Un jour de mauvais temps à Larrau, l’idée nous est venue d’aller jeter un œil à un coin encore plus reculé, coincé dans une autre vallée accessible autrefois (il y bien peu de temps en réalité !) par une route unique ! Ladite route existe encore et continue sur un col mais malgré cette « ouverture », en arrivant dans la vallée de Sainte-Engrâce, on sait désormais mettre un image sur le mot isolement. La vallée est de toute beauté et les menus villages s’enchaînent sur les versants, chaque ferme étant visible l’une de l’autre afin d’assurer la sécurité et la transmission des messages d’alerte. On débouche finalement au cœur de la vallée, à Sainte-Engrâce. Sa fameuse église romane du XIème siècle trône en son centre, cernée par les monts environnants. Lumières incroyables et ambiance de bout du monde.
On fait demi-tour, l’esprit un peu ailleurs. Direction la Vallée d’Aspe. On quitte par conséquent le pays Basque pour rejoindre le Béarn ! Depuis Tardets, on rejoint ainsi Aramits, puis Arette et Lourdios-Ichère avant, enfin de retomber dans vallée du côté de Sarrance. Il faisait beau, il fait désormais très moche et la vue est bouchée. On a perdu une dizaine de degrés et on flirte donc avec la limite de l’adhérence mais qu’importe, on s’enfonce plus avant vers l’Espagne, guère lointaine.
On fait bien puisque le ciel se lève au fil des kilomètres parcourus dans la vallée. Première escale à Osse-en-Aspe, petit village accroché à flanc de falaise. Les ruelles et maisons sont parfaitement entretenues, l’ours s’affiche par endroits et on est désormais sûrs et certains d’avoir changé de coin ! L’architecture n’est plus la même, les accents perçus ici et là non plus, les couleurs ont changé également. C’est beau, différemment, mais c’est beau !
On continue un peu plus loin. Lescun. Son cirque. Sa route incroyable qui grimpe, grimpe, grimpe, avant d’atteindre ce qui, comme Sainte-Engrâce, est un incroyable bout du monde ! Il fait froid, il n’y a pas grand monde, on a envie de se blottir dans un fauteuil, un plaid sur soi jusqu’au menton, un feu de cheminée et la baie vitrée qui donne sur ça :
Toujours plus bas dans la vallée se trouve le fort du Portalet. C’est lui qui servit de défense au col du Somport et accueillit pendant un temps les prisonniers du régime de Vichy, avant de recevoir – ironie du sort – le maréchal Pétain lui-même ! Si le fort n’était pas ouvert au moment de ma visite, il n’en demeurait pas moins visible du chemin de la Mâture, une randonnée géniale à flanc de falaise, taillée par l’homme il y a quelques siècles. Ce chemin servait en réalité à la descente des mats que les béarnais allaient tailler dans les hauteurs, là où les arbres poussent droit et haut. La balade peut s’avérer éprouvante pour qui souffre de vertige, elle est impressionnante pour tous et on peine à imaginer tous travailleurs qui descendaient, les troncs sur les épaules. A faire absolument, même si je ne garantis rien pour la partie la plus haute, ayant du faire demi-tour à un moment !
Ultime étape avant de retourner dans nos pénates basques : le passage de la frontière espagnole ! Pour acheter du tabac ou autre ? Que nenni. Simplement pour voir la gare quasiment abandonnée de Canfranc, l’une des plus grandes gares de la région avant qu’un déraillement de train en 1970 détruise un pont du côté de Lescun et condamne peu à peu les liaisons restantes. Fait amusant, la convention franco-espagnole qui régissait le trafic entre les deux pays via cette gare est toujours en vigueur, quand bien même plus aucun train ne circule sous le tunnel du Somport…
Deux belles escales que Sainte-Engrâce et la vallée d’Aspe, cette dernière m’ayant fortement donné envie de découvrir le reste du Béarn ! Entre Pays Basque et Béarn, il faudra bien choisir lors de prochaines vacances.