Essai – CUPRA Ateca

Il y a maintenant un an, SEAT annonçait sa séparation de sa division sportive au nom bien connu : CUPRA. On peut aussi le présenter autrement : CUPRA est devenue une marque à part entière, comme DS pour Citroën, ou Abarth pour FIAT… Cohérent avec l’arrivée du nouveau patron, justement transfuge transalpin au service du développement de cette nouvelle officine sportive.

Car oui, le CUPRA Ateca, premier modèle de la jeune marque pour qui tout reste à faire en terme de construction d’image, est une voiture sportive et les espagnols énervés comptent bien se cantonner à ce seul domaine dans les années à venir. Ils commencent avec un sacré challenge : sortir le premier SUV généraliste sportif.

SUV. Sportif. On est loin du « light is right ». On est loin d’un centre de gravité abaissé le plus possible pour faire la nique à Newton et aux lois de la dynamique d’un véhicule. Le challenge est malgré tout accepté, en attendant de pouvoir se pencher sur une Ibiza, une Leon ou que sais-je encore car CUPRA ne devrait on l’espère pas s’arrêter aux seuls modèles SEAT.

Extérieurement, les designers se sont fait plutôt plaisir en partant de la base déjà plutôt sympathique de l’Ateca. Sur la face avant, on trouve le logo spécifique de CUPRA, très Transformers dans l’esprit – mon neveu passager ce weekend-là ayant suggéré que nous roulions en Decepticon, cela confirme mes premières pensées ! Surtout, on retrouve un gros CUPRA écrit sur la lèvre inférieure, à la quattro… et les grilles se font noires, profondes, menaçantes.

C’est simple, avec les grosses roues qui vont avec et les gros freins qui les remplissent, le CUPRA Ateca en impose pas mal, avec des prises d’air tout sauf factices pour refroidir la mécanique à aller de l’avant mais aussi à s’arrêter. On imagine bien les pinces Brembo et le moteur TSI 2.0L gavés d’air pour tenir le choc face au poids non négligeable de la bestiole.

En fait, au delà d’être rapidement repéré par les SEATistes (ça se dit ?) et les férus des anciennes CUPRA, le CUPRA Ateca est rapidement repéré tout court. Il a une sacrée prestance et présence, n’en déplaise à ceux qui n’aiment pas les SUV (j’en suis, globalement) et j’ai compté un sacré nombre de sourcils levés lors de ce weekend d’essai et on m’a aussi posé BEAUCOUP de questions sur le logo.

Kezako, m’a-t-on demandé… ? J’ai fait simple, j’ai dit que c’était comme pour DS et Citroën et les gens ont compris que CUPRA et SEAT n’étaient plus « un ». Preuve, s’il en était besoin une nouvelle fois, que faire naître une marque à partir d’un ancien blason n’est pas la chose la plus évidente du monde et il faudra beaucoup de communication à la marque pour réussir.

L’arrière n’est pas en reste avec un petit becquet noir très classique et un grand nombre de sorties d’échappement ; sans oublier ici aussi le logo maison et le gros CUPRA écrit noir sur rouge. Un petit 4drive est également visible, rappelant la nature de transmission intégrale de l’auto.

Bilan ? Plus classique à l’arrière mais bon, on ne transforme pas une armoire normande si facilement, sauf à s’appeler Q8. Bel effort en tout cas du côté des hanches légèrement élargies qui renforcent la silhouette à défaut de la rendre aussi imposante que certains SUV sportifs premium.

A l’intérieur, je suis nettement plus mitigé. C’est… austère. J’attendais plus de fun, plus de personnalité, plus d’alcantara, plus d’exclusivité en fait par rapport à un SEAT Ateca déjà très sérieux. Il y un bel effort consenti du côté du volant et des baquets mais cela s’arrête à peu près-là. J’aurais voulu plus d’enveloppement dans de « vrais » baquets coqués, quelque chose d’un peu plus fou.

Il y a bien sûr un mode CUPRA en sus des autres modes de conduite et un vrai gros effort d’appropriation et de personnalisation des écrans numériques du cockpit. L’équipe du CUPRA Ateca s’est vraiment saisi du Virtual Cockpit du groupe VAG pour en faire quelque chose d’unique et vraiment bien dessiné.

L’équipement est en tout cas pléthorique, allant avec la facture qui s’établit à 42k€ sans options et 49k€ sur mon modèle d’essai doté de quelques petites attentions comme le freinage Brembo (2185€, option obligatoire si vous voulez mon avis…), les jantes 19 » (810€)  et ainsi de suite.

De série toutefois, on récupère le Digital Cockpit, les feux full LED, le système audio Beats (pas mal du tout !) et plein d’autres fonctions. En somme : il n’y pas grand chose à rajouter de ce point de vue si ce n’est un peu de personnalisation esthétique.

Les passagers arrière ne sont pas oubliés mais le cinquième ne sera tout de même pas complètement à l’aise avec une banquette lisse quand les autres récupèrent des semi-baquets sympathiques. Le coffre n’est pas non plus oublié avec une belle capacité de chargement.

Finalement, à quelques jolis détails près, le CUPRA Ateca reste à mon goût un peu trop près d’un SEAT Ateca. Ce n’est pas une insulte puisque ce SUV m’avait plutôt bluffé lors de mon roadtrip finlandais et qu’il est extrêmement agréable à vivre mais pour vraiment établir la marque, un peu plus de démarcation sportive aurait été bienvenue.

Pour refaire le parallèle avec DS et Citroën, il faut bien reconnaître que la nouvelle marque fait les choses différemment de ses soeurs sochaliennes et parisiennes avec des fonctions uniques et un positionnement design et luxe bien en écart. J’espère donc que CUPRA Ateca ne sera pas le mètre étalon pour la marque et que les prochains modèles iront plus loin. Ils le doivent.

Du côté de la conduite maintenant, je me rappelle avoir été là-aussi positivement impressionné par les qualités de l’Ateca FR de « seulement » 190 ch. Le CUPRA Ateca embarque le 2.0L TSI bien connu du groupe, développant la bagatelle de 300 ch et 400 Nm !

Le résultat, ce sont des mises en vitesse assez stupéfiantes pour une auto de cette taille et de cette puissance, avec un 0-100 tombé en 5.4 secondes. C’est plus vite qu’une compacte sportive, cela grâce à une DSG7 toujours aussi efficace à la montée (et pas très rigolote à la descente) et un 4drive impérial.

En ligne droite, le CUPRA Ateca égrène les rapports sans coup férir, s’arrachant des péages et des virages lents avec une foutue vigueur ! Mince alors, c’est qu’on y prendrait goût, en fait, à cette belle santé, surtout que la consommation reste raisonnable pour le gabarit et les 1615 kg en ordre de marche : 10.6 L/100 sur mes 640 km d’essai.

Mais alors, quand ça tourne ? Ma foi, ça enroule et si mon CUPRA Ateca était bien tristement monté en gommes hivernales à la carcasse et au grip pas très intéressante d’un point de vue sportif, j’ai tout de même pu m’amuser un brin et qualifier la tenue de caisse à défaut d’aller chercher des limites de grip. J’aimerais vraiment l’essayer avec des gommards dignes de ce nom mais bon, ce n’est pas faisable dans mon programme.

La suspension active fait un remarquable travail, verrouillant avec sérieux la caisse pour ce qui est du roulis, du cabrage et de la plongée. C’est une vraie bonne surprise qui donne envie d’aller chercher les cordes, voire de les couper franchement grâce à la garde au sol toujours conséquente bien que réduite de 10 mm sur cette auto.

L’autre bon point est le ressenti que l’on a du côté du train arrière avec un peu de placement et d’enroulé autorisé par le 4drive qui doit bien sûr veiller au grain mais laisse le conducteur s’amuser un brin. La direction n’est pas phénoménale en terme de ressenti mais est bien calibrée et ne fait pas dans la sur-résistance une fois le mode CUPRA engagé.

Même chose du côté de l’échappement où ça gronde gentiment, avec quelques pétarades ici ou là. Bon, là-aussi pour être honnête, je n’aurais pas été contre un peu plus d’expansivité, comme le font les cousins de RennSport ! Dans l’ensemble toutefois, j’avoue m’être exclafé une fois ou deux devant le bel équilibre général de cette auto.

Est-ce que je m’attendais à ça ? Pour être honnête : non. Je pensais faire face à un énième SUV, pseudo sportif mais en réalité à peine dynamique et il faut bien avouer que le CUPRA Ateca est un exercice sacrément maîtrisé à défaut d’être tout à fait aussi exubérant qu’il le faudrait.

Avec les grosses pinces qui l’équipent, ce moteur rempli au possible, une boîte et une direction de bon niveau, le CUPRA Ateca a de nombreux arguments pour avoir envie de prendre du gros rythme sur de petites routes techniques et sinueuses, étant réellement le premier (et seul !) SUV généraliste sportif.

En fait, on se demande bien à quoi bon acheter un Macan… si ce n’est pour avoir le blason et un peu plus de qualité perçue. Cette CUPRA est donc bien fidèle à l’esprit de l’ancienne officine, en proposant une auto bien réglée à prix compétitif. Reste à ne pas oublier la folie et encore plus de sportivité pour les prochaines.