Taïwan – temples et fleuve à Taipei

Je me réveille un dimanche matin à Taipei. Après la journée passée à arpenter les quartiers moins historiques de la ville et leurs curiosités architecturales, j’ai décidé cette fois-ci de me consacrer aux temples et rues historiques.

De bon matin (enfin, pas trop tôt quand même, c’est le weekend), je file donc vers une première escale au nord de mon hébergement : le temple de Confucius. Les rues sont vides mais le temple de Confucius bruit quant à lui d’une certaine agitation. Erigé en 1920, il n’est pas bien vieux mais présente de superbes décorations. Une belle introduction à ce qui va suivre.

Je file donc vers le temple voisin, celui de Bao’an. Ce lieu de culte datant du XVIIIème siècle est extrêmement couru le dimanche matin, quand les habitants de Taipei viennent s’y recueillir, y participer à des cérémonies ou encore peindre.

Le lieu est donc à la fois populaire et spirituel, empreint d’un calme qui bouillonne de vie et d’agitation silencieuse. La révérence et le respect sont de mises, la discrétion aussi, autant que faire se peut. Car le touriste que je suis vient ici pour admirer les restaurations saluées par l’Unesco autant que pour observer et se gorger d’étrange et de différence. Discrètement.

Depuis le temple de Bao’an, j’ai ensuite entamé une belle descente du Nord au Sud de Taipei, m’engageant dans Dihua Street. Cette rue commerçante, peut-être la plus historique et authentique de Taipei, longe le fleuve à distance respectable et est longée par un innombrable défilé d’anciennes demeures nobles.

A la fois baroque et coloniale, d’inspiration clairement japonaise (n’oublions pas qui a géré Taïwan pendant un bon moment), toutes ces maisons s’égrènent le long de la route, joliment restaurées ou entretenues, abritant tantôt de jolis cafés ou des échoppes traditionnelles. C’est un peu bling par endroits, très populaires plus au nord, bordélique au sud mais c’est un vrai régal d’un bout à l’autre.

Je bifurque alors vers le fleuve, à l’ouest. J’ai envie d’en descendre le cours pour voir s’il est intéressant de s’y promener. Le soleil se décide à percer au même moment, alors que je n’ai pas ma crème solaire… Je finis avec le parapluie au dessus de la tête afin de me protéger de ses rayons brûlants !

J’aurais à dire vrai mieux fait de prendre un vélo en location car la balade, si elle est sympathique par endroits, n’est pas très intéressante. Le bord du fleuve est vraiment conçu comme une grande piste cyclable, la ville étant protégé des crues par un grand mur qui l’isole, tandis que les autoroutes et rocades ont poussé un peu partout. En somme : allez-y, foncez d’un quartier à l’autre, loin de la circulation trépidante du coeur de ville, mais à vélo !

Me voici au niveau des quartiers de Ximending et Wanhua pour la suite des découvertes historiques. La première étape est encore un temple, celui de Longshan. Fondé lui-aussi au XVIIIème siècle, c’est l’un des plus grands lieux de culte de Taipei et cela se voit ici aussi, comme à Bao’an ! Les habitants de Taipei sont nombreux à passer en ce dimanche midi pour prier et faire leurs offrandes. Ici aussi, discrétion et silence.

Juste à côté du temple, on découvre un autre quartier historique de Taipei, curieusement sanctuarisé et préservé au milieu des constructions plus ou moins modernes. Comme le Village 44, le petit quartier de Bopiliao est l’une des plus anciennes rues de Taipei, datant des Qing et de l’ère japonaise. Quelques galeries, des maisons bien préservées, intéressant.

Le temple de Qingshan, du XIXème siècle, est ma prochaine étape, plus au nord. Enclavé entre des maisons, il est compact, dense, très richement décoré et enfumé par l’encens. Calme, aussi… et dans un quartier verdoyant. Adorable.

Je poursuis ensuite ma route vers l’ouest et le retour vers le centre de la ville. Sur le chemin, je tombe sur la Red House du quartier de Ximending. Construit en 1908, il abritait le premier marché public de la ville et est toujours entouré par de nombreux échoppes vendant des produits d’artisans de l’île. Quelques bars et lieux pour se restaurer tout autour, dans une ambiance clairement gay friendly qui fait plaisir à voir.

Juste à côté de là ? Le Zhongshan Hall ! Ce grand bâtiment fut construit en 1936 pour célébrer l’accession au trône de l’empereur Hirohito. Il servit au final à la reddition japonaise de 1945… et aussi à tous les discours de Tchang Kaï-chek. Un endroit chargé d’histoire, en réfaction lors de ma visite.

Après toutes ces pierres, après tous ces temples et seulement un peu d’eau au milieu, j’avais bien besoin de verdure pour achever mon weekend à Taipei. Après avoir croisé le palais présidentiel, direction le jardin botanique fondé en 1921 par les japonais, un havre de paix et de calme de 8 ha en plein coeur de la ville. Quelques bâtiments historiques pour couronner le tout… avant de filer récupérer les collègues à l’aéroport !

Je ne savais pas donc pas quoi attendre de Taipei et ma foi, la ville ne m’a définitivement pas déçu ! Si je vous ai avant tout montré quelques images des choses à voir, je passe ici tout à fait à côté d’un autre pan de la ville, à savoir ses habitants et leur mode de vie, leurs restaurants et lieux de sortie. Taipei se découvre aussi le soir, quand l’appareil photo est rangé et qu’on dîne dans un petit coin tranquille avec tous les locaux, jovials et curieux, attentionnés.

Je pense l’avoir déjà dit dans mon article précédent mais Taïwan et Taipei m’ont séduit, le temps de ces deux petites journées sur place. Les paysages aperçus lors de ma visite fournisseur ont achevé de me convaincre et le guide touristique acheté depuis a terminé le travail. Il y a matière à émerveillement, randonnée et plaisirs gastronomiques partout dans l’île ! Cela sent le voyage de deux ou trois semaines dans les prochaines années.


C’est terminé ? Pas vraiment ! Le dernier jour, alors que Notre-Dame se révélait brutalement dénuée de sa toiture au petit-déjeuner (quel choc de voir ça, si loin d’elle, si loin de ma ville…), j’ai eu la chance d’avoir quelques heures de trop et d’attente. Alors quitte à profiter au maximum de l’opportunité, j’ai filé au National Palace Museum.

Le musée national est réputé pour être l’une des plus belles collections d’art chinois au monde, en compagnie des musées de Shanghai ou Beijing. La plupart des collections viennent d’ailleurs la Cité Interdite, ayant voyagé et survécu pendant les longues années de guerre entre le parti communiste et le KMT, avant de s’établir ici en 1965.

Les collections sont effectivement incroyables et attirent des foules innombrables. Il faut s’armer de patience face aux hordes de chinois venus du « continent » pour voir leurs trésors. Ils y reviendront peut-être un jour, en échange de la la reconnaissance de l’indépendance de Taïwan. Pas demain la veille, à priori…

Bref : un petit florilège de photos, ne rendant pas hommage à la beauté du lieu. Ne manquez surtout pas la visite, c’est d’une beauté sans nom, ces cinq millénaires d’histoire que l’on contemple.