me concerne.

Ainsi,  l’assise est bonne, les sièges confortables et enveloppants : on est maintenu dans toutes les conditions sans toutefois se sentir compressé et leur réglage se fait sans problème. Le volant tombe parfaitement sous la main avec le regard toujours un peu enamouré en regardant le Z au centre du cerceau quand bien même la qualité de matériaux du centre du volant mériterait justement un petit « plus ». C’est l’impression globale qui ressort du reste de l’habitacle d’ailleurs ! C’est bien voire très bien mais il manque parfois quelque chose, comme pour la plupart des boutons. Reste que l’essentiel est préservé : qualité de la jante du volant, levier de vitesse, contreportes en alcantara, l’ensemble compteurs, écran tactile facile à utiliser et sièges conducteur comme passager : on est bien à bord ! Spartiate, mais pas trop.

Je ne vais pas m’éterniser en revanche sur la robe, quand bien même certains critiquent cette couleur bleue électrique que j’aime quant à moi beaucoup ! J’aime le design du Z, les lignes générales comme les petits détails. J’aime aussi la grande barre antiroulis qui traverse l’habitacle ou encore la ligne des feux arrière combinée à celle de l’aileron. Ces choses ne se discutent pas.

Revenons aux sensations car vous l’aurez compris, c’est l’essentiel pour cette voiture et pour son conducteur, le message étant clair au vu de la disposition du poste de conduite. Mon voyage autour de Paris et jusqu’au Mans m’aura en tout cas permis de tester la voiture dans des conditions multiples : autoroute, conduite citadine, embouteillages, pleine vitesse sur circuit, bitume sec ou détrempé, j’en passe et des meilleures. Premier constat évident avec une propulsion : quand c’est mouillé, soyez doux comme la mousse. Le 370Z est naturellement joueur et son arrière-train, bien que prévenant, peut s’avérer très mobile, ESP ou pas. Les écarts sont très sensibles sur le gras et le détrempé. Je vous aurai prévenus…

Avant de parler des vraies sensations, je vais m’attarder sur la vie à bord dans les pires conditions : il pleut et vous êtes dans un embouteillage. Les pédales sont fermes de manière générale, voire très ferme pour l’embrayage qui peut vite devenir pénible lors d’une tenue prolongée. De la même manière, la boîte est véritablement dure et les verrouillages nécessitent une certaine détermination malgré l’excellent guidage. Le maniement de la boîte en conduite normale / embouteillage demande donc un petit temps d’adaptation. Au début, à-coups garantis. Mais au bout de quelques kilomètres, on trouve l’équilibre avec l’embrayage sans abuser du patinage et la conduite devient coulée. L’ensemble pédalier / boîte demande donc à être apprivoisé mais une fois que c’est fait, c’est du velours. Dans ces conditions, le moteur se montre économe et discret, presque trop discret d’ailleurs par rapport au moulin. J’attendais un peu plus de coffre, de souffle, que ce soit un peu rauque, rageur, chantant. Au delà du démarrage du moteur, on entend finalement assez peu le V6, dommage, notamment par rapport au 350Z qui grognait nettement plus.

Et quand on hausse le rythme alors ? Ma foi, ça donne ça.

Le Grand Circuit du Mans avec le Nissan 370Z, quel meilleur terrain d’essai n’est-ce pas ? Quand bien même on évite d’attaquer au maximum, le but n’étant clairement pas de claquer un temps mais de prendre simplement du plaisir. Les conclusions n’en restent pas moins les mêmes. Le moteur, extrêmement sage à bas régimes, reprend vie à partir de 4000-4500 tr/min et ce jusqu’au rupteur. L’accélération devient alors très sensible, on est gentiment collé au siège et la mise en vitesse est belle. Les 200 km/h sont atteints avec une facilité déconcertante, la voiture gardant alors un comportement simple et efficace. A 260 km/h compteur, vitesse tout aussi facilement atteignable, la concentration atteint son paroxysme mais la voiture ne lit pas trop la route si celle présente un bel état de surface et reste maintenable sur sa ligne sans trop d’efforts. Il n’en va pas forcément de même sur routes dégradées, les pneus et les suspensions poussant le train avant à trop lire la route. Quand vient le moment de freiner, la stabilité de la voiture reste excellente et la décélération de même, l’endurance en sus.

Le petit bouton S-Mode, correspondant au Sync Rev Control, montre alors à quoi il sert : simuler un double débrayage ! A chaque débrayage et rapport inférieur engagé, le moteur lance une petite accélération rageuse, calant parfaitement le régime moteur pour le rapport qu’on engage. Oublions donc le talon pointe quand il n’est pas maîtrisé (mon cas), le 370Z s’occupe de tout. Si le dispositif est utile sur circuit, il est aussi addictif en terme de sonorité et je ne l’ai jamais débranché. Enfin si, 5 minutes. Ensuite il m’a manqué… Accélération et décélération sont donc plus que satisfaisantes : grisantes ! Le dynamisme est lui aussi excellent malgré la masse « importante » du véhicule. Le train avant est très directif, bien servi par la direction tandis que le train arrière se montre progressif tant qu’on ne réagit pas en mode on/off sur l’accélérateur. Le différentiel à glissement limité est quoiqu’il en soit efficace dès qu’on sollicite fortement le véhicule, la voiture virant de courbe en courbe avec une motricité exemplaire sur route sèche. Autrement dit, pour peu que l’on reste propre dans sa manière de conduire, le 370Z est d’une efficacité exemplaire, jouissive. En revanche, le train arrière ne pardonnera aucune cochonnerie du volant ou des pieds, cherchant alors à passer devant…

Le Z, au delà de me fournir des sensations de premier ordre et de générer chez moi un sourire assez irrépressible, ne m’a pas assassiné côté pompe. Malgré une utilisation un peu sauvage et ces tours sur circuit, ma consommation moyenne sur les 600 et quelques kilomètres s’est révélée être « seulement » de 12.5 L/100 ! Sur autoroute, à 130 km/h, la consommation est autour des 8-9 L/100. Extrêmement raisonnable donc, merci les moteurs atmosphériques à bas régime, une fois de plus. Clairement, pour 40 et quelques mille euro, il reste une machine effroyablement abordable par rapport à la concurrence, affichée au bas mot 10 à 20k€ plus cher.

En bref, s’il mériterait une ligne d’échappement un peu plus vivante, le Nissan 370Z est un régal pour les yeux et un délice pour le conducteur. J’en veux encore.