Il y a quasiment un mois, j’ai repris le volant des délicieuses Caterham le temps d’un weekend exceptionnel. Le but était de nous faire redécouvrir la marque Uniroyal (groupe Continental) qui, laissée un peu de côté d’un point de vue communication, n’a pas pour autant cessé d’exister et a continué de produire ce pour quoi elle est (re)connue : les pneus pluie. D’ailleurs, la star du weekend, c’est le RainSport 2, dernier né et haut de gamme de la marque, un savant mélange de technologie sportive et de performance sur terrain mouillé avec ses sculptures en V fortement reconnaissables.
Réveil matinal, Charles de Gaulle et les retrouvailles avec quelques têtes connues, d’autres non. C’est ensuite l’aéroport de Milan qui nous accueille sous ses ors quelques peu déplumés et une petite heure de bus. L’ambiance est studieuse, chacun fait connaissance, blogueurs et gagnants d’un concours organisé par la marque, on s’apprivoise tandis que les montagnes grandissent à l’horizon. Côme pointe le bout de son nez, le soleil aussi. C’est râpé pour essayer le pneu pluie sous la pluie mais en revanche, ce sera parfait pour vérifier que ce RainSport 2 supporte bien les Caterham. Je vous l’ai déjà expliqué, avec ces voitures il n’y a que deux fusibles : le conducteur et le pneu !
Les voitures nous attendent sagement devant la Villa Geno et sa vue fabuleuse sur la ville, le lac, le jet d’eau et les montagnes environnantes. Quelques sourires, un mot de bienvenue et la première balade nous tend les bras. Le briefing est simple : se faire plaisir, ne pas casser les voitures, suivre le parcours et profiter. Ce qui fait donc doublon avec la première consigne mais il faut bien avouer que le plaisir est le maître mot de ce weekend exceptionnel.
Les virages s’enchaînent, il y pas mal de circulation sur ces routes sinueuses et étroites mais c’est l’occasion d’admirer un paysage à couper le souffle sur la gauche. Les noms de villages se succèdent, Blevio, Torno, Riva, Bellagio enfin. Ahhh, Bellagio. Entre temps, nous avons fait un petit stop chez Eugenio Molinari, un grand monsieur du sport nautique ! Imaginez un vieil homme, une voix inimitable, un accent à couper au couteau, une « gueule ». Il nous sert le café, tranquillement, on à peine à croire que ça fait 50 ans qu’il défie la mort sur ses bolides, de la F1 des mers (250 km/h sur l’eau !) à son dernier bébé propulsé par un V8 de Ferrari F430, records mondiaux par dizaines à la clé. Sacré bonhomme, sacré musée aussi avec tous ces vieux coucous endormis, il y a un drôle d’esprit qui rôde ici, des odeurs de moteur, celle de la passion immuable d’un homme aussi.
On reprend la route pour une ultime étape, flat-out, la route est libre, la voiture vire, vire, vire et dérive un peu aussi du train arrière ! Un petit stop sur un port, sa vieille église et un coucher de soleil aux couleurs fantastiques. C’est ensuite le bateau qui nous attend, puis la Villa Stupenda pour notre première nuit et enfin un doux restaurant planqué dans la vieille ville de Varenna (dont je n’ai plus le nom ! tristesse !).
Le lendemain matin, bien que nuageuse, la vue fait naître des sourires ! Le vent souffle un peu plus fort, je me mets en route avec un café dans le ventre. Casque. Gants. Echarpe. Démarrage. Je retrouve « ma » petite Caterham R300 Cup, reconnaissable à ses pièces en carbone, ses ressorts jaunes, son arceau et enfin son absence de pare-brise. Et un échappement quasiment libre. Chaque bout droit, chaque tunnel est un prétexte à une accélération pied au plancher. Seconde, rupteur, troisième, quatrième, on va s’arrêter là… Quel bonheur de sentir les murs résonner autour de soi, de voir les sourires des mômes et des adultes dans les villages traversés, de croiser des motards qui tendent le pouce. Ces voitures sont des aimants à passionnés, des révélateurs de passion bien planquée parfois comme ces vieux messieurs dignes qui viennent prendre des infos à chacun de nos arrêts.
La journée nous emmène au nord du lac pour une boucle de grande taille nous ramenant en face de Ravenna, à Tremezzo, en passant par la montagne bordant le lac de Lugano. On est toujours bien dans les voitures, les sensations sont exceptionnelles, que l’on roule à 20 ou à 120 km/h ! Pas de frayeurs non plus, même quand on rentre un peu plus vite dans les virages sans sortir du raisonnable car on est sur route ouverte, route étroite qui plus est !
La pause déjeuner se passe à Menaggio, un déjeuner gargantuesque, les voitures alignées au millimètre sur la vieille place du village ouverte pour l’occasion. Les petits monstres badgés Uniroyal attirent les passants, génèrent des questions. Et la vue sur le lac est là pour nous rappeler s’il en était besoin où nous sommes ! Sacrés veinards les locaux…
Sur la route des montagnes, on croise des voitures de rallye, tiens donc. Quelques unes cassées aussi. Voilà qui calme les ardeurs de tout le monde ! La vue est une fois de plus fabuleuse, c’est trop ! On enchaîne toujours les virages, les virages, les virages ! Et les pneus tiennent toujours, pas d’alerte, une petite roue bloquée sur un gros freinage par ma faute mais le grip est là.
Pause en altitude, on redescend sur Tremezzo… La fatigue de la journée commence à se faire sentir car même si l’on est bien installés dans les Caterham et qu’on ne sent que très peu les imperfections de la route, le contact de l’air vif et la rudesse de la conduite abîment les corps !
C’est le Grand Hôtel Tremezzo qui nous accueille pour la nuit, un établissement centenaire, un de ces vieux endroits intemporels au charme intemporel et au luxe à la fois présent et délicat qui font le lac de Côme. Un Riva dort sagement au bord de la piscine sur le lac, la bâtisse nous domine, les voitures filent se mettre au chaud et nous allons quant à nous nous délasser au spa. Un régal et un repos inespéré avant une soirée terminée bien tard !
Dernière journée, réveil un peu difficile compensé par une vue démente depuis ma fenêtre, nouvelles sensations à bord de la Cup, toujours la tête dans le casque, lunettes de soleil, gants et le pied lourd. Le retour à Côme se fait en douceur, on dépose les voitures qui retournent tristement (j’avoue que c’est en fait moi qui suis triste) dans leurs camions, il est l’heure de tirer un bilan de ce weekend unique.
La région : vous l’avez vue et je crois que ça se passe de commentaires. La voiture : je vous en ai déjà longuement parlé la dernière fois et vous savez ce qu’elle vaut (surtout avec cette version Cup encore plus affûtée ! c’est encore mieux !). Les lieux de villégiature : parfaits, simplement parfaits, je prends les adresses pour un futur voyage en amoureux. L’équipe Uniroyal : que ce soient nos hôtes, les autres invités ou bien toute l’équipe technique, c’était un plaisir de discuter avec eux, d’échanger, de rire, un vrai bon moment humain. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autant éclaté sur un évènement de ce type. Enfin, le pneu ? Il ne nous aura pas été donné l’occasion de le tester sous la pluie et je n’arrive pas à le regretter totalement car les Caterham sur le mouillé, sur route ouverte, ma foi ça n’aurait pas été évident ! En revanche, sur le sec, ce pneu a montré qu’il savait contenir une Caterham au freinage, à l’accélération, en virage. J’ai retrouvé de très bonnes sensations, dignes d’un pneu sportif, comme ses grands frères de la gamme ContiSportContact finalement mais avec une polyvalence pluie connue et reconnue.
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Le retour fut rude, nous étions tous fourbus par tant d’émotions, tant de vent passé dans les cheveux et tant de sensations ressenties au volant de ces petites usines à adrénaline et endorphine. Quand est-ce qu’on repart ?