Le jour où j’ai tenté de battre le Nissan Juke-R à Dubaï Marina

La fin du séjour dubaïote fut un grand moment. Après la matinée passée à essayer la Leaf Nismo RC, nous avons été convoyés jusqu’à Dubaï Marina, ce gigantesque ensemble de tours cachant un projet une fois de plus pharaonique : construire dans ce nouveau Dubaï (en opposition au vieux centre proche de Khalifa) la plus grande marina du monde, accueillant 120.000 personnes et reliant un gigantesque canal au golfe persique. On ne se rend à vrai dire pas vraiment compte de l’étendue de la chose depuis Palm Jumeirah et notre hôtel qui lui fait face. Il faut s’aventurer dans l’entrelacs de tours pour véritablement prendre la (dé)mesure de la chose.

Une fois ce premier rideau de tours franchis, on découvre alors le cœur et l’on comprend mieux le terme de « marina » puisqu’avant de m’y intéresser, je ne comprenais à vrai dire pas trop l’origine du nom, persuadé qu’il s’agissait simplement d’un amalgame de tours au bord du désert. Grossière erreur.

Je pourrais ensuite vous coller une bonne trentaine de photos des tours, certaines plus exceptionnelles que d’autres mais je vais me contenter de vous en montrer quelques unes que j’ai particulièrement appréciées, à commencer par cette tour torsadée luisant de mille feux au soleil couchant.

Posés ainsi au pied des tours innombrables, on découvre le circuit créé pour l’occasion par Nissan afin que nous puissions tester le Juke-R et surtout le voir évoluer avec quelques unes de ses copines du jour. Mais avant même de parler de ça, je me concentre sur l’essai. Prendre place dans l’un des deux seuls exemplaires au monde est à vrai dire à la fois un honneur et une certaine source de stress ! Hors de question de déraper un peu trop et d’aller s’emplafonner dans l’un des innombrables murs de béton qui jalonnent les virages… Bien installé et sanglé, moteur, on enclenche la première. Le Juke-R est très doux si on ne le titille pas.

En revanche, une poussée franche sur l’accélérateur et le monstre s’éveille. Le V6 de 485ch hurle un bon coup, la masse noire mate s’arrache du sol sans perdre trop de motricité malgré une surface quelque peu poussiéreuse et bien loin du grip d’une route normale ou de celle d’un circuit. C’est à vrai dire brutal et complètement étonnant pour une silhouette pareille. Qui eut cru que ça pouvait pousser aussi sec, un Juke ?

Le freinage est tout autant voire encore plus surprenant, tout comme la directivité de la bête. Quand on mord les freins, la voiture pile sans pour autant trop s’écraser sur son train avant, à tel point que l’on se sent vite en confiance et qu’il faut un petit geste de notre gentil accompagnateur pour calmer le jeu et se remémorer l’exclusivité du bébé et du moment ! De même, on prend les cordes, la voiture vire sans broncher, faisant toutefois bien travailler ses pneus, ça grogne un peu mais surtout, volant encore braqué, on peut mettre pleins gaz et doser la dérive alors que la voiture s’arrache de l’épingle. Jouissif. J’en aurais bien repris quelques tours même si c’était prendre de sacrés risques sur ce circuit pas complètement adapté. Un régal, un souvenir qui restera  bien longtemps gravé dans ma caboche.

Juste avant le roulage, j’ai aussi pu observer le tournage du film relayé il y a quelques jours ici même. Je le disais : Juke-R versus ses copines du jour : une F458, une Gallardo LP560-4 et une SLS AMG ! Rien que ça. Elles ont enchaîné les prises, les drifts, jouant les bêtes de scène en attendant la course, la vraie. Régal des oreilles, régal des yeux.

Petites photos de famille avant la bataille et une photo qu’on croirait sortie d’un studio… Désirables, n’est-ce pas ?

C’est là qu’est intervenue la surprise finale, la cerise sur le gâteau, l’opportunité qui t’arrive une fois dans ta vie. Rien que ça. La cerise, c’est la proposition de prendre l’un des quatre baquets de droite pendant la course ! Nous étions quatre. Quatre baquets, quatre papiers pour un tirage au sort… la Lamborghini est pour moi ! Second meilleur temps aux côtés du Juke-R sur la ligne de départ, énorme bouffée de stress qui monte tandis que « mon » pilote se concentre, parlant peu lui aussi, se transformant peu à peu en machine de guerre. Départ, plein gaz, une folie ! Au début de la course, Juke-R et Gallardo se sont collées jusqu’au premier freinage, je me suis dit qu’on passait, que ça passait mais c’était une folie. Pendant les quelques tours de la course, la Lambo a collé au train du Juke-R et aucun des pilotes ne ménageait ses efforts !

C’est bien le Juke-R qui l’a emporté, quelques longueurs devant la Lambo, la Ferrari et la Mercedes. J’ai lu ici et là que cette victoire était chiquée, que les autres pilotes ne roulaient pas… Pour avoir été dans la bestiole orange, je vous assure qu’il n’en est rien, loin de là. C’était violent, véritablement violent et propre, précis, aucun des gars n’avait envie de lâcher, une erreur étant bien vite venue sur ces surfaces changeantes. Alors, oui, si le Juke-R avait affronté ces voitures sur un circuit traditionnel, peut-être en aurait-il été autrement mais sur un circuit ne mettant pas en avant la vitesse max, le Juke-R les a dominées sans coup férir.Profitez de la vidéo… c’est un régal.

Après son essai et cette course, une chose est sûre, le Juke-R est une machine redoutablement bien née, performante et séduisante sous ses dehors de grosse brute au physique atypique. Les réactions autour de sa genèse, de sa conception, de son lancement et de cet évènement sont globalement positives et je n’attends plus maintenant qu’une version sportive du Juke ! Certes, ce ne sera jamais le Juke-R mais la fibre sportive de Nissan est là pour bien faire les choses. Vivement.