Une balade d’amour et de mort – Photographie préraphaélite au musée d’Orsay

Il paraît que je vis avec un modèle préraphaélite. Enfin c’est ce qu’on lui a dit. Du coup j’ai compulsé l’ami Google et je n’étais pas trop d’accord. Toujours est-il qu’internet, ça ne remplace pas vraiment l’observation de tableaux et de photographies appartenant à ce courant préraphaélite créé en Grande-Bretagne à la moitié du XIXème siècle.

Alors je me suis rendu au musée d’Orsay pour y contempler tous ces tableaux, tous ces visages, toutes ces photographies et j’ai cherché à comprendre. Du côté des peintures, de Millais, de Rossetti et de Madox, nul signe de mon modèle à moi, mais en revanche des peintures splendides, emplies de détails précis, aux couleurs vives. Et puis, juste à côté de tel ou tel tableau, son équivalent photographique. Il faut que cette dernière discipline se développe fortement dans les sociétés photographiques anglaises et que les peintres préraphaélites sont souvent amenés à travailler avec lesdits photographes. En ressort une sorte d’émulation qui a fait la prolixité de ce courant et son excellence.

John Ruskin Fribourg, 1859 Crayon, encre, aquarelle et gouache sur papier, 22,5 x 28,7 cm Londres, The British Museum © The Trustees of The British Museum. All rights reserved.Frederick Crawley, sous la direction de John Ruskin Fribourg, Suisse, Rue de la Palme et Pont de Berne, vers 1854 ou 1856 Daguerréotype, 11,5 x 15,1 cm Angleterre, Courtesy K. & J. Jacobson © Droits réservés

Roger Fenton Bolton Abbey, fenêtre ouest, 1854 Épreuve sur papier albuminé, 25,1 x 34,5 cm Bradford, National Media Museum © National Media Museum, Bradford / Science & Society Picture LibraryJohn William Inchbold La Chapelle de Bolton Abbey, 1853 Huile sur toile, 50 x 68,4 cm Northampton, Museum and Art Gallery © Northampton, Museum and Art Gallery

Dans la peinture préraphaélite, sous l’impulsion de Ruskin notamment, tout n’est que profusion de détails et de finesse de peinture. La photographie se développe aussi dans la même veine et les améliorations constantes, notamment au travers des négatifs au collodion. Les paysages deviennent soignés, les portraits aussi. On notera d’ailleurs dans l’exposition quelques photographies de Lewis Carroll, assez perturbant pour qui vient de finir les Leçons du monde fluctuant !

James Sinclair 14eme Earl of Caithness Avenue à Weston, Warwickshire, années 1860 Épreuve sur papier albuminé, 23 x 18,3 cm New York, Courtesy George Eastman House Rochester © Courtesy of George Eastman House, International Museum of Photography and FilmJulia Margaret Cameron Le tournesol, 1866-1870 Épreuve sur papier albuminé, 35,2 x 24,3 cm Washington, National Gallery of Art, Fond Paul Mellon © National Gallery of Art, WashingtonCharles Lutwidge Dodgson (Lewis Caroll) Amy Hughes, 1863 Épreuve sur papier albuminé, 12,5 x 9,8 cm Austin, The University of Texas, Harry Ransom Center, Gernsheim Collection © Droits réservés

Toutefois, au final, il s’agit d’une exposition magnifique qui retrace de bout en bout le courant préraphaélite et les interactions entre ses différentes pratiques, littéraire, picturale et photographique. En revanche, je n’ai toujours pas compris le pourquoi du comment je vivrais avec un modèle préraphaélite. Non non non. Mais allez voir l’exposition d’ici au 29 mai, si vous avez une idée, je suis preneur.