La semaine dernière, j’ai eu l’opportunité d’approcher les parents d’un petit monstre automobile, l’un de ceux qui font saliver les amateurs de superlatifs : le Nissan Juke-R. Présenté au mois d’octobre dernier, la bête n’existe qu’à deux exemplaires et l’approcher est donc un évènement rare, un peu intimidant et bien évidemment plaisant. Le Nissan Juke est déjà un ovni gravitant autour de la planète automobile crossover consensuelle, une automobile au parti pris esthétique surprenant et quelque peu déroutant au premier abord. C’est du moins ainsi que je l’ai interprété la première fois que je l’ai croisé dans ma rue.
Je l’ai recroisé les jours d’après, ai apprivoisé le style, m’y suis fait et je me suis en fait mis à le comparer au Renault Avantime. Une voiture un peu en avance sur son temps, un style différent. La comparaison s’arrête là car si Avantime fut un échec, le Juke est un joli succès pour Nissan. Du coup, les chefs de produits Europe, Thomas Deloison en tête ont décidé de « faire un coup » en répondant à une question folle : « Qu’est-ce qu’il se passe si l’on croise un Juke avec une GT-R ? » …
La réponse est nette : un monstre bodybuildé, revu de fond en comble mais gardant dans sa ligne tous les codes du Juke. Le Juke-R impressionne avec sa robe noire mate, ses ailes élargies de manière indécente, ses énormes prises d’air sur la face avant, ses jantes immenses et ses ailerons de requin. Une vraie gueule. Difficile de l’imaginer dans la rue et d’ailleurs elle n’y viendra jamais mais l’objectif principal est rempli à savoir tester les réactions face à une déclinaison sportive du Juke. Le constat est clair : les yeux brillent, les dents se découvrent, on a envie d’être dedans.
Capot ouvert, les entrailles apparaissent, tout loge au chausse-pied mais qu’il a du être difficile à caler ce V6 de GT-R ! Pas d’espace superflu, certains éléments ont bougé, se sont rapprochés du bloc mais de manière générale, l’intégration s’est bien passée. Le Juke-R, ce n’est pas un châssis de GT-R recarrossé, c’est véritablement un Juke que l’on a dépecé, optimisé, retravaillé. Tous les trains sont issus de la GT-R, voilà qui explique d’ailleurs la largeur des ailes puisque les trains de la GT-R sont 26cm (!!) plus larges que ceux du Juke de série. A l’arrière, les sièges ont disparu pour réussir à caler l’énorme différentiel, les roues et freins sont les mêmes.
Posé au milieu du Nissan Technical Centre for Europe de Cranfield, le Juke-R prend la pose, attire les regards, les attentions, nul ne reste indifférent et vient scruter l’habitacle, les entrailles, la ligne. Nul ne voit ce qui est tapi en dessous, un châssis complètement revu et renforcé, des traverses spécifiques aussi rigides que celles de la GT-R, 1000h de travail de la part de RML, un partenaire de longue date de Nissan qui s’est chargé de l’adaptation du Juke-R sous l’égide de Chris Horton. Vingt-deux semaines entre l’idée en Europe, le soutien direct du Japon et la sortie des deux monstres, c’est véritablement un temps record.
Au passage, quelques photos des tests réalisés à Silverstone et une suggestion : aller faire un tour sur la chaîne YouTube consacrée au Juke-R… toute la conception y est détaillée pas à pas ! A regarder si l’on est curieux d’automobile et de compétition.
En parlant de Silverstone, Nissan nous avait réservé une petite surprise… à savoir la reine-mère de la marque à notre disposition sur un plateau pour s’amuser à l’envoyer de cône en dérive, j’ai nommé la sainte GT-R. 520 chevaux qui traînent, un concentré de technologie, des chronos démoniaques sur tous les circuits, une lignée de Skyline mythique pour tout amateur de japonaises… Je suis monté dedans avec un zeste d’émotion et une belle dose d’adrénaline même si j’aurais préféré sur un « vrai » circuit.
Sous un ciel dantesque, nous avons enchaîné quelques runs, je me suis pris au jeu du train arrière qui aspire à se caler et à glisser gentiment. Dieu que cette voiture est efficace ! Au final, un petit 40’05, soit le troisième temps du groupe, pas dégueulasse ! (oui je m’auto-congratule, de temps en temps c’est fort bon).
Alors, à défaut de voir un jour le Juke-R sur route ouverte, on se félicite déjà de voir qu’un projet né d’une idée un peu folle mais justifiée (après tout, une version Nismo du Juke a été dévoilée il y a peu, plus raisonnable, plus « série ») est allé au bout de sa réalisation en si peu de temps. Un plaisir d’ingénieur, un régal pour un chef produit, une icône pour la marque au côté de la GT-R qui va se voir un peu retouchée en 2012, la marque ne s’est pas trompée. Nissan sait y faire pour réveiller les gamins en nous, Juke-R et GT-R en sont la preuve, il me tarde maintenant de mettre la main sur la GT-R même si j’en tremble d’avance !