Les Loups de Prague – Olivier Paquet

Une couverture vendeuse, une quatrième de couv’ accrocheuse et un éditeur en qui j’ai globalement confiance : Les Loups de Prague de Olivier Paquet commençait très bien.

Prague, huit ans après un putsch militaire. La Ville vit sous la forme d un système immunitaire géant soumis à une véritable programmation biologique. Au cœur de la cité, pourtant, opère dans la clandestinité une guilde du crime, mafia organisée en clans régis par des lois animales mais servis par une technologie sidérante. Dans ce contexte singulier, deux hommes vont se connaître et se mesurer : Václav, journaliste et militant du retour à la démocratie ; Miroslav Vlk, maître des Loups. Aveuglé par sa fascination pour le chef de meute, Václav entraîne les habitants de Prague vers ce qui pourrait bien être un ultime bain de sang.

Oui, commençait bien. Le contexte de cette Prague futuriste est la seule bonne surprise du roman, tout comme ce que l’on peut imaginer de ses alentours. Les États n’existent plus, seules les Villes ont survécu avec leurs campagnes. C’est finalement une nouvelle sorte de féodalisme qui s’est mis en place, les grandes agglomérations restant les derniers pôles de technologie, d’organisation sociale « moderne ». Et voilà Prague, son gouvernement, son armée et sa Guilde. La Guilde, c’est l’association de tous les clans de malfaiteurs, voleurs, assassins et autres mécréants. Les Loups, les Requins, les Serpents, les Rats, les Aigles, les Cafards et ainsi de suite. Chacun son corps de métier, chacun sa structure sociale et sa hiérarchie, chacun son caractère et chacun sa maîtrise technologique. La Guilde contrôle tous les marchés, contrôle le crime, contrôle finalement une forme de liberté et de sauvagerie, un équilibre au système en place. Le coup d’état et le quasi anéantissement de la Guilde par l’armée va modifier l’équilibre des forces.

Le roman dépeint donc la remontée en puissance de cette Guilde sous l’impulsion de son maître, chef du clan des fameux Loups, Miro. Gravitant autour, une foule de personnages, Loups, Serpents, Rats, militaires, flics et biens sûr le fameux journaliste. La trame narrative s’enchaîne bien, les chemins tortueux du pouvoir et des trahisons se rejoignent peu à peu jusqu’au dénouement, avec toujours en trame la Ville, vivante, active, dotée d’une volonté propre ? J’ai l’air enthousiaste ? Mais je le suis ! Cette idée de Ville vivante à l’architecture animée, les Guildes et leur structuration, leur sauvagerie, quelques personnages vraiment burnés, les technologies utilisées (brillantes !), l’ambiance de Prague, la trame narrative… c’est du tout bon.

Sauf que le bât blesse, à deux reprises. Le premier gros défaut à mes yeux, c’est le traitement des personnages. Charismatiques, fascinants même, Olivier Paquet a esquissé ce qui pourrait être une sacrée brochette de bonshommes et de bonnes femmes ! Reste qu’on ne plonge pas sous la surface la plupart du temps, les états d’âme sont dépecés au fil de longues paraphrases de dix lignes alors que dix mots auraient suffi et ce style ne change pas au fil du roman, il insiste, lourdement parfois. Pas de finesse ici, pas de sensibilité, ça ne prend pas aux tripes.

C’est d’ailleurs là qu’on se rend compte que c’est bien l’écriture qui pêche et non pas les idées. Il n’y a pas d’âme, pas de force, les descriptions et explications humaines sont froides, ça ne m’a pas fouaillé les tripes, ça ne m’a pas fait rire, je me suis contenté d’être spectateur d’une histoire, je n’ai pas plongé, ou alors si peu souvent… C’est l’alchimie entre l’univers et l’écriture qui fait mon plaisir. L’un et l’autre n’ont pas à être parfaits, ils se doivent simplement de bien fonctionner ensemble mais l’écriture reste la composante dominante dans l’accroche au roman. Ici, c’est à mes yeux indéniablement raté, dommage.