Essai – Infiniti Q60S 3.0t Coupé

Cela faisait un bail que je n’avais pas mis mon séant dans un modèle de la gamme Infiniti, quasiment quatre ans en fait ! Depuis, la Q50 a été restylée, jante et l’hybridation s’est fait la malle et un nouveau modèle est arrivé, un grand coupé nommé Infiniti Q60S dans sa déclinaison la plus exclusive. Exclusive, sportive même peut-être avec son V6 3.0t de plus de 400 chevaux. C’est à vérifier.

Le style Infiniti a en tout cas bien progressé avec la mise à jour à mi-vie de la berline que l’on croise de plus en plus dans la rue, la marque se posant comme une belle alternative à la toute puissance allemande grâce à une tarification intéressante et un rapport prestation / prix à dire vrai convaincant, notamment pour les entreprises et VTC.

Le coupé Infiniti Q60S bénéficie de ces mêmes mises à jour avec un résultat vraiment intéressant, racé et élégant à la fois. La relative complexité des traits d’origine a été lissée par le facelift, offrant une face avant mieux dessinée et moins torturée. La calandre ressort agréablement dans le prolongement des traits du capot, faisant un joli museau à l’auto, plongeant et cerclé de chrome.

Ces traits se prolongent dans les feux à la signature lumineuse réussie, sobre et incisive. Même chose pour ce qui est des anti-brouillards soulignés de chrome et bien intégrés à la face avant. L’ensemble est vraiment élégant, avec un petit trait supplémentaire de style au dessus de la calandre, au centre.

Reste le logo, dans la calandre, que je ne trouve pas parfaitement intégré, la faute à la combinaison noir laqué / logo chromé qui détonne sur le nid d’abeilles de la calandre. Dommage, à défaut d’être rédhibitoire.

Les flancs et la poupe sont tout aussi racés et bien faits. La ligne de caisse s’évanouit sur les hanches de l’auto, avec comme compagnon un cerclage de chrome bien fait pour dessiner les menues vitres arrière. Seule la lame chromée en aval des arches de roue me semble trop visible, rompant quelque peu avec la sobriété élancée de l’ensemble.

Les roues sont belles, abritant des étriers fixes peints en rouge. A l’arrière, la double sortie d’échappement est discrète, complémentaire de l’absence de diffuseur qui contribue aussi à l’élégance de l’ensemble. La voie arrière est malgré tout large, avec des hanches par conséquent larges et une silhouette bien assise sur ses roues.

Sportivité et élégance, silhouette racée, c’est pour ce qui me concerne un quasi sans-faute ! J’attendais normalement une version rouge pour mon essai mais je ne regrette pas du tout ce noir laqué, certes plus discret mais les nombreux regards qui me furent lancés montraient bien ce qui attirait le regard des passants, c’était la ligne réussie de l’auto et non sa couleur.

A l’intérieur, c’est la même chose, avec un soupçon de baroque en sus ! Le cuir rouge choisi pour cette configuration tranche à merveille avec le noir de la robe extérieur. C’est splendide. L’aluminium de la console centrale et des portes est également bien travaillé. Les plastiques sont généralement de bonne facture, à quelques rares exceptions près et la qualité d’assemblage est au rendez-vous.

Vraiment, je pense que la photo ci-dessus parle pour l’Infiniti Q60S. On a envie de s’asseoir dans ces baquets, de prendre le volant à jante fine et de filer enchaîner les kilomètres. C’est GT au possible, un cocon de cuir bien enveloppant, même si les sièges mériteraient justement d’être réglables au niveau du maintien.

Le bât blesse toutefois au niveau du contenu technologique. Les assistances à la conduite sont bien là, tout à fait suffisantes même quelques années après leur sortie, avec un maintien en ligne plutôt efficace et des décélérations en automatique bien dosées, sans oublier les différents dispositifs d’alerte que l’on peut activer ou désactiver très simplement au volant.

Non, ce qui me chiffonne, c’est le double écran au centre la console centrale. S’il était tout à fait acceptable sur la Q50 il y a près de quatre ans, c’est moins vrai aujourd’hui avec l’écran du GPS daté au possible et à la résolution tout sauf fine, versus l’écran du bas qui fait tout pour faire oublier son frangin du dessus. Bonne réactivité, ergonomie très correcte, applications facilement accessibles malgré un levier de boîte par idéalement placé et qui gagnerait à être nettement plus court…

C’est finalement là que l’Infiniti Q60S montre son âge réel. Elle est dotée de nombreuses fonctions qui feraient le bonheur de certaines autos sorties récemment mais est désormais en retard du côté de la connectivité. Pas de CarPlay, un GPS basé sur carte SD, pas de charge sans fil… mais par contre des modes de conduite bien pensés et un mode individuel, de la gestion de profil conducteur et de la caméra 360° (sur le fameux écran à la résolution atroce) et ainsi de suite.

C’est le grand écart entre les petits bonheurs et les frustrations de même taille. Attention toutefois, l’Infiniti Q60S se montre au global très complète en terme d’équipement, de connectivité et de facilité au quotidien. Le fait est que son tarif la positionne en revanche très frontalement aux allemandes qu’elle vise (A5, C Coupé ou Série 4), rendant certains manques et déconnexions des usages récents plus dommageables pour le client souhaitant débourser plus de 50/60k€.

Reste maintenant à se lover dans ces jolis sièges, à se caler dans une position de conduite idéale et à appuyer sur le petit bouton de démarrage situé derrière le volant et le comodo (faudra changer ça, dans la prochaine, hein). L’Infiniti Q60S est doté d’une déclinaison complètement revue du V6 3.0L turbocompressé, développant désormais 405 chevaux à 6400 tr/min et 475 Nm à 1600 tr/min.

Surprise, passé un très rapide ébrouement, il est discret, très discret, trop discret. Même en mode Sport et Sport+, la sonorité, que l’on sent pourtant prometteuse, est feutrée, assourdie. Il a de l’allonge pourtant, la boîte en mode manuel permettant d’aller taper les 7000 et il a même un bon boost qui tend à faire patiner les roues arrière avec bonheur. Mais pourquoi diantre ne pas le laisser chanter, ce moulin ?

C’est vraiment dommage car il est onctueux et bien rempli, fonctionnant à merveille avec la boîte auto à 7 rapports. Cette dernière mériterait un peu plus de vitesse d’exécution mais l’ensemble moteur-boîte est ainsi typé grand tourisme. C’est un plaisir d’enrouler à rythme dynamique sans forcer. On aimerait simplement avoir un peu plus de ronron moteur pour compléter et parfaire l’expérience.

A côté de cette petite frustration, la suspension est convaincante, pour ne pas dire excellente. La caisse, pourtant assez lourde avec plus de 1800 kg sur la balance, est bien maintenue et les bosses et imperfections sont admirablement gommées. L’Infiniti Q60S, malgré son gabarit, est aussi à l’aise sur les petites routes sinueuses que dans les grandes courbes, qu’elles soient lisses comme un billard ou défoncées. Mention très bien pour ce qui me concerne.

Les sensations sont en revanche nettement plus partagées pour ce qui concerne la direction et la transmission. L’Infiniti Q60S est disponible exclusivement avec la transmission intégrale et la direction sans liaison mécanique maison. L’ensemble a bien sûr évolué depuis son introduction sur Q50 et c’est globalement mieux en terme de compromis.

Les grosses imperfections sont effectivement gommées et c’est tant mieux. Reste que la calibration de la direction n’est pas toujours facile à percevoir, entre résistance et réactivité, que l’on peut bien sûr paramétrer en mode Individuel. D’un côté, c’est parfois trop collant et caricatural en Sport et Sport+, de l’autre c’est trop mou (Standard). Le point milieu est toujours inexistant en revanche.

J’ai finalement opté pour un paramétrage en Sport, car la réactivité +++ du mode Sport+ est pour moi trop grande, une impulsion rapide propulsant le nez de l’auto trop rapidement à la corde et sans ressenti réel de ce qu’il se passe sous les pneus, avec le train arrière pouvant bouger sur le gras de mes routes normandes. Bref : pas idéal.

Définitivement, cette Infiniti Q60S est faite pour le voyage au long cours, dans le confort feutré de l’habitacle, à joli rythme mais sans forcer sur l’attaque. Pour la première partie, elle sait faire sans problème, avec brio même. Pour la seconde, ce n’est pas encore ça et il faudra attendre une nouvelle mouture de cette direction pour vraiment me convaincre de lâcher les chevaux.

Bon, si la marque voulait bien la doter d’un échappement digne de ce nom, ce serait également très intéressant car ce moteur ne demande qu’à chanter et s’exprimer. Surtout que sa consommation est raisonnable, 11.4 l/100 sur mes 400 km d’essai. Allez, Infiniti, libérez-le, il le mérite.

La marque japonaise dispose en tout cas d’arguments convaincants pour aller taquiner les allemands sur le créneau des coupés grand tourisme, avec une côté technologique assumé et encore suffisamment à jour malgré l’âge de la plateforme servant de base à l’Infiniti Q60S. Disons qu’elle gagnerait à se mettre un peu à jour du côté de sa console centrale pour enfoncer le clou.

Quoiqu’il en soit, pour qui n’est pas un adepte absolu du dernier cri technologique, elle offre des fonctions maîtrisées, un équipement bien doté et un bel habitacle. Surtout, elle offre ce que les allemandes n’ont pas : des lignes racées, galbées et élégantes, singulières face à la discrétion des A5, C et 4, nettement plus classiques. Un beau package qui mérite de réussir, en somme.