Essai – Peugeot 208

La nouvelle Peugeot 208, je la croise depuis des mois. D’abord timidement, un exemplaire de temps à autre. Ensuite plus franchement, au moins une par jour dira-t-on. Et depuis quelques mois maintenant, je la vois partout, tout le temps. Autant on peut confondre une ancienne et nouvelle Clio et donc rater un éventuel raz de marée commercial, autant il est impossible de se méprendre avec la dernière née du lion qui arpente en nombre les rues et routes du pays.

J’avais adoré sa précédente déclinaison qui venait mettre au placard la sympathique mais sans grande âme 207 – difficile de succéder à la 206 c’est vrai… 207, c’était cette « mauvaise » génération Peugeot, avec la première 308, la 407 et d’autres, succédant tant bien que mal aux 206, 307 et 406. Un style sans grand intérêt, de bonnes autos, mais pas d’âme et pas de style. Depuis, EMP2 et BVH1 ont repris du poil de la bête avec une génération en « 8 » réussie. 208. 308. 508. 2008. 3008. 5008. Que du best-seller.

La tâche du renouvellement d’une génération réussie revient, encore plus fortement pour ce cycle. Il s’agit de remplacer A9, la première 208 du nom ; en réutilisant une partie des composants éprouvés de la BVH1, en piochant gaiment dans la banque d’organes EMP2 et en créant de nouvelles choses, le tout s’appelant CMP.

Extérieurement, c’est un peu le retour du « hamster énervé » qu’était la 206 WRC. La 208 d’origine, affinée, menue, prend des hanches, des muscles, des rondeurs, des crocs et de l’agressivité. La caricature n’est pas très loin à dire vrai mais elle en impose très fortement !

La calandre très marquée, le capot travaillé, les crocs acérés empruntés à la 508 et le regard affûté ne laissent pas indifférent ; y compris les plus réfractaires à la chose automobile qui participent à mes essais, bon gré mal gré. « Elle a une gueule incroyable ». C’est ça, elle a vraiment une gueule incroyable, immanquable.

L’avenir dira si cette orientation stylistique vieillira bien ! Je me souviens de m’être fait la réflexion au sujet du 3008 lors de sa sortie et force est de constater qu’il n’y a à date aucun problème. En tout cas, cette nouvelle Peugeot 208 met un sacré coup de vieux à celle qui l’a précédée. C’est une mini 508, compacte, avec l’air pas commode.

L’arrière n’est pas en reste avec la petite encoche dans le dernier montant, où on aimerait bien voir apparaître un logo GTi un de ces jours. On peut déjà avoir une version GT Line ceci dit, le GT étant quant à elle réservée la e208 ; qu’il faudra que j’essaie un de ces jours également.

La finition Allure de ma version d’essai inclut déjà un becquet de toit assez imposant, reprenant la couleur noire du désormais traditionnel bandeau noir de coffre faisant le lien entre les deux feux griffus. Dernier point, on notera à l’avant comme à l’arrière la « nouvelle » typographie de la marque.

Le changement dans une certaine continuité, puisque les traits sont indubitablement ceux d’une 208 mais aussi ceux de la marque. L’intérieur est à l’envi. En fait, l’habitacle de la nouvelle Peugeot 208 est le signe indubitable de la montée en gamme de la marque, c’est un énorme saut qualitatif et technologique par rapport à la précédente génération.

Je parlais de petite 508 auparavant pour parler du style extérieur, c’est aussi vrai de l’intérieur, tant d’un point de vue style que du côté des technologies. La 208 embarque les matériaux déjà vus sur le reste de la gamme, certaines des commandes EMP2 également, même si en Allure, j’avais des sièges tissu et non cuir, réussis par ailleurs.

Le petit écran est réactif et pratique, tandis que la Peugeot 208 se paye carrément le luxe d’introduire une nouvelle version du iCockpit maison avec des effets 3D superbes, des animations agréables et une lisibilité quasi parfaite. Les petites touches piano sont toujours bien faites, tandis que la recharge par induction est au menu, à moins qu’on ne se connecte en USB-C et qu’on ne pose son téléphone sur le support remarquablement bien conçu (mention extra super bien).

Du côté des aides, il y a bien sûr un régulateur adaptatif qui fonctionne plutôt bien (toujours un certain manque de finesse) et une caméra de recul dont la résolution est toujours une insulte à nos yeux en 2020. C’était acceptable il y a quelques années, là on se demande vraiment ce que fait Peugeot à faire un carry-over de ce composant !

La nouvelle Peugeot 208 fait donc un grand saut technologique, se montrant clairement plus cossue et très bien équipée, donnant envie de voyager avec. Le fait est que je suis parti dans les Pyrénées-Orientales avec, soit un parcours 2224 kilomètres au total à son volant, dont un grand morceau d’autoroute. L’excellente filtration de la suspension sert le confort en général tandis que l’aérodynamique et l’isolation phonique ont fait de grands progrès rendant ces trajets indolores. On a tout sauf l’impression d’être au volant d’une compacte tant le confort est digne d’une routière de gamme supérieure.

Le moteur PureTech 130, désormais bien connu, est toujours aussi volontaire et plus que suffisant sur une telle auto. La version 100 est sûrement d’ailleurs largement suffisante et permettra de réduire un peu la consommation, surtout que le 130 n’est disponible qu’avec la boîte EAT8. Bilan: 7.6 L/100, sachant que je me suis aussi quand même bien amusé sur les petites routes. C’est « pas mal » mais il y a sûrement moyen de faire mieux avec le moteur du dessous et le pied bien lourd !

Les trains roulant et la légèreté / le dynamisme étaient la grande force de la précédente génération de Peugeot 208. Cette nouvelle version ne démérite pas, se jetant gaiment dans les virages et montrant de manière générale une belle composition. L’assistance de la direction est agréable, y compris en mode Sport où elle ne durcit pas exagérément ; tandis que le moteur se fait un tout petit peu plus (trop) présent dans l’habitacle. Peugeot ne sait toujours pas faire de rendu sonore moteur en habitacle. Comme sur 308 GTi ou 508 GT.

Si elle ne démérite pas, elle n’excelle pas non plus. Le tranchant de l’ancienne 208, présent y compris sur les plus petites versions, est un peu moins marqué. Bon, pataud serait un grand mot car on a ici une petite auto de 130 chevaux, certes pénalisée par une boîte auto plus lourde. Le dynamisme est bien présent, le train avant n’abandonne que quand on y va comme un gros sale et s’avèrera donc indestructible dans la plupart des circonstances.

Du côté du dynamisme, l’électronique veille franchement au grain, comme sur la BVH1. C’est un peu mieux que sur une ancienne DS3 par exemple mais je ne suis toujours pas fan de ce fournisseur et de la mise au point associée vs. ce qui est fait sur une EMP2. Trop de déclenchements intempestifs ESC alors que j’attaquais à peine. Ou alors j’attaquais mal ? Je ne sais pas. Mais je préfère EMP2.

Du côté des freins, ça ne bronche pas, avec par ailleurs l’adjonction d’un frein à main électrique en lieu et place du frein de parking traditionnel. Montée en gamme, toujours. L’ancienne 208 était une petite danseuse qui aimait les virolos, la nouvelle les aime donc toujours autant et le mode Manuel de l’EAT8 se débrouille plutôt bien dans ces conditions.

Ce n’est bien sûr pas comparable à une boîte à double embrayage mais les progrès faits par le groupe sur la gestion de cette boîte se confirment ici, avec des passages doux et rapides. En fait, seule une conduite vraiment très dynamique la mettre à mal ; si vous roulez fluide mais vite, cela se passera très bien ; les situations de vie normale étant quant à elles convenablement gérées (rampage, redémarrage, etc.).

En somme, posée sur ses appuis, elle virevolte, juste un peu plus cossue qu’avant, un peu plus longue aussi. Il ne faut pas être grand pour autant à l’arrière car l’espace est assez chiche. Bon, de toute façon, vu comment je roule sur les petites départementales, c’est mieux de ne pas être à l’arrière, sauf à avoir l’estomac bien accroché.

La nouvelle Peugeot 208 est donc globalement une belle réussite dans cette version Allure 130 / EAT8 typée routière et cossue. Elle se montre agréable à vivre sur le très long cours, y compris sur de longues sections d’autoroute. Elle n’abandonne jamais le confort, quel que soit l’état de la route, ce que ne faisait pas sa devancière.

Elle n’a pas pour autant oublié ses capacités dynamiques dans le sinueux et si l’ensemble manque dans cette version d’un peu de mordant, il y a là de quoi semer de nombreuses autos grâce à un train avant et une direction de haut vol. Pour privilégier l’aspect sportif de la nouvelle 208, peut-être faudrait-il comme évoqué plus haut que j’essaie une version à boîte manuelle, avec le petit « 100ch ».

Mais sur ce segment, peut-on vraiment battre une Ford Fiesta ST Line ? Pas sûr… surtout qu’il faut un budget plus élevé pour se payer le bon technologique et qualitatif de la nouvelle 208. Le positionnement quasi premium de Peugeot est visible du côté des tarifs, mais on a pour ce prix-là un sacré numéro qui fait la synthèse entre compacité et réelle capacité à voyager au long cours.