Fournaise – James Patrick Kelly

Fournaise… Drôle de titre pour un roman qui finalement rejoint tout à fait la chronique précédente sur le Cerveau Vert de Frank Herbert même s’il ne s’agit plus cette fois de la réaction de la Nature mais bien de celle des humains face à une modification brutale de leurs conditions de vie.

Bienvenue en tout cas sur une toute petite planète, le Pois-de-Morobe !

La petite planète du Pois de Morobe a été vendue, et son nouveau propriétaire a des idées particulières. Il l’a renommée Walden et la ‘simplicité volontaire’ y est désormais la règle. Pour tous les colons embrassant la philosophie du retour à la terre selon Thoreau, cette planète a les moyens de devenir une véritable utopie. Mais les occupants précédents ne sont pas de cette opinion et, contre l’idéologie du dépouillement rural, ils entendent défendre leur mode de vie – allant pour cela jusqu’à se transformer en torches suicides. Aux quatre coins de Walden, les nouvelles forêts se transforment en fournaises.

L’embarquement dans l’histoire se fait au travers du parcours d’un fermier faisant partie des pompiers volontaires chargés de gérer ces fournaises tant bien que mal. Rescapé de l’une d’entre elles, il va déclencher une série d’évènements qui vont bouleverser le cours de sa vie et celui de la planète toute entière.

Au delà de cette histoire semble-t-il simpliste, le livre est surtout une belle réflexion sur les régimes « pseudo-totalitaires » imposant des règles, un mode de vie et des conditions de liberté de l’information très strictes sous le couvert de cette magnifique expression : « c’est pour votre bien ». C’était certes pour le bien des premiers colons arrivant sur le Pois-de-Morobe, ça l’est nettement moins pour certaines personnes voulant s’en échapper ou se rendant tout simplement compte du côté biaisé de cette société utopique au milieu d’un univers de planètes nettement plus en phase avec la technologie et finalement le respect de la liberté humaine !

La question est posée aussi sur le terrorisme et sur les réactions de populations originelles auxquelles on tente d’imposer un mode de vie qui n’est pas le leur (quand bien même celui-ci a totalement épuisé les ressources naturelles de la planète en question) ou que l’on tente de restreindre leur espace de vie… Terrorisme, extrémisme face à des sollicitations tout aussi extrêmes ! A qui donner raison dans ce cas là, m’est venue alors une belle analogie avec le cas israélo-palestinien, mais chut.

Drôle de monde et drôle de société que ce Pois-de-Morobe et sa simplicité volontaire ! On se prend à imaginer de telles applications dans notre vie de tous les jours et arrive un constat simple : si l’on cherche ce mode de vie, il faut l’appliquer sans concessions… Pour vivre heureux, ne vivons pas cachés, vivons surtout ignorants…