Cantal – randonnée royale des Puy de Peyre-Arse, Puy Mary et Puy Griou

C’était paraît-il une randonnée « royale » au coeur du volcan du Cantal… c’est en tout cas ce qui était écrit dans le guide Rother sur l’Auvergne. Les rédacteurs la présentent comme LE chemin de randonnée ultime dans la région, arpentant un beau morceau du GR400 et affrontant quelques-uns des plus hauts et beaux sommets des restes du stratovolcan.

Et alors ? Alors c’est vrai.

Voiture garée au col de Font de Cère, à quelques kilomètres à peine du coeur de la station du Lioran, on attaque la randonnée par une montée douce à travers pistes de skis et bois, avec à main droite le Font d’Alagnon et les crêtes arpentées le jour précédent, le Téton de Vénus et le Bec de l’Aigle se détachant nettement.

Arrivé à un col, il est temps de souffler un peu car entre la montée et la vue, il y a quoi s’effondrer là, ébahi par la beauté de la vallée de la Jordanne qui s’étale, large, évasée et verdoyante, à mes pieds. A gauche, il y a le Puy Griou et l’Elancèze, au centre la belle vallée et derrière et à droite de nouveaux sommets et une gigantesque arête qui les relie.

Pour le moment, je prends à droite, le long du GR400 qui me dirige vers le col de Cabre. C’est cette petite selle entre deux puys qui ferme la vallée de la Jordanne de sa voisine et c’est aussi là que le randonneur se voit offrir deux choix : continuer sur le GR400 avec une montée progressive jusqu’à la crête de Roland… ou bien grimper un peu plus (180m D+ en sus) vers le Puy de Peyre-Arse !

Je choisis la seconde option et m’attaque à une pente bien raide mais pas trop longue qui permet de rapidement gagner en hauteur et donc en panorama. Il n’y a par ailleurs tout bonnement personne sur le Puy de Peyre-Arse, l’essentiel des marcheurs restant sur le GR. Là-haut, on est pour ainsi dire au centre du volcan, avec une vue parfaitement dégagée sur le grand puy Griou, le Plomb du Cantal, l’Elancèze, le Puy Mary et tous les autres !

C’est à la fois bien et dommage que ce puy ne soit pas sur le GR. Je pense qu’on y a une des plus belles vues de la région, très centrale, dominant plusieurs vallées… et le plus grand nombre mériterait de voir cela. Mais l’avantage, c’est qu’on y est pour ainsi dire seul.

A partir du Puy de Peyre-Arse, on suit un chemin d’arête descendant doucement et sûrement vers la jonction avec le GR400. On retrouve alors un peu plus de monde et un chemin nettement plus entretenu, mais aussi endommagé. La végétation et le sol des puys est fragile et se creuse rapidement sous l’action combinée des randonneurs et des précipitations.

Les équipes en charge des sentiers font bien sûr leur maximum pour que cela dure mais quand je vois nombre de gens prendre des raccourcis, marcher sur le côté des sentes ou franchir tranquillement des zones indiquées comme étant au repos / en protection, je me dis que ça ne va pas durer éternellement.

Il n’y a en plus pas de nécessité à s’éloigner très loin car les vues offertes par les petits pics, arêtes ou selles sur le chemin sont largement suffisantes ! La vallée de la Jordanne s’étale à main gauche tandis qu’à droite, c’est le Puy Mary et sa chaîne que l’on découvre plus largement, avec sa route d’accès si séduisante.

On arrive alors à une brèche notable dans la crête, c’est le Pas de Rolland. Très courte descente escarpée et remontée tout aussi sèche en petite crapahute / escalade. C’est l’occasion de voir que de nombreux touristes se baladent sur les GR sans chaussures appropriées… et se mettent en danger ici en toute quiétude, manquant aussi d’entraîner avec eux d’autres personnes fort marries.

Il ne reste alors plus long à parcourir pour arriver au pied du Puy Mary, l’un des symboles du Cantal. Il y a deux voies d’accès, l’une depuis le parking du Pas de Peyrol, l’autre depuis l’est et le Pas de Rolland. Autrement dit : il y a foule au sommet ! L’ascension depuis le parking se fait en une trentaine de minutes de rocaille pas évidente, mais qu’importe, sneakers et tatanes arrivent à monter.

Je ne m’attarde pas trop au sommet, pestant un peu contre les nuées de mouches, moucherons et autres insectes qui pullulent sur les faces nord des puys (attention à ne pas pester la bouche ouverte) ! Sachez le en tout cas, au printemps, ça grouille. C’est un peu ennuyeux mais à dire vrai, c’est aussi rassurant de voir autant de bestioles quand on ne voit plus d’insectes ailleurs.

Descente, en faisant attention à ne pas marcher sur les zones au repos ou sur le chemin en reconstruction de sol… car s’il est bien un endroit qui souffre, c’est le Puy Mary. Forcément. Je reprends mon chemin de crête, je franchis de nouveau le Pas de Rolland et rejoint la bifurcation précédente entre le GR et l’accès au Peyre-Arse. Cette fois-ci, je prends à droite, descendant doucement le GR qui épouse le fond de vallée de la Jordanne en contrebas du sommet rocailleux du Puy de Peyre-Arse.

Le retour est assez rapide à dire vrai car on a déjà bien vu le paysage et si la lumière a quelque peu changé, l’objectif est désormais de rejoindre le col de Cabre, puis notre première bifurcation. Décision ? Allez, on continue, direction le Puy Griou, même si les nuages ont l’air un peu décidés à nous gâcher la fête. On verra sur place, il y aura peut-être une trouée !

L’ascension du Puy Griou est brutale, 160m avalés en très peu de distance, dans une pierraille instable et avec des sentiers peu tracés, sans grande végétation non plus. Il faut rester concentré pour grimper (et descendre) en sécurité et je conseille là-aussi d’être bien équipé pour faire la chose.

La récompense au sommet, alors qu’on en est maintenant à un bon 1000m D+ et pas loin de 20km de marche, est superbe, d’autant plus que la trouée est au rendez-vous ! Nouvelle vue sur la Jordanne, différente, mais aussi sur la vallée de la Cère et le voisin le Plomb. Vraiment parfait pour clôturer la journée de randonnée (royale).

Le retour se fait à bon rythme, l’esprit léger, rassasié par ces kilomètres en longitudinal et en vertical, gavé de paysages superbes tout au long d’une journée décidément bien royale. Le guide ne mentait pas, mais il n’avait pas parlé de cet âne adorable que l’on a croisé et de ces grandes bêtes à cornes qui nous ont croisé, montant en alpage avec leur taureau (quelle bête !)…

Du bonheur à tous les étages donc avec pour clore le tout un petit verre au buron du Col de Font de Cère. Accueil adorable, bonne bière, terrasse au soleil… Idéal pour finir la journée avant de filer me balader les chevaux au vent dans la vallée !