Sri Lanka – les ruines de Polonnaruwa

Après la visite de Mihintale, j’ai défié les conseils de nombreux guides, blogs et autres disant qu’il ne faut pas prendre le bus au Sri Lanka, que c’est dangereux, qu’il y a de nombreux accidents et ainsi de suite : j’ai pris le bus.

Durant ces trois semaines de voyage, je n’ai d’ailleurs emprunté que le bus et le train ! Quelques tuk tuk et une fois une voiture quand un chauffeur nous a gentiment ramenés à Ella alors que nous attendions le bus du retour. Soyons clairs : je me suis senti en moins bonne sécurité dans les voitures et tuk tuk que dans le bus. Les bus roulent assurément assez vite et la conduite, sportive, peut surprendre. En revanche, les bus sont globalement en très bon état sur les grandes lignes, réguliers et très peu chers. Les chauffeurs ne font que conduire : pas de vente de billets, pas de cigarettes, pas de téléphone. Ils conduisent, sont concentrés, point barre. Oui, sur certains trajets, je me suis dit que ça allait un peu vite mais ce qui m’a marqué à chaque fois, c’est la concentration permanente des conducteurs.

Dans le même temps, j’ai croisé beaucoup de voitures avec chauffeurs dont les passagers n’étaient pas attachés, aussi des tuk tuk chargés de touristes pour de grandes distances… Je ne vais pas vous faire un cours de mécanique mais en cas de choc entre un bus et une voiture, c’est le bus qui gagne. Ne parlons pas du tuk tuk. Finalement, le seul danger quand on est dans un bus au Sri Lanka, c’est la panne mécanique ou un choc bus / bus. Les chauffeurs de bus étant très attentifs, je n’ai jamais vu de possibilité pour que cela arrive. Le bus est roi sur les routes du Sri Lanka. C’est la loi du plus gros, du plus fort. Donc oui, je préfère être dans le plus gros, le plus fort. Qui plus est, c’est l’occasion de voyager avec la population du pays, d’échanger mots et sourires, de découvrir certaines us et coutumes.

Bref : prenez le bus au Sri Lanka. Oubliez vos réflexes de conduite occidentale, observez les conducteurs et choisissez simplement les bus de compagnies privées ou publiques qui sont en excellent état. Vous verrez qu’ils sont légion et que la probabilité d’avoir un accident n’est sûrement pas bien plus élevée que de se faire écraser en tuk tuk ou de se prendre un bus en choc frontal dans une voiture ! Dans tous les cas, sur ce trajet, ouvrez les yeux, vous pourriez comme moi apercevoir un éléphant en train de paître tranquillement !

Polonnaruwa, donc, après… 2 heures et demi de bus si je me souviens bien ! Le bus dépose les visiteurs à l’envi, le plus simple pour moi étant le plein centre, à deux pas de l’entrée des ruines de l’ancienne capitale du pays. Mon hôte viendra aimablement nous y récupérer pour nous emmener chez lui, à quelques encâblures et là et également à deux pas de l’une des sorties du site. Parfait pour la visite du lendemain. C’est l’occasion d’ailleurs de découvrir le beau canal qui ceinture une partie des ruines et rythme la vie locale, entre baignades et ablutions, le matin comme le soir. L’endroit, entouré de rizières d’un côté et de forêt de l’autre, est apaisant.

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Le lendemain matin donc, enfourchement de vélo, comme à Anuradhapura. C’est le moyen idéal de visiter les lieux, en remontant d’abord le canal puis en allant prendre ses tickets à l’entrée principale. La majeure partie du site s’étend pourtant à quelques centaines de mètres de là, après avoir remonté un bout de route un peu dangereux en vélo puis en pénétrant dans le site par le portail situé face au gigantesque lac Bendiwewa.

Le plus simple en arrivant sur site est de partir tout de suite à droite, en direction du sud, vers la citadelle. Il y a ici quelques bâtiments remarquables mais pour le reste, cela se passera ensuite au nord. Je découvre donc en premier lieu l’ancienne salle du parlement et un des bains royaux, en contrebas. Les sculptures sont remarquablement préservées, splendides et variées. Le lieu est imposant et surtout, cela change des « simples » stupas du site de Anuradhapura. On a ici un peu plus l’impression d’une concentration de bâtiments avec plus de bâtiments encore debout. C’est sûrement aussi lié au caractère plus récent de la cité, siège du pouvoir entre les onzième et treizième siècles ap. J-C.

Il y a aussi les restes du Palais Royal. Deux étages seulement subsistent et il faut imaginer qu’il en comptait sept ! Quel lieu cela devait être !

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Je repars vers le Nord, m’arrêtant rapidement devant un temple consacré à Shiva, démonté pierre à pierre et remonté de même afin de vérifier la présence de trésors ou cachettes ensevelies. A noter : l’arrière cour du temple aux symboles mêlant organes sexuels masculins et féminins.

J’arrive enfin au premier lieu « clé » de l’antique cité de Polonnaruwa. Au même titre que Anuradhapura, la ville a accueilli pendant plusieurs siècles la relique de Bouddha, sa Dent. Il y a donc une esplanade de la Dent, avec son ensemble de temples tous plus incroyables les uns que les autres ! Pierres de lunes splendides, pierres de gardiens, ancien temple de la Dent et fresques délicates, sans oublier une table écrite et un ancien temple supposé marchant aux influences cambodgiennes. Un assemblage quadrangulaire splendide et sacré dans lequel on vogue pieds nus, yeux émerveillés et appareil photo crépitant devant tant de merveilles.

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Devant tant de merveilles, on a presque envie de ne plus rien faire, de rester là à contempler. Il y a encore pourtant beaucoup à voir sur le site ! Ainsi, un stupa nommé Pabalu Vehera, suivi d’un autre, massif : Rankot Vehera ! Ce dernier marque l’arrivée dans la partie Nord du site, avec son hôpital bouddhiste et une autre part important de la cité.

Il s’agit d’un gigantesque bassin, d’un temple destiné à l’incinération (semblable à ceux vus à Bali par exemple), d’un joli stupa et surtout d’un temple bien particulier doté d’un Bouddha dressé imposant, nommé Lankatilaka. Une fois encore, magnifique, de bout en bout !

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La dernière merveille du site de Polonnaruwa, sûrement la plus émouvante aussi, celle qui m’a tiré quelques larmes d’émotion à dire vrai, est l’ensemble de bouddhas sculptés de Gal Vihara. Ces statues sont d’une beauté époustouflante, le drapé des vêtements et l’émotion des traits de Bouddha étant d’une maîtrise remarquable. Les sculpteurs ici n’ont rien à envier aux grands sculpteurs classiques que nous connaissons dans nos contrées. Endroit incroyable qui justifie à lui seul une visite à Polonnaruwa.

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On pourrait croire que la visite de Polonnaruwa s’arrête là mais il n’en est rien. Il faut absolument motiver ses jambes et son vélo pour absorber le faux plat sur un chemin non bitumé et partir toujours plus au nord, vers le bassin au lotus et le temple de Tivanka avec ses fresques sublimes retraçant la vie entière de Bouddha. Concernant les bassins en forme de Lotus, il en existe plusieurs sur le site, retrouvés pour certains, perdus pour la plupart. Quant à Tivanka, c’est une merveille pour le regard avec son Bouddha « sensuel », décalé des hanches dans une pose unique en son genre ou en tout cas bien rare !

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Fin de la visite pour cette fois. Je ressors au milieu du site, par l’une des sorties alternatives. Le garde comprend tant bien que mal que notre guest house n’est pas bien loin, d’où cette originalité de notre part ! Il faut croire qu’il n’ont pas l’habitude. Dans tous les cas, je vous conseille ce retour, même si vous habituez plus loin, cela vous fera longer le fameux canal sur le retour. De quoi varier les plaisirs !

J’espère en tout cas qu’à la vision de ces photos, vous aurez envie d’aller abreuver vos yeux à Polonnaruwa. Le site, un peu à l’écart du triangle traditionnel Anuradhapura – Sigirîya – Dambulla, est splendide de bout en bout, autrement plus émouvant que Anuradhapura bien que moins impressionnant que les stupas de cette première capitale. Les deux visites sont complémentaires, il serait dommage de s’en priver.

Prochaine étape, riche en émotions pour plein de raisons : Sigirîya.

Comment se rendre à Polonnaruwa ?

En bus ! Il faut 2h30 et quelques depuis Anuradhapura pour rejoindre directement le centre ville de Polonnaruwa. Je vous renvoie au premier paragraphe de cet article pour avoir mon point de vue sur le bus au Sri Lanka, à mes yeux bien moins dangereux qu’une voiture ou un tuk-tuk, autres moyens fréquemment utilisés par les touristes dans le pays.

Où dormir à Polonnaruwa ?

J’ai dormi les deux nuits chez Ruins Villa et c’était fantastique ! Petit-déjeuner parfait, dîner fabuleux (le 2nd meilleur rice&curry de ce voyage, tout simplement), hôte adorable, disponible, délicat, propre, proche de la sortie du site, au calme, que dire de plus ! Vraiment l’adresse où séjourner à Polonnaruwa.

Où manger et boire un verre à Polonnaruwa ?

Aucune idée ! J’ai mangé et bu dans ma guesthouse, un peu éloignée du centre ville certes mais parfaite de toute façon (bière bien fraîche et je le redis, le rice & curry était fou de goût et de fraîcheur !)

Combien de temps rester à Polonnaruwa ?

Il faut compter une grosse journée de visite, pas moins ! Plus me semble un peu superflu, à moins d’avoir une passion vraiment extrême pour les ruines et/ou beaucoup de temps devant soi.