Essai – Volkswagen Golf R DSG7

Mon dernier essai de la Golf R remontait à 2015, sur la base de la septième génération de Golf. Depuis, la voiture a bénéficié d’un facelift / repoudrage à mi-vie et je n’avais pas encore pris le temps d’y poser mon séant. Un petit weekend sur les chemins du Nord fut l’occasion de remédier à ce manque afin de voir, à quelques encâblures seulement de sa fin de vie (fin 2019 ?), où se situe la Golf R dans le paysage des compactes sportives et plus généralement sur le segment puisque quelques prétendantes, 308 en tête, sont venues la taquiner ces dernières années.

Extérieurement, les modifications de 2017 sont très discrètes, avec un travail au minimum sur le bouclier avant et le regard, sans oublier un petit coup de crayon sur les ailes également. Ma configuration d’essai était en tout cas un bon mélange entre sportivité et discrétion, grâce à cette robe blanche nacrée très élégante. Les éléments de sportivité tels que les inserts en noir du bouclier, le blason R ou encore les grandes roues diamantées, sans oublier la quadruple sortie d’échappement et le bas de caisse surligné en noir, passent « presque » inaperçus mais tout cela ne trompe personne : c’est une Golf R et quiconque s’y connaît un brin la reconnaîtra sans hésiter une seconde !

C’est là toute la force de ce modèle, d’une discrétion réelle au milieu de la circulation, surtout si l’on adopte les modes les plus coulés et donc les plus silencieux disponibles. Une Golf, qu’elle soit R ou non, se doit de se fondre dans la masse automobile, à la fois reconnaissable en tant qu’emblème et référence mais aussi sans ostentation. Bon, en bleu, ce serait sûrement un brin différent mais en blanc nacré / noir, c’est plutôt efficace pour avoir le bon équilibre visibilité / discrétion. Un bon déguisement, en somme, pour cacher la cavalerie qui trésaille sous la robe et piaffe parfois d’impatience.

C’est en réalité dans l’habitacle qu’il y a le plus de changements et le moins que l’on puisse dire, c’est que la Golf R s’est remise à un sacré niveau afin de répondre à l’offensive française de la Peugeot 308. La sensation de qualité perçue a sensiblement augmenté, avec des assemblages irréprochables et des plastiques de belle facture. Seules les commandes manuelles des sièges sont un peu décevantes, sièges qui par ailleurs sont superbes avec le textile fibré qui les entoure et qui offrent un bon maintien par ailleurs. Qualité, sérieux, praticité et maîtrise. Du Volkswagen dans le texte, histoire de répondre avec sérieux à l’excellent habitacle Peugeot, si l’on excepte le vide-poches central, un brin daté bien que pratique.

Côté volant, pas grand chose à signaler si ce n’est une jolie texture du moyeu central entourant le sigle VW et des boutons maîtrisés en terme de toucher et d’ergonomie. Non, ce qu’il faut signaler, c’est l’adoption d’un Virtual Cockpit maison, dérivé bien sûr de ce qu’on a vu chez les cousins premium de Audi. Cette adoption permet à la Golf R de distancer sans équivoque le reste de la concurrence tant ce système est pour moi la référence absolue en terme de praticité et d’ergonomie.

L’écran central a lui aussi bénéficié d’une belle évolution avec un grand écran 12 pouces très réactif et doté d’une excellente résolution. Son ergonomie est globalement irréprochable, avec par ailleurs l’adoption de CarPlay/AndroidAuto, malheureusement pas très bien renvoyé vers l’écran du Virtual Cockpit (voir photo ci-dessus à droite). On n’oubliera bien sûr pas les différents modes de conduite, dont un personnalisable très pratique, la charge à induction Qi ou encore le joli levier de la boîte DSG adoptant lui aussi ce tissu façon fibre, trop long en revanche (à quoi bon, surtout qu’en manuel, il est dans le « mauvais » sens, à savoir rapport supérieur en poussant… anti sportif !).

En somme, si la finition n’est bien sûr pas au niveau d’une Mercedes-Benz Classe A ou d’une Audi A3, elle est en revanche de nouveau largement au niveau des meilleurs du segment. Surtout, d’un point de vue technologie, Volkswagen répond avec beaucoup de sérieux pour faire la Golf R (ou pas R) un modèle de ce point de vue, permettant à l’auto d’envisager depuis 2017 une fin de carrière plutôt tranquille de ce point de vue ! Difficile de ne pas saluer cette excellente interface qui rend l’utilisation quotidienne vraiment agréable. Là-aussi donc, la Golf R se veut être la voiture à tout faire…

L’adoption de la boîte DSG7 va également dans ce sens au moment où l’on appuie sur le bouton Start/Stop de l’auto pour faire vrombir le 2.0 TSI développant 310 chevaux (en attendant une baisse à 300 ch liée au cycle WLTP, que personne ne percevra à mon humble avis). Autant la DSG6 essayée en 2015 m’avait frustré pour pas mal de raisons, rapidité, réactivité, étagement, autant cette nouvelle version à 7 rapports est digne de cette auto et est bien son temps. Sa douceur dans les modes automatiques est réelle et elle travaille sans cesse pour adopter le meilleur rapport, sans que les changements soient réellement perceptibles.

Sa réaction au kick-down pourrait en revanche être un peu meilleure, il faut être en mode Race pour qu’elle adopte une célérité satisfaisante de ce point de vue, comprenant ensuite bien quand augmenter et quand calmer le jeu. En Manuel, c’est du sans faute puisque désormais, elle ne refuse pas de tomber les rapports au contraire de la DSG6 qui se protégeait sans cesse ; elle sait aussi « claquer » juste ce qu’il faut à la montée dès que le rythme augmente. Bonne à tout faire.

Le moteur est une belle force de la nature. Les performances annoncées, comme le 0-100 en moins de 5 secondes, parlent d’elles-mêmes et il faut bien reconnaître une sacrée allonge à ce bloc qui m’a aussi agréablement surpris côté conso avec 9.2 L/100 sur mes 655 km d’essai. Raisonnable. Il faut aussi dire qu’il développe quelque chose comme 400 Nm dès 2000 tr/min, tandis que la puissance maximale est atteinte à un peu plus de 5000 tr/min. Inutile donc d’aller chercher le haut des tours : il ne s’y passe globalement plus grand chose.

C’est là que la Golf R atteint un peu les limites de l’exercice sportif pour ce qui est de l’engagement du conducteur : on est bien là avec un moteur turbocompressé destiné à être agréablement rempli un peu partout, surtout pas pointu et surtout pas trop démonstratif. C’est efficace, c’est effectivement sacrément rempli et les mises en vitesse sont copieuses mais il ne se dégage toujours pas beaucoup d’émotion de cette exercice. Les anglais ont ce mot, « sleeper », pour une voiture très discrète mais très performante… la Golf R est décidément de celles-là.

Côté bande son, il faut signaler le mode Race qui ouvre là-aussi copieusement les écoutilles et pétarade juste ce qu’il faut au relâcher de la pédale des gaz. Surtout, il claque, voire éructe, à la montée des rapports ! Il y a là de quoi faire fuir tout le gibier d’une forêt ou bien réveiller quelques villages alentours. Plutôt… addictif. Et réussi. Une belle dose de caractère en sus, pour compenser la linéarité et l’efficacité du moulin.

Pour ce qui est du freinage, il faut signaler que mon auto avait subi un peu de circuit avant mon essai mais je n’ai pas été surpris dans le mauvais sens. Les décélérations étaient satisfaisantes pour une utilisation routière, même énervée. Le toucher de pédale manquait en revanche d’une once de feeling mais on mettre donc ça sur les plaquettes et le liquide sûrement un rien fatigués. A confirmer sur une auto en pleine forme.

Il faut pour finir parler de la connexion à la route et de ce point de vue, la Golf R alterne entre l’excellence et le perfectible. La suspension mérite à mon sens le premier qualificatif tant elle gomme à merveille les imperfections en mode normal et sait ensuite trouver le bon équilibre en mode Race sur des routes bosselées. La suspension pilotée de la Golf R est pour ce qui me concerne bien calibrée, offrant ce qu’il faut de rigidité et de connexion à la route, tout en maintenant la caisse à un bon niveau de confort. Je n’avais pas été aussi impressionné lors de mon précédent essai, cela m’a cette fois-ci vraiment marqué.

Pour ce qui est de la direction en revanche, ce n’est pas aussi évident et il n’est pas toujours évident de sentir ce qu’il se passe au niveau du train avant. Le 4MOTION n’aide bien sûr pas vraiment mais surtout, c’est la consistance artificielle de l’assistance en mode Race, qui colle et raidit au possible, qui ne me va pas. C’est trop, il aurait fallu quelque chose d’intermédiaire entre l’inutile mode Normal et le Confort, sur-assisté, peut-être un mode Sport…

En somme, cette Golf R revue et corrigée en 2017 conserve une part des défauts qui en 2015, m’avaient déjà fait un brin ronchonner. Si je repense à mon essai de la GTI Clubsport, si communicative, je me dis qu’il est vraiment dommage que la Golf R ne bénéficie pas du même niveau d’engagement du conducteur. Tout est un peu trop filtré en terme de sensations, alors que les performances sont indubitablement là, avec un efficacité indéniable et de sacrées vitesses possibles à son volant et que l’arrière arrive même à se montre un rien mobile !

Le maître mot reste donc « sleeper », en compagnie de l’homogénéité générale, qui font de cette VW Golf R un compagnon de route de tous les jours quasiment idéal. Si elle a bien cette capacité à avoir plusieurs visages en fonction du mode de conduite engagée, il lui manque encore et toujours cette petite folie, cette connexion au conducteur, un caractère véritablement ludique pour en faire une référence absolue et une légende. Nous verrons bien si la huitième génération corrige ce dernier défaut.