Essai – Audi RS5 Sportback

De l’eau a coulé sous pas mal de ponts depuis mon dernier essai Audi Sport (a.k.a. RS), puisque j’ai posé mon séant dans la très désirable Audi RS4 Avant il y a maintenant deux ans ! Je titrais à l’époque « break furieux et amusant », franchement étonné par les progrès renouvelés de la marque sur le plan du dynamisme et de l’effacement du sous-virage endémique, sans pour autant renier le côté catapulte quattro qui est la signature de la division sportive de la marque aux anneaux.

La gamme A4/A5 est entretemps arrivée à mi-vie et il était donc temps pour elle de se renouveler afin de faire face aux nouveautés ou aux mises à jour des concurrentes premium allemandes, mais aussi de passer par la nécessaire case WLTP qui refaçonne le paysage automobile depuis quelques années maintenant. Le résultat est l’objet de cet essai, mêlant Audi Sport et mise à jour de gamme, avec une silhouette jamais essayée jusqu’à alors : l’Audi RS5 Sportback.

Prenez une Audi RS4 Avant, une RS5 Coupé et mélangez un peu le tout pour obtenir l’appellation Sportback que l’on retrouve chez les A3 ou A7. Voici RS5 Sportback, un grand coupé à cinq portes ; sensiblement plus habitable que son cousin à trois portes mais autrement plus racé qu’un break, aussi sexy (et historique) soit-il à mes yeux ! Si vous rajoutez une toute nouvelle couleur « bleu turbo », impossible de rester insensible…

A l’extérieur, la face avant évolue très sensiblement. La calandre est encore un peu plus béante qu’auparavant tandis que le regard s’affine un peu et passe au laser, une lumière bleutée se joignant aux reflets de la robe de l’auto. Le capot reprend les petites encoches vues sur la grande soeur à V10 tandis que le pare choc s’élance un peu, s’échancrant entre la petite lame carbone centrale et les écopes latérales, du même matériau.

Mon modèle d’essai était richement doté, vous l’aurez compris. Carbone partout… et contrepoints en noir brillant là où l’ajout du noble matériau n’est pas faisable. Le tout coûte quasiment 6500 € mais a un impact visuel notable et agréable. Quand on a les moyens d’acheter un RS5, il serait dommage de se priver de ces beaux inserts joliment placés, du classique rétroviseur à l’impressionnant contour d’échappement ou à la petite lame de coffre qui remplace désormais le pesant et souvent inutile aileron mobile, sans oublier les lames latérales.

D’autres cases avaient été cochées sur la liste d’options de ma version, avec pour commencer de superbes roues 20″ aluminium du même noir brillant et surtout un petit « pack » à 370€, à savoir le passage des anneaux et des monogrammes RS5 au noir également brillant. C’est… surprenant au premier abord. Pas l’habitude. Et puis on s’y fait et c’est même agréable à la fin avec un contraste bleu/noir bien marqué. Le photographe n’est pas toujours content mais le look est bien là ! Bien mieux qu’un banal RS5 gris ou noir.

A l’intérieur, la mise à jour est tout aussi notable ! Si dans mes souvenirs, l’Audi RS4 Avant était très bien finie, elle avait pris un gros coup de vieux avec mon essai de l’A7 et l’avènement des nouveaux systèmes d’info-divertissement de la marque. Il paraissait donc évident de conserver le premier point tout en renouvelant assez drastiquement le second.

C’est chose faite avec « ma » (mon ?) RS5 Sportback, certes doté du pack design RS (1800€) renforçant l’esprit sportif de l’habitacle. La qualité de finition est tout simplement à couper le souffle, avec des sièges superbes, un volant à méplat qui crie « agrippe moi ! » dès qu’on le regarde, des cuirs moelleux et du carbone là où il en faut. Les commandes et boutons n’ont que peu évolué mais était-ce vraiment nécessaire ?

Le changement le plus notable est l’abandon de la mollette centrale, tactile et actionnable. Elle est remplacée par un écran dernier cri, celui équipant la partie haute du système A7. Réactivité parfaite, définition de premier plan, Apple CarPlay en plein écran, simplification des menus, rien à redire. Il en va de même avec le Virtual Cockpit, certes acclamé, mais qui se simplifie lui aussi, en oubliant au passage une bonne intégration avec CarPlay ; dommage.

Un certain nombre de touches et boutons disparaissent donc, au service d’une certaine simplification qui me plaît bien. Le bouton Drive Select est toujours présent au centre de l’auto, mais il est rejoint au volant par une touche RS cliquable, permettant de passer entre les modes RS1 et RS2 complètement configurables et le mode Auto. Pourquoi ne pas avoir mis le Drive Select juste en dessous ? Mystère.

Le dernier point tient de l’anecdote mais il montre l’écoute de la marque… Les palettes de la boîte de vitesse ne sont plus de vulgaires touches de plastique ! Elles sont désormais chromées, en métal et ajourées. L’effet visuel est immédiat et la perception qualité est améliorée. EN-FIN. Sur une auto à 97k€ en base (134k€ sur le modèle essayé), c’est une évidence. Bête, certes ; mais une évidence.

(et on n’oubliera pas le coffre gargantuesque de l’Audi RS5 Sportback… même en voyageant à quatre, il y a de quoi faire et les adultes à l’arrière seront par ailleurs vraiment bien logés – à deux c’est royal avec un vélo et plein de sacs, testé et approuvé dans les deux cas !)

Vous l’aurez compris, voici un facelift plutôt notable tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, Audi ayant je trouve fait l’effort de bien réaligner la gamme A4/A5 sur les tous derniers modèles sortis et surtout de simplifier notablement et utilement ce qui faisait référence mais n’était peut-être pas si utile et nécessaire que ça. Voici peut-être une inspiration pour les collègues étoilés !

Quid désormais de la partie dynamique puisqu’on parle ici d’une Audi RS5 Sportback ? Une fois encore, mon auto était joliment dotée avec le pack Dynamique RS qui mériterait d’être de série. Facturé 7200€, il permet de bénéficier de la direction adaptative, du différentiel quattro Sport et de la suspension adaptative RS. Sur une auto crachant toujours 450 ch (WLTP est passé par là avec son filtre… conserver les 450 est déjà une sacrée réalisation), ça me semble être « la base ».

Plus discutable, l’auto bénéficiait – vous l’aurez peut-être remarqué sur la photo de la roue ci-dessus – de l’option carbone-céramique pour la partie avant du système de freinage. La chose coûte 7800€ et est souvent critiquée sur d’autres modèles pour son manque d’efficacité ou de progressivité à froid et température moyenne, avant d’être diabolique à chaud… à voir !

Le V6 2.9L biturbo s’ébroue calmement au démarrage, grommelant et jappant un brin, presque timidement. Un filtre à particules est venu se coller à son échappement, pourtant doté d’une option Sport (1500€) que je recommande fortement, lui coupant tout de même un peu les cordes vocales. La sonorité est assez étouffée et les pétarades et ronflements sauvages déjà bien calmés ces derniers temps sont désormais proscrits.

Il reste un moteur somme toute communicatif avec un retour dans l’habitacle suffisant, à défaut d’être prenant même quand le mode le plus extrême (marquant ? sic) est enclenché. La sonorité est typique d’un moulin turbocompressé mais reste au global flatteuse, d’autant plus que les performances sont très largement là, les 600 Nm de couple garantissant des relances de fusée !

La consommation y est aussi… avec quelques 14.5 L/100 engloutis sur mes 506 km d’essai. Il faut aussi dire que ce moteur, véritable élastique de couple et de puissance toujours disponibles, aspire à s’exprimer à la moindre éclaircie. Difficile, pour ne pas dire impossible, de l’ignorer et de lui refuser le plaisir de se dégourdir les cylindres.

Ajoutons à cela le fait que le RS5 Sportback, au même titre que le RS4 Avant essayé il y a deux ans, est loin d’être une grosse feignante quand ça tourne… La direction et le train avant du dernier m’avaient franchement impressionné et j’ai retrouvé dans le RS5 Sportback ce caractère très volontaire et incisif du train avant ; avec un gros zeste de ressenti en sus. Silhouette ou facelift ?

J’ai eu l’impression que Audi Sport avait encore amélioré le ressenti que l’on a de l’équilibre de l’auto, pourtant loin d’être un poids plume. Le sous-virage reste le comportement à la limite mais il faut toujours conduire assez salement pour y arriver et on bénéficie donc d’un RS5 gourmand en cordes et ne rechignant pas à y aller !

Le V8, regretté certes, remplacé par un V6 plus léger et un réel travail sur les trains roulants et la direction continuent de porter leurs fruits et font du RS5 Sportback une « vraie » sportive de ce point de vue. Je ne m’attendais pas à autant ressentir ce qu’il se passait sur le train avant, même si le RS4 avait planté quelques banderilles mais certains essais 2020 (Supra…) m’avaient largement calmé pour ce qui est des autos « lourdes ». C’est une confirmation de la bonne direction prise par la gamme Audi Sport depuis quelques années.

Il n’y pas grand chose à redire du côté du moteur qui conserve donc son côté « élastique toujours tendu » rendant possible sans aucune difficulté une multiplication par deux de la vitesse réelle par rapport à celle autorisée. Il faut bien garder cela à l’esprit car ce moteur est taillé pour les autoroutes allemandes ou les très grandes courbes à haute vitesse et peut vous propulser à 160 ou 200 en un éternuement de pied !

La boîte égraine sans sourciller, persistant en revanche à refuser certains rétrogradages un peu musclés. Pas dramatique mais j’attends un peu plus de liberté de ce côté-ci, le reste de l’auto étant clairement typée sportif. S’agissant de sportivité, l’amortissement est excellent sur le RS5 Sportback car les trois modes, oscillant entre « Confort », « Equilibré » et « Sport » sont parfaitement calibrés.

Chacun porte bien son nom et se montre agréable à vivre, le confort préservant le séant des occupants avec une filtration seulement troublée par les grandes roues ; tandis que le mode « Equilibré » est parfait sur routes bosselées à allure dynamique sans devenir cassant (mode RS1…) et que le mode Sport s’aborde avec le couteau entre les dents (mode RS2 !). Du bel ouvrage.

Reste donc la question du freinage car pour le reste, c’est assez globalement un sans faute, ce d’autant plus que l’auto se place aux freins et que l’on sent parfaitement le couple se transférer de l’avant à l’arrière pour faire pivoter l’auto à l’accélérateur ! Les remises de gaz peuvent être généreuses, le quattro faisant son travail tandis que les gommes souffrent un brin.

L’avantage de ce châssis finement réglé, c’est que la limite entre la surcharge pneumatique (ça crisse) et les transmissions de couples d’un train et d’une roue à l’autre sont bien servis par le ressenti dans les reins et les bras. J’avais déjà eu ce sentiment sur le RS4 Avant (est-ce que je me répète ? OUI), c’est encore un peu plus sensible ici et je ne m’attendais pas à ce qu’Audi continue de faire aussi bien (et mieux).

Mais bref : le freinage. Le carbone céramique s’avère assez peu déroutant à froid, offrant une consistance de pédale « normale » et freinant convenablement, même si je me suis retrouvé à quelques occasions à en remettre du côté du genou… Rien de dramatique, juste un peu de calibration.

En revanche, quand la température augmente et qu’on prend justement le temps de bien chauffer le système, cela devient assez diabolique. La masse de l’auto semble par moments effacée face au mordant des pinces avant, même si la pédale s’allonge progressivement. Combinez cela à l’ensemble châssis/direction et vous obtenez un niveau de confiance assez dantesque dans les capacités de l’auto.

L’Audi RS5 Sportback confirme donc tout le bien que j’avais ressenti lors de mon essai de son cousin destiné à transporter des armoires normandes. Le facelift retaille son museau à une sauce un soupçon plus agressive tandis que la robe et les options choisies sur mon modèle d’essai en font une auto clairement remarquée et remarquable.

Surtout, Audi Sport a réussi à maintenir un niveau de confort ou de performance de tout premier ordre sur son coupé familial extrême (le RS7 Sportback étant encore dans un autre monde) ; ce malgré les contraintes toujours plus lourdes pour ce qui est de l’homologation de ce genre de bestioles. L’exercice d’amélioration se doit d’être salué, surtout qu’il ne sacrifie en rien à l’esprit de plus en plus « connecté » des modèles Audi Sport à leurs conducteurs.

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