Darwinia… il y a comme un parfum d’exotisme absolu dans ce titre, surtout quand on connaît l’auteur, capable de nous plonger très facilement dans un univers ! La dernière fois, c’était pour Blind Lake et l’observation à distance de formes de vie extraterrestres intelligentes, cette fois-ci c’est pour ce qui paraît être une uchronie au premier abord. Oui, au premier abord.
Mars 1912, l’Europe et une partie de l’Angleterre disparaissent subitement, remplacées par un continent à la faune et à la flore non terrestres que l’on ne tarde pas à nommer la Darwinie. Pour le jeune Guilford Law, cette tragédie n’a rien d’un miracle ou d’une punition divine ; plutôt une énigme que la science pourra un jour résoudre. Fort de cette certitude, il va tout sacrifier pour faire partie de la première grande expédition d’exploration destinée à s’enfoncer au cœur du continent inconnu ; une expédition qui, de mort violente en mort violente, le mènera plus loin qu’il ne pouvait l’imaginer…
Il y a beaucoup d’Edgar Rice Burroughs et d’Arthur Conan Doyle dans la première partie de ce roman : la découverte de l’inconnu, une jungle foisonnante, des créatures étranges et l’exploration au premier plan… Et puis tout bascule, peu à peu, des implications géopolitiques font leur entrée sur scène au travers du récit croisé que nous impose l’auteur : d’un côté on suit la progression de l’expédition, de l’autre celui de la femme de Law restée dans la nouvelle Londres et enfin celui de deux « possédés par les dieux » sis aux USA qui vont donc nous apporter la vision du monde de ce côté de l’Atlantique.
Voyage, découverte et géopolitique. Il y a déjà largement de quoi faire avec ces quelques thèmes mais ce n’est pas suffisant pour Robert Charles Wilson qui, auteur de SF avant tout, vient donc rajouter une couche de lecture et fait évoluer son roman page par page, partie par partie en y intégrant un zeste de foi, un zeste de métaphysique et enfin une bon gros quartier de hard-science !
De 1912 à 1965, l’auteur nous entraîne dans le parcours hors-normes de Guilford Law dont je ne peux vous dire la nature sans vous révéler l’ensemble de l’intrigue de ce livre qui se lit d’une traite ou presque. C’est parfaitement écrit, parfaitement rythmé et tous les éléments s’assemblent peu à peu en une fresque finalement cohérente et perturbante de par les notions qu’elle aborde.
Et si, finalement, nous étions d’ores et déjà dans les Archives ?
Bref. Lisez, c’est du tout bon.