Essai – Ford Puma ST

Ford Puma. Je ne sais pas vous, mais du haut de la quarantaine qui approche à grands pas, ces deux mots éveillent de moites souvenirs adolescents. Non. Pas ceux-là. Les autres. Ford Puma, c’était ce petit coupé très sympathique de l’époque du design New Edge de Ford. Oui, oui, on parle de la toute fin des années 90 et du début des 2000, période pendant laquelle le constructeur à l’ovale a écoulé quasiment 130k de cette petite chose légère et peu puissante. Sympathique, je vous dis.

C’est en 2002 que l’aventure s’arrête et en 2019 qu’elle redémarre avec une auto qui à la fois ressemble et ne ressemble pas du tout à ce qui provoquait de l’émoi chez moi et toute une frange des amateurs automobiles de l’époque pré-citée. Le Ford Puma ST, déclinaison énervée du dernier Ford Puma, n’a en effet plus grand chose à voir sur le papier avec son prédécesseur puisqu’il s’agit – ahhhhh, diantre – d’un SUV, le format à la mode.

Adieu, petit coupé un peu rondouillard, perché sur de trop petites roues et te donnant un air légèrement surélevé (même s’il a existé un concept ST160 et une Puma Racing fort agréables !). Aujourd’hui, c’est assumé et le Ford Puma ST adopte les codes modernes du petit SUV de segment B : de la hauteur, des galbes, un bon petit look, de la praticité et du baroud théorique. Reste à savoir s’il reste en lui un peu du petit coupé rigolard ou si c’est un simple exercice marketing consistant à réutiliser un nom qui traînait dans les archives.

A l’extérieur, il y a une forme de parenté avec le New Edge et la ligne générale de l’ancienne. C’est amusant, ce Ford Puma ST semble familier sans l’être pour autant. On dirait une Fiesta qui a vraiment (mais vraiment) abusé du dessert tout en faisant pas mal d’exercice. Aussi, il y a un coup de crayon assez dynamique qui rappelle le premier du nom. Perturbant. Je n’arrive pas vraiment à savoir si j’aime ou pas, la seule chose dont je suis certain, c’est que je suis fan de cette teinte verte !

La face avant, selon l’orientation, peut donc tout aussi bien ressembler à une grosse Fiesta ou à une grenouille passée aux rayons gamma, avec ce regard mêlant charisme et aspect globuleux. Le capot est bombé et bien dessiné, la calandre est béante et gourmande et semble vouloir manger le bitume. Sauf qu’elle est un peu trop haute, perchée sur des roues tout à fait séduisantes quant à elles ! Mélange des genres, en veux-tu, en voilà !

Le même constat prévaut à l’arrière avec une ligne de toit bien tendue, accentuée par le spoiler d’un noir éclatant. Les hanches ont pris un peu de largeur et le spoiler se la joue sport avec une jolie double sortie d’échappement qui sonne juste. Le « PUMA » claqué en noir et le bombé du coffre ne rappellent en rien la drôle de poupe de l’aïeul. Le nouveau Ford Puma ST se la joue donc sport, fait un peu le lien avec le passé mais s’en passe aussi gaiment, se reposant sur les blasons « ST » qui ont depuis fait la réputation de l’ovale sur le segment des véhicules taquins.

Il est temps de cesser d’être taquin, justement. Ford a fait un choix. L’adolescent en moi couine comme le puceau qu’il était devant un tel abandon. L’adulte un tant soit peu pragmatique (je fais mes lessives, mes courses, je bosse dans l’industrie auto, ce genre de choses) comprend ce choix et s’il y a forcément un bout du premier qui couine encore, le second attend surtout de voir si ses homologues ont bien bossé, quitte à s’approprier un nom.

Avant cela, petite pause dans l’habitacle du Ford Puma ST qui diffère légèrement de celui de la Fiesta ST. On y retrouve bien évidemment d’excellents baquets Recaro qui, comme sur les Focus et Fiesta, n’ont plus le mauvais goût d’être trop serrés même pour des gens « fins ». Leur maintien est donc excellent, mais certaines personnes de bonne corpulence pourraient encore s’y sentir à l’étroit. Ils sont pour ce qui me concerne confortables, avec deux grands trajets autoroutiers qui n’ont pas généré de mauvaises surprises au niveau de mon dos.

Le reste de l’habitacle est bien fini pour le niveau de prix demandé, avec un équipement plutôt pléthorique mais aussi et surtout la toute dernière version de Sync, dont ne bénéficie justement pas la Fiesta. Le Puma ST a le droit à cette belle mise à jour qui passe les compteurs au tout numérique. J’aurais par conséquent apprécié des différences largement plus notables pour ce qui est des modes Sport et Track, très comparables à tous les autres. Dommage.

J’aurais également apprécié la disparition de la prise 12V au profit d’une prise USB-C, que l’on retrouve quant à elle dans le vide-poches central. Un classique USB-A reste bien sûr disponible à deux pas d’un logement profond d’où le smarphone ne bougera plus (et tant mieux, on en reparlera !). Le levier de vitesse, enfin, tombe bien sous la main… mais sa tête a tendance à tourner sur son axe. Bon, les rapports ne changent pas de position, eux… mais méfiance.

Le confort apporté avec ces compteurs et leur personnalisation raisonnable par le conducteur reste appréciable. Ce qui l’est encore plus, c’est la « méga box » que l’on découvre sous le premier plancher plat du Puma ST ! Tous les Puma sont d’ailleurs équipés de la même fonction, à savoir un vaste espace pouvant supporter 70 kg, facilement accessible et remplissable avec ses bords droits et son fond plat. Parfait pour certains chargements, parfait également pour cacher certaines affaires quand on part en randonnée ou que sais-je.

En bref, le Puma ST est facile à vivre, confortable, bien équipé et raisonnablement technologique. Quelques petites attentions ici et là améliorent encore l’expérience et justifient son existence pour celles et ceux qui trouveraient la Fiesta ST trop petite mais ne souhaitent pas pour autant basculer sur une taille supérieure d’auto. En cela, le Puma ST me rappelle le Juke Nismo, mais mieux fait !

Allez, zou, voyons si l’ado en moi s’éclate au volant ! La motorisation est connue puisqu’il s’agit du très communicatif et bouillant trois cylindres 1.5 L qui équipe la réjouissante Ford Fiesta ST (que je réessaierais bien, tiens) : 200 ch à 6000 tr/min et la bagatelle de 320 Nm de 2500 à 3500 tr/min. L’auto est annoncée pas loin de 1400 kg en ordre de marche, mais clairement, c’est bien suffisant pour s’amuser. Le caractère du moteur n’a d’ailleurs pas changé, aussi ne reviendrai-je pas dessus : il a de la patate, il est rauque, il gronde fort, je l’aime vraiment beaucoup.

La boîte 6 qui l’équipe est toujours manuelle et agréable à manier, engageante et bien verrouillée. Son étagement n’est pas trop caricatural même si objectivement, comme sur toutes les autos modernes conçues pour respecter les émissions et cycles bien définis, vous ferez quasiment tout en 2 ou 3 à allure légale (et encore). Le résultat, d’ailleurs, c’est 9.1 L/100 sur mes 2040 km d’essai, convenable mais sans plus en considérant mon rythme et en comparant de la moyenne de l’essai de la Fiesta ST.

Côté direction et freinage, tout est en directe lignée de la Fiesta ST. Le Ford Puma ST hérite donc des qualités de la petite citadine bouillante pour se transformer en gros jouet pour routes des Pyrénées-Orientales ! La direction se veut plutôt précise et bien incisive, remontant assez bien les bons et mauvais messages en provenance du train avant. Le freinage quant à lui se montre endurant sur plusieurs segments dotés d’une excellente visibilité et abordés le couteau entre les dents. Rassurant et engageant. Le ramage sportif va bien avec le plumage, pour l’instant !

La liaison au sol se montre également satisfaisante avec une excellente motricité et un train arrière qui sait se montrer joueur au placement aux freins si on lui demande et qu’on le provoque gentiment. C’est sain, communicatif et facile à faire, totalement dans l’esprit de la Fiesta ST. Pour le moment, le Ford Puma ST répond vraiment point par point à toutes les critiques en se montrant parfaitement calibré sur les modes sportifs, tout en faisant montre d’une praticité à laquelle sa petite soeur ne saurait prétendre. Vraiment bluffant.

Le bât finit tout de même pas blesser un peu et cela se passe d’ailleurs du côté de votre dos, enfin, du mien. Est-ce l’âge et l’adolescence enfuie ? Le manque de badminton ces derniers mois peut-être ? Mon gravel a pourtant le don de bien me tasser le dos… Toujours est-il que le Puma ST doit bien gérer son centre de gravité un peu plus haut que la Fiesta ST et son embonpoint et cela se traduit pas une suspension particulièrement ferme.

Les défauts de la route, les compressions et autres deviennent assez rapidement cassantes, que ce soit à bas rythme – ce qui est habituel pour une sportive, ou à haut rythme – ce qui normalement a tendance à disparaître sur une suspension passive bien fichue. L’amortissement trop ferme consiste donc le seul et vrai défaut de ce Ford Puma ST dans sa quête de la solution à l’équation impossible : fournir un SUV compact et sportif aussi éclatant qu’une compacte.

Faut-il pour autant jeter le Ford Puma ST aux oubliettes de l’automobile ? Assurément pas. Il faudra pour les acquéreurs faire fi de cet amortissement pour bénéficier par ailleurs de la perle rare. Car oui, s’il y a bien eu fut un temps un Nissan Juke Nismo (et un RS), le Puma ST est aujourd’hui seul, terriblement seul et bien mieux fait sur ce segment bien particulier des petits SUV mignons et sportifs ! Il ne peut donc qu’être le roi mais il se doit malgré cela d’être salué pour le simple fait d’exister avec talent.

En effet, s’il n’était cette histoire de lombaires pour légèrement ternir le tableau global, ce dernier serait éclatant. Cela n’a pas la forme de la Fiesta ST mais c’est autrement plus pratique et cela en a largement la saveur. Vous savez, celle des petites routes qui se déroulent d’une bascule du volant à l’autre, avec le différentiel qui s’agrippe dans les virages pour faire oublier le centre de gravité, celle du sourire qui monte petit à petit en entendant les pétarades du trois-pattes…

Ford Performance a encore bien fait son coup. Pas le coup parfait, non, mais la boucle est bouclée. Les émois adolescents peuvent s’éteindre, il reste le marché de l’occasion pour les raviver si le besoin s’en faisait sentir. Pour celles et ceux ayant eu le malheur et passer du côté adulte de la vie, il y a désormais une drôle de petite machine qui cumule avec un certain bonheur pas mal de choses théoriquement incompatibles. Soit, je ne pensais pas écrire ça, mais soit.