Il y a quelques semaines, je suis allé découvrir les fameux Monologues du Vagin de Eve Ensler, donnés au Théâtre Michel et interprétés par Nicole Croisille, Valérie Mairesse et Alexandra Kazan. Je n’y étais pas seul puisque trois de mes collègues choupi étaient de la partie, bien décidés à se payer une belle tranche de rire.
Clairement, nous avons été servis en émotion. Installés au second rang avec personne devant nous, nous avions donc les trois actrices à notre portée, nous pouvions tout voir, tout entendre : les émotions, les expressions, les envolées en lisant le texte mais aussi leurs petits clins d’oeil de l’une à l’autre et la passation de « pouvoir » au fil des textes.
Nicole Croisille était la plus à l’aise au début de la pièce : voix chaude et un peu rauque, intonations parfaites et une vraie présence sur scène bien qu’elle soit tout simplement assise sur un tabouret haut. Alexandra Kazan s’est ensuite révélée lors d’un texte : que d’émotion dans sa voix, que de beauté dans cette femme et surtout une vraie grâce, une vraie délicatesse. Valérie Mairesse est quant à elle montée en puissance tout du long de la pièce : un peu en retrait au début malgré quelques petites pointes d’humour et une voix flutée qui séduit avant de partir dans des envolées lyriques vers la fin du spectacle.
Des actrices au diapason, excellentes, voilà une bien bonne chose. Mais quid du texte ? Il est splendide, il vous retourne, il vous fait rire voire exploser de rire. Pas moins de 5 fou rires à mon actif ! Et presque autant de crises de larmes tant ces dames ont réussi à alterner rire, délicatesse du propos et extrême violence : excision, monologue d’une femme bosniaque violée pendant la guerre des Balkans. Ces textes sont autant d’assommoirs qui vous tombent sur le coin du crâne au détour d’un rire incontrôlé et incontrôlable.
Mais à peine le temps de se recueillir, de digérer les terribles paroles, les chiffres qui font mal que ces trois dames enchaînent, gémissent, nous parlent des petits noms du vagin, nous parlent de son éveil malgré un traumatisme, évoquent l’homosexualité, parlent de ceux qui aiment les regarder pendant des heures, assassinent les gynécologues et leurs becs de canard gelés et ainsi de suite.
Du rire au larmes, du début à la fin. Un vrai plaisir et une sortie de là complètement épuisé et repu. A faire absolument si ce n’est déjà fait pour vous : pour en apprendre un peu plus sur les vagins, pour pleurer un peu et rire beaucoup. Un vrai délice que ces textes, parfaitement servi par des actrices complètement impliquées et vivant leur texte.