Rencontre avec Jean-Louis Murat au Studio Davout

 Jeudi soir, en retard pour cause de réunion improvisée (moi qui déteste être en retard…), j’arrive au studio Davout pour une rencontre en petit comité avec Jean-Louis Murat, qu’il n’est nul besoin de présenter : un artiste « à l’ancienne », un provocateur, des textes chargés de poésie et puissants, une voix d’or, une guitare magnifique et une identité bien trempée comme on n’en fait plus de nos jours. Bref, un mec pas comme les autres qui m’intriguait, me faisant penser à Julien Baer, non pour la musique, mais pour tout ce qui touche à la recherche de la perfection, à la volonté de ne pas chercher à communiquer outre mesure sur ses nouvelles créations. A l’ancienne, quoi, des « vrais » artistes à mes yeux ! (en espérant que la comparaison ne soit pas déplacée, j’ai oublié de lui poser la question…)
Et donc, pourquoi cette rencontre ? Parce que Jean-Louis Murat sort un nouvel album fin septembre, sobrement appelé « Le cours ordinaire des choses ». Alors il voulait nous faire écouter tout cela, onze morceaux joués, seul dans le studio devant une audience concentrée profitant de la perfection du son dans la chambre d’enregistrement. La guitare, nue, une belle Fender, la voix, nue, et les textes qui déroulent, parfaitement mis en valeur par ces notes qui sortent parfois de manière fulgurante des doigts de Jean-Louis Murat. Les yeux se ferment, je savoure l’instant.
On le sent un peu stressé et puis la musique passe quand même, il gromelle parfois dans le micro entre deux morceaux, semble hésiter un peu et puis improvise un petit quelque chose (Philomène) pour se détendre… Et pourtant il est chez lui au studio Davout avec une quantité d’albums enregistrés là, ses habitudes, son équipe rapprochée est là aussi, même s’il a enregistré son dernier album à Nashville, là où l’on produit la musique sans ProTools, là où on enregistre sur bandes avec des musiciens du monde entier. Une ville de musique, une ville pour un créateur de sons et de mots comme lui.
Il nous raconte tout cela après avoir joué. Détendu soudainement, souriant, lâchant ses anecdotes sur les plateaux télé (l’attente à côté des chiottes pendant des heures, tu m’étonnes qu’on soit à cran après !), sur le studio où il a enregistré à Nashville, sur la ville elle-même, sur sa façon d’enregistrer (une prise en général, deux prises max, par sécurité), il nous parle de sa relation avec Aymeric, son ingé-son, son « ami » de longue date, une sorte de lieutenant, de frère presque ? Quelqu’un a qui il dit tout et qui lui dit tout, même les choses désagréables comme « c’est faux, c’est mauvais, on recommence » ! On parle aussi de son aversion pour certains types de promo, d’un journal qui parle de cigares dans lequel il a une interview à paraître. alors qu’il ne fume jamais de cigares ! Discrètement, quelques-uns prennent des photos, il n’aime pas cela, cela se sent parfois mais il laisse faire, l’atmosphère est informelle même si une certaine tension persiste.
Pas facile d’être à côté d’un tel personnage, un impatient, un caractère trempé dans l’acier, surtout après avoir entendu sa voix nous déclamer son cours ordinaire des choses, son falling in love again ou encore sa Taïga… L’album tourne en boucle chez moi depuis ce soir là, il faut que je me procure les autres. Quelle guitare, quels textes à tiroirs, tous liés les uns aux autres ! Et puis reste le souvenir persistant de ce mec, assis sur sa chaise, sa guitare en main, les yeux ailleurs, la musique dans les veines.
Quelques petites choses ci-dessous pour essayer de comprendre de votre côté ce dont je parle…
Rencontre unique, une fois de plus… Un beau moment.