Second jour. Le ciel au petit matin est tout brouillé, voilé, il y a quelque chose dans l’air qui n’est pas de la brume de mer. Le nom de ce phénomène météorologique, déjà expérimenté deux années auparavant à La Gomera, c’est la « calima ». Il s’agit ni plus ni moins d’un vent venu du sud et sud-est, poussant depuis le Sahara un grand paquet de poussière et de sable vers l’archipel des Canaries.
Autrement dit, pour cette journée et pour celles à venir, il faudra oublier les photos et les vues avec un ciel d’un bleu éclatant et une vue lointaine ! El Hierro sera forcément un peu floue, avec une drôle d’ambiance, des lumières tantôt claires, tantôt saturées par la diffraction de la lumière du soleil à travers les particules. Pas vraiment l’idéal pour photographier mais heureusement rien de gênant pour marcher !
Direction Valverde pour une première étape de balade et un passage par l’office du tourisme, afin de voir quels sentiers sont ouverts ou fermés et pour confirmer la faisabilité de certaines randonnées sur une seule et même journée. C’est l’occasion de voir la petite capitale de El Hierro, agréablement perché sur les hauteurs de l’ouest.
Quelques jolies rues plus ou moins pavées, une belle église, un bel hôtel de ville et quelques jolis panoramas aussi. Le coin est vraiment joli, tout comme la route qui file ensuite vers San Andres, en passant près d’un grand bassin d’eau douce, partiellement dessalé par les éoliennes en contrebas, quand il y a un surplus d’énergie. El Hierro, île écolo, au cas où vous en douteriez.
Je me retrouve ainsi garé dans la rue principale du petit village de San Andres. C’est parti pour une jolie randonnée en boucle, combinant certaines sections des randonnées n°8 et n°9 du Rother sur l’île (disponible en allemand seulement… Google Translate sera autant votre ami que le mien !).
Le côté « plateau » de El Hierro se remarque ici un peu moins que depuis l’avion. Les cônes volcaniques, gommés par l’altitude, sont ici autant de collines et petites montagnes, tandis que le sol à proprement parler semble avoir été froissé par des forces colossales. La lave affleure partout et la végétation est assez chiche.
En fait, El Hierro est tellement jeune qu’elle n’a pas encore vraiment constitué sa croûte, qui est donc poreuse et ne retient que très peu l’eau. Autant pour ma vision verdoyante de l’île ! Quelques grands arbres ont tout de même réussi à s’en sortir et il y a clairement des poches d’eau par endroit, favorisant la culture.
Passés les premiers cônes, spectaculaires, on débouche sur un second plateau où les ruines d’un village, La Albarrada, sont parfaitement visibles. Il s’agit d’un des plus anciens sites d’habitation de l’île et il s’en dégage un charme certain.
On grimpe ensuite le long d’une route qui devient piste en direction d’un autre site tout à fait unique de l’île : l’arbre Garoé. La visite n’est pas pour tout de suite puisque je décide de quitter le parcours n°9 au niveau de la bifurcation vers l’arbre pour viser le sommet du Ventejis.
Depuis ce joli sommet, les vues sont agréables, au moins autant que cet énorme troupeau de moutons et agneaux en pagaille traversé tant bien que mal en compagnie du berger et de son chien ! Paisible, tout comme la descente qui suit, le long du grand arc de la Montana de la Pelota, offrant de belles vues pleines de calima vers l’est !
On bifurque alors sèchement à gauche le long d’un chemin peu ou prou plan qui s’engage dans une belle forêt tortueuse qui n’est pas sans rappeler certaines déjà vues à La Gomera ou à La Palma. Cette forêt est simplement beaucoup plus jeune et fragile que sur les autres îles de part la nature des sols.
Après quelques pas supplémentaires, le chemin débouche de nouveau au milieu de paysages plus ouverts et également très colorés, avec beaucoup d’ocres et de rouge trahissant le caractère volcanique de l’île, si les cônes n’avaient pas suffi ! Il est alors temps de bifurquer à gauche vers l’arbre Garoé.
L’arbre Garoé, de quoi s’agit-il ? D’un fake, pardi ! Plus sérieusement, il s’agit d’un arbre planté en 1949 en remplacement d’un tilleul légendaire, déraciné en 1610 et ayant fourni pendant des siècles des milliers de litres d’eau à celles et ceux venant lui rendre hommage.
L’arbre n’est donc encore guère impressionnant, mais le site vaut le détour et a un charme et une âme bien particulières. Le passé est présent, tangible. De nombreuses cavités creusées par érosion ou par la main de l’homme continuent d’accumuler l’eau déposée en rosée sur les feuilles environnantes et ainsi volée aux alizés.
Il règne un joli silence aussi, seulement troublé de temps à autre par un rapace en survol. Les vues depuis ce recoin d’un flanc de montagne, abrité du soleil, sont belles et paisibles, au sud comme à l’ouest. On s’imagine ici volontiers berger menant son troupeau paître dans les champs alentours et boire au pied de ce symbole renouvelé.
Le chemin redescend ensuite tranquillement vers le point de départ, filant entre agaves et eucalyptus vers le village de Las Montanetas. Ce n’est toutefois pas terminé puisqu’il est hors de question de suivre la route principale remontant vers San Andres.
On s’enfonce tant bien que mal entre les murs parsemant le plateau et délimitant de nombreuses parcelles plus ou moins exploitées, car j’ai décidé de prendre le chemin de variante de la n°9. Le chemin, pour ainsi dire non balisé à l’exception de quelques traces ici et là, demande un peu de sens de l’orientation pour récupérer les anciennes voies qui sinuent entre les parcelles !
Je trouve enfin mon chemin, tant bien que mal, évitant qui une vache, mangeant un fenouil sauvage là, retrouvant au bout d’un moment le grand sentier « circulaire » et bien balisé du PR EL 8. Il revient alors tranquillement vers San Andres.
Après la randonnée, la baignade ? C’est ça, vous commencez à bien me connaître. Je ne souhaite pas retenter ma chance sur les piscines du jour précédent car l’ombre sera de nouveau présente et j’ai quand même bien envie de soleil pour finir la journée !
Il y a ce soir aussi deux candidates. La première ne sera pas la bonne… c’est une habitude ! Elle est pourtant superbe, cette Charco Azul, avec un petit bassin quasiment à sec et une seconde grande bassine lovée sous une arche / grotte et protégée par une belle roche photogénique à souhait… Mais non, envie de plus de soleil, on garde celle-ci en plan de secours.
Non, l’heureuse élue, celle qui accueillera d’ailleurs quasiment toutes nos baignades à suivre sur El Hierro, c’est le bassin de La Maceta. Jugez plutôt.
La carte de cette journée de randonnée :
Où boire un verre après la randonnée à El Hierro ?
J’ai bu un coup juste à côté de la piscine de La Maceta. Hors saison, il y avait encore une petite cahute un peu à l’est de la piscine, juste avant que la route ne se transforme en piste. Bière fraîche, café pas mal, tarifs ultra doux et accueil… sans plus. Mais bon, le grand bar au dessus de la piscine était fermé.