Essai – Opel Insignia Grand Sport 165 Elite

Après 9 ans de bons et loyaux service, la précédente Opel Insignia s’en est allée. Cet ancien modèle, à peine plus jeune que ce blog, je ne l’ai finalement jamais essayé, par manque de temps, d’attrait, d’envie. Il faut dire que sa ligne n’était pas transcendante et que face à ses concurrentes premium allemandes, elle semblait un peu à la peine, comme toutes les autres du segment d’ailleurs, françaises, italiennes et autres.

La nouvelle Insignia s’appelle désormais Grand Sport, un nom un brin à rallonge à rapprocher des récentes codifications Cross et Land, parfois avec un X, de la marque. Ce n’est pas vraiment évident en terme de dénomination si vous voulez mon avis mais toujours est-il que le profil de cette nouvelle venue m’a interpellé, en compagnie bien sûr du récent rachat par le Groupe PSA de la marque.

Là où auparavant, mon intérêt pour le modèle était tout à fait inexistant, je me suis retrouvé curieux et enthousiaste à l’idée de poser mon séant dans cette auto qui préfigure un certain avenir de la marque et qui pourrait par ailleurs fournir certains de ses organes et technologies aux futurs modèle du groupe désormais franco-allemand.

Extérieurement, les évolutions sont sensibles et la ligne générale tend vers un grand coupé plutôt que vers une berline tricorps. Le hayon y est évidemment pour beaucoup et j’apprécie vraiment ce type de lignes, plus fuselées et dynamiques. Malgré son gabarit somme toute imposant, 4m90, la ligne générale est réussie et ne manque pas d’allure.

Le petit becquet trônant sur ce qui serait la malle sur une autre auto a sa contrepartie en dessous du patronyme, Insignia, dénué de Grand Sport d’ailleurs, qui ne figure nulle part. Le bouclier arrière en X au niveau des formes ne montre aucune sortie d’échappement, voilà une sorte de retenue bienvenue pour une version de « seulement » 165 chevaux quand d’autres auraient d’ores et déjà sortie la double canule.

Derniers points, bien pensés : le troisième feu joliment intégré en haut de la vitre du hayon et le petite retour chromé de la vitre de custode, derrière les portières passager. Voici un joli effet de style à ajouter au coup de crayon général, décidément réussi.

Les flancs ne sont pas en reste avec une belle mise en forme de la portière arrière et un bas de flancs creusé pour affiner la silhouette. Les roues à 5 branches doubles sont réussies, tandis que les rétroviseurs font dans le classique et les poignées de même, avec élégance.

Jusqu’à présent, c’est globalement un sans faute pour ce qui est de l’élégance et d’une certaine forme de dynamisme, rappelant pour beaucoup une A5 Sportback ou un Grand Coupé BMW. La face avant n’est pas en reste avec une calandre finement dessinée et un capot à la nervure centrale tout à fait séduisant. Le regard, à la signature visuelle surlignant de deux traits les blocs optique, est également élégant.

Décidément, cette Opel Insignia Grand Sport confirme extérieurement tout le bien que je pensais d’elle. L’élégance est présente dans l’ensemble de ses traits et le tout ne manque pas d’allure. L’extravagance n’est pas son fort mais l’ennui non plus, elle est à la croisée des chemins d’une Talisman sur-dessinée et d’une classique premium allemande, c’est ce qu’on appelle un bel exercice de style.

A l’intérieur, le sérieux est de mise, largement à la hauteur des 35k€ demandés, joliment positionnés sur le segment ! Les matériaux sont convaincants à défaut d’être premium pour ce qui est de certains plastiques, les assemblages sont bons et surtout, l’ergonomie est globalement bien pensée.

L’équipement, quant à lui, est pléthorique. Si mon modèle d’essai a eu son système de détection de panneaux et de régulation adaptative en défaut tout le weekend, cela ne m’a pas empêché d’apprécier le reste des bons points du contenu technologique de l’Insignia GS : affichage tête haute bien fait, sièges chauffants, ventilés, réglables en maintien latéral et massants, beau cuir perforé sur les assises, ergonomie convaincante des commandes au volant, feux LED adaptatifs très bien fichus, charge par induction dans le rangement central, compatibilité CarPlay et AndroidAuto, caméra 360° et système très complet à défaut d’être tout à fait intuitif: tout y est ou presque.

Sur cette gamme de prix, la prouesse est réelle et les fonctions sont abouties, rendant l’Insignia extrêmement pratique et sérieuse à l’usage. C’est le bon mot, une fois encore : le sérieux. L’Opel Insignia est convaincante, à l’extérieur comme à l’intérieur, à défaut d’être bandante ou enthousiasmante. C’est une parfaite routière qui saura vous faire faire 1300 km sans une once de fatigue et à un tarif plus que séduisant.

Un bémol ? Les logements / vide poches du tunnel central sont très (très) profonds et ne permettent pas de positionner convenablement un smartphone en position verticale ou centrale pour y afficher, par exemple, Waze ou Coyote… C’est, en l’absence de développement concret des applications compatibles CarPlay, un réel ennui pour le conducteur régulier ne souhaitant pas perdre bêtement un point ici ou là.

Pour le moment, il faut bien l’avouer, je suis très largement convaincu par cette nouvelle Opel Insignia qui, si elle n’éveille pas chez moi de véritable sentiment d’excitation, me convainc kilomètre après kilomètre de son sérieux et de ses qualités. La réelle frustration aura été finalement de ne pas pouvoir essayer le régulateur adaptatif et les fonctions de maintien en ligne, importants désormais sur une berline de cette taille.

J’ai en revanche bien pu expérimenter les caractéristiques techniques et dynamiques de la voiture grâce à un roadtrip d’un peu plus de 1300 km, avec une consommation moyenne de 7.6 l/100 sur l’ensemble du parcours. Ma version était le tout dernier moteur Euro 6.2 (si je ne m’abuse) de la marque, le petit 4 cylindres de 1.5L de cylindrée, turbocompressé et développant 165 chevaux et 250 Nm de couple, associé à la boîte 6 automatique Aisin.

Le moteur en soi est convaincant, à bas et moyens régimes. Il ne sert très franchement pas à grand chose de dépasser les 5500 tr/min et on a donc tendance à enrouler sur le turbo, entre 2000 et 4500 tr/min, dans un silence de fonctionnement tout à fait convaincant. La sonorité est même, à défaut d’être travaillée comme une sportive, assez convaincante et caractérielle. Ce n’est bien sûr pas un trois pattes vibrant comme on en a maintenant l’habitude chez beaucoup mais pas non plus un quatre un brin aphone, c’est un entre deux sympathique.

La boîte, en revanche, se montre un peu décevante. Si en conduite coulée et en mode Normal, elle se montre très discrète, pour ne pas dire invisible, elle pèche un peu quand on cherche à augmenter le rythme, avec des kick-down à la traîne et des passages de vitesse pas toujours opportuns. Pas de quoi ternir complètement le tableau, cette version 1.5 165 n’étant pas destinée à être un foudre de guerre mais à transporter ses 4 passagers en toute quiétude. Sur ce point de vue et en usage normal, la boîte est irréprochable.

Le sérieux est encore de mise pour ce qui est du châssis. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, pour être honnête, ayant un peu peur de conduire une saucisse sans saveur. Le fait est que la nouvelle Opel Insignia Grand Sport n’est pas mal née, utilisant la cure d’amaigrissement dont elle a bénéficié pour distiller des sensations de conduite tout à fait convaincantes.

La direction est suffisamment précise, peu collante en son point milieu mais pas floue non plus. J’ai trouvé en elle un bon compromis entre ce que peut fournir une propulsion comme la Giulia et ce que j’imagine être la future direction de la Peugeot 508 nouvelle génération. C’est donc moins  bien que la première et tout à fait convaincant en terme d’assistance et de précision. Vraiment pas mal.

La vraie révélation reste la qualité du châssis et de l’amortissement, pourtant sans suspension pilotée, optionnelle uniquement sur les modèles diesel. Sans jamais se vautrer sauf si on la brutalise, l’Opel Insignia GS est prévenante au possible, ferme sur ses appuis sans jamais tasser le dos. La tenue de caisse au roulis et au cabrage est convaincante et les virages passés à plat s’enchaînent sans y réfléchir.

Sur autoroute ou sur routes dégradées, la filtration est excellente, à quelques raccords sauvages près. Les bruits de roulement sont également bien filtrés, malgré des roues de 18 pouces. En clair : il fait bon voyager à bord de l’Insignia, bien plus que je ne le pensais. C’est une vraie belle surprise, une fois encore avec beaucoup de sérieux et sans extraversion.

Avais-je raison de vouloir essayer cette Opel Insignia ? Force m’est de constater que oui et force m’est également de constater à quel point elle est réussie. Extérieur séduisant, à la frontière de l’élégance du racé, intérieur agréable très richement doté, qualités dynamiques réelles, il ne lui manque vraiment pas grand chose et en plus, elle est très bien située du côté du tarif face à ses concurrentes.

Maintenant, se vendra-t-elle ? On en reparle dans quelques temps mais j’ai toujours des doutes, liés à l’image d’Opel, toujours difficile à situer entre la concurrence allemande décidément plus premium et les modèles d’autres généralistes qui bénéficient largement de la préférence locale. Le moins que l’on puisse dire en tout cas, c’est que cette Insignia est une réussite qui mérite un réel succès commercial.

Enfin, plus de doute possible, le Groupe PSA a racheté une marque avec un réel contenu technologique qui pourra l’aider dans le développement de ses futurs modèles ; reste désormais à transformer son image pour en faire une marque autre que quasi strictement dédiée à son marché national. Allez, pour commencer, il n’y a plus qu’à commercialiser la très séduisante version GSi 260ch AT8 en France !