Essai – Abarth 124 GT

L’essayer ou ne pas l’essayer ? Cette Abarth 124 GT n’est finalement guère différente du Spider essayé il y a déjà un bon petit moment sur terres du Cotentin. La différence est toutefois notable puisqu’elle encapsule totalement l’habitacle, transformant de fait le cabriolet en petit coupé.

Le prétexte était trop bon, d’autant plus qu’il est tout en carbone, pour passer outre et pour me rendre compte de l’éventuel assourdissement de l’échappement Monza, si cher à mes oreilles ! Alors me voilà en Anjou, bien calé dans les baquets de cet entre-deux mondes, ni cabriolet, ni vraiment coupé, l’Abarth 124 GT.

Extérieurement, Abarth a fait les choses de jolie manière, faisant le choix du bicolore gris et noir qui met bien en évidence la longueur interminable du capot (on a l’impression que le MX-5 est tout petit à côté !) et force à se concentrer sur les éléments assombris.

Certes, il y a le plastique de la gueule un peu béante et la jolie grille en nid d’abeilles assez large mais aussi et surtout du carbone un peu partout. Les coques de rétroviseur, déjà, c’est chou. Il y a aussi la lame du splitter avant, un peu anecdotique en soi mais bien visible malgré tout. Et puis les jantes Oz plus légères, toutes noires elles-aussi et compensant presque le poids du toit.

Enfin, il y a le toit, c’est le clou du spectacle ! La fibre de carbone cuisinée par Mopar est laquée, joliment tissée. Ce que l’on remarque, en sus de la lunette arrière bien intégrée, ce sont les points d’ancrage dans la caisse car il ne s’agit pas là d’une modification permanente mais bien d’un hard top.

Il est donc possible de repasser du côté des cheveux libérés au prix d’une petite manipulation à laquelle je ne me suis d’ailleurs pas risqué ! Mais c’est possible. Mais pour ce weekend finalement ensoleillé, je me suis retrouvé un peu frustré et souvent fenêtre ouverte, pestant un peu contre ma fainéantise et finalement contre ce toit sûrement parfait en hiver mais nettement plus ennuyeux aux beaux jours.

La recette à l’arrière est bien la même que sur le Spider : la quadruple sortie d’échappement du délicat Monza, le petit logo au scorption sur la malle toujours aussi spacieuse et pratique pour deux personnes et un joli petit popotin bien renforcé par les galbes du toit en carbone. Mention horrible en revanche pour les freins arrière, seulement à moitié peints… Qui a validé un truc pareil ???

Non, vraiment, c’est bien fait, cette encapsulage sur l’Abarth 124 GT ! Il faut simplement prévoir un peu plus ses déplacements et envies car le mettre ou l’ôter ne se fait pas aussi facilement que la remarquable petite capote qui l’équipe toujours, évidemment.

A l’intérieur, je n’ai pas grand chose à dire, si ce n’est saluer le confort auditif apporté par le toit en carbone (16 kg, au fait !). Pour ce qui est du confort thermique, je suis un peu plus dubitatif car sous le soleil angevin, ça chauffait sec à l’intérieur ! En même temps, je n’avais qu’à décapoter. Oui mais je n’avais pas d’endroit où stocker le toit… Vous voyez, il faut prévoir.

Enfin bref : sur autoroute et jusqu’à une belle allure, ce toit préserve effectivement des affres des bruits d’air, en partie en tout cas. C’est vraiment mieux qu’une capote et on a envie de dire « heureusement ! » car sinon, à quoi bon…

Le reste de l’habitacle n’évolue pas. Une belle sellerie bicolore, avec des baquets au maintient largement perfectible (des Recaro comme chez les japonais seraient les bienvenus…) au vu des performances toujours intéressantes de l’auto.

Le système infotainment fait le job, à défaut d’avoir reçu une mise à jour Apple CarPlay / Android Auto. Il faudra pour cela je suppose attendre la fin 2019 ou courant 2020, la 124 Spider étant née après le MX-5. Ce dernier embarque la mise à jour bienvenue qui vous saute au visage quand vous n’avez pas l’option…

Sinon, il y a toujours le petit scorpion entre les deux sièges de l’Abarth 124 GT, le petit bouton Sport en retrait du levier de vitesse, ce petit volant si génial et ce levier de boîte encore plus génial. C’est toujours un régal de rouler en Abarth 124 et cela ne change pas au volant de la 124 GT, avec seulement un peu plus de confort auditif / au long cours. GT, qu’on vous dit, d’autant plus que la suspension est toujours plutôt souple.

Et la conduite dans tout ça ? Elle n’est pas transfigurée, même si Abarth annonce que le toit en carbone, forcément autrement plus rigide que la capote, participe à la résistance à la torsion de l’ensemble. L’Abarth 124 GT conserve les qualités et défauts de l’Abarth 124 Spider. Son tarif s’est en revanche bien assagi puisque la version ultime, la GT, est à 40k€, avec pléthore d’options ; ce qui constituait le prix de base auparavant, sans options !

A la fois raide et pas assez raide, à la fois communicative et pas assez communicative, elle souffre toujours à mes yeux d’une espèce d’entre-deux ; comme si les sorciers du scorpion n’avaient pas osé pousser le curseur de la sportivité trop loin, comme s’il ne fallait pas trop se différencier de la cousine et inspiratrice japonaise.

La boîte est toujours brillante et l’équilibre dynamique remarquable, sauf à la limite où je me demande toujours si ça va partir ou pas partir avec ces Bilstein qui ne m’ont jamais complètement convaincu. Pas trop envie de tester mais là où j’avais pu être un peu déçu de la Spider, je le suis moins avec l’Abarth 124 GT. Pourquoi ? Parce qu’il y a GT dans le titre, pardi.

Car oui, avant on focalisait sur Abarth. Là on se dit Abarth + GT et ces quelques compromis, que l’on ne comprenait pas trop sur le modèle de base, s’en retrouvent nettement plus acceptables. La voiture est ludique mais pas si inconfortable, on peut s’amuser facilement à son bord tout en étant capable de cruiser de temps à autre.

Le mode Sport est à ce titre plutôt efficace, avec une calibration de direction spécifique, plus de couple, plus de bruit et des virgules autorisées plus large. La différence est perceptible, c’est tant mieux et on a en fait tendance, malgré tout, quand on est câblé comme moi, à le laisser enclenché en permanence. Hem.

La consommation ne s’en ressent pas trop puisque ma moyenne s’est établie à 8.1 L/100 sur les 1070 km de mon essai. Raisonnable quand on considère mon rythme, il y a moyen de descendre plus bas, évidemment, dans le cadre d’une conduite sur le long terme, plus raisonnée et raisonnable.

En somme, l’Abarth 124 GT est une forme un peu différente de l’offre MX-5, FIAT 124 ou Abarth 124, venant boucher un trou grâce à une plus grande polyvalence liée à son toit rigide et fixe, idéal pour l’hiver ou les weekends 100% pluvieux.

Reste qu’à la moindre éclaircie, on pestera de ne pas pouvoir tomber la capote d’un vague geste de main. Du coup j’ai quand même un doute… est-ce que j’achèterais un 124 Spider ou celle-ci ?

J’aurais du l’essayer en hiver. Cela aurait été plus simple. Quoique ?

Voilà, vous m’aurez compris en me lisant : je reste un peu frustré car si la gamme a évolué et a heureusement largement fait fondre ses tarifs, il lui manque encore à mon sens un zeste d’exclusivité supplémentaire ou de sportivité plus exacerbée pour justifier son positionnement tarifaire plus élevé que les japonaises.

Cela viendra peut-être avec le crû 2020 et le facelift qui devrait intervenir à ce moment-là. Pour le moment, il convient et il faut tout de même saluer ce joli petit coupé et cabriolet à la fois pour le simple fait d’exister et de prodiguer des sensations riches, des plaisirs sincères et des rires de satisfaction à ses passagers ; ce n’est certes pas parfait mais tout cela reste rare et plutôt unique dans le paysage automobile actuel.