Le Ring of Kerry aurait pu mériter une petite journée supplémentaire de balade et j’avoue avoir un peu hésité mais la péninsule de Dingle, juste au nord, me semblait bien trop mignonne pour être ratée, oscillant elle aussi entre richesses architecturales et paysages splendides.
La journée commence toutefois sous un ciel chargé, grisaillant, ne sachant trop ce qu’il doit faire. Il restera ainsi toute la journée, ne laissant poindre le soleil qu’une fois de temps à autre, mais sans jamais verser d’ondes, faisant ressortir les verts et les bleus de cette côte particulière.
Je commence la balade le long de la côte sud, m’arrêtant à quelques reprises pour admirer la vue à Inch Beach ou bien tenter d’apercevoir le fameux dauphin de la baie de Dingle, Fungie, sans succès. Peut-être que les navires ou navigateurs en paddle ont eu plus de chance ce jour-là ?
Je continue ma route toujours plus à l’ouest jusqu’à rejoindre la fameuse croix de Slea Head. La route est étroite et aussi étonnant que cela puisse me paraître, il y a pas mal de bus de touristes qui croisent et se croisent, rendant la route assez peu sûre. Je ne pensais pas les retrouver ailleurs que dans le Kerry mais ils sont bien là.
Un peu plus loin, un grand parking invite à la balade vers les îles de Blasket et le Blasket Sound qui les sépare de la côte principale d’Irlande. Payez votre obole à l’entrée des chemins et marchez, prenez le vent et savourez le soleil qui se montre au bon moment. Quelle vue, ici, au point le plus à l’ouest de l’Europe.
Je reprends la route et quitte cette pointe ouest pour retourner à l’est, dépassant Ballyferriter pour rejoindre un coin paumé au milieu de la campagne : l’oratoire de Gallarus. Cette petite chapelle, en forme de bateau renversé, est une des formes les plus parfaites de l’architecture primitive irlandaise. Il faut dire qu’elle a pas loin de 1300 ans, tenant sur sa maçonnerie à sec, avec une petite porte d’un côté et une toute petite fenêtre de l’autre. Émouvant.
Autre étape, un peu plus loin sur la route : l’église de Kilmalkedar. Les vestiges de cette église du XIIème sont magnifiques, tout comme ceux de la maison attenante. Le cimetière dans lequel on déambule abrite quelques croix remarquables, tandis que la clef de voûte de l’entrée de l’église affiche un drôle de visage ! A l’intérieur, quelques belles moulures et une pierre d’alphabet !
Je suis désormais le chemin de Brandon. Brandon Creek, le mont Brandon aussi et la route des Saints, un pèlerinage permettant d’en atteindre le sommet. Tout ici est lié à ce fameux Brandon ou Brendan ou Brandan et si je ne ferai pas l’ascension aujourd’hui, météo capricieuse oblige, difficile de passer à côté de ce saint irlandais, navigateur parmi les navigateurs, ayant arpenté l’océan pendant de longues années, rejoignant tantôt les Féroé, l’Islande, les Açores ou les Canaries avant de fonder l’abbaye de Clonfert, dont je vous parlerai dans un autre article !
Il faut depuis ce point contourner le mont Brandon et sa chaîne de monts pour découvrir le reste de la côte nord de la péninsule de Dingle. Après un retour rapide dans la ville éponyme, je prends la route des montagnes : le Connor Pass. Côté sud, une montée en forme d’autoroute, très douce et évasée…
Côté nord ? Une vue incroyable mêlant côtes dénudées, forêts, montagnes abruptes et petits lacs ici et là ! La descente est raide et étroite, on a envie de s’arrêter tous les 100 mètres pour faire des photos !
A mi-chemin de la descente, un petit parking fait office d’invitation. Il ne faut pas manquer de s’y arrêter et pour peu qu’on ait les bonnes chaussures, la petite grimpette à travers les rochers qui le surplombent donnent accès à une vue panoramique sur la vallée d’un côté et de l’autre sur un joli petit lac glaciaire. Solitude assurée et yeux émerveillés garantis.
Après cette grosse claque oculaire, je file vers le joli petit village de Cloghane puis vers celui de Brandon. Belles plages désertes, un pub solitaire, une côte magnifique jusqu’au bout du monde que constitue Brandon Point ! Les falaises sont grandioses et si vous avez un peu de chance, vous observerez les dauphins les longer, croisant paisiblement à quelques dizaines de mètres du rivage. Un moment apaisant, dans le silence le plus absolu qui soit.
C’est évidemment l’heure de rentrer dans le Kerry pour une dernière nuit sur place. Je continue la route côtière jusqu’à Camp, avant de bifurquer dans les terres en direction de Aughils. Les Slieve Mish Mountains semblent vouloir se découvrir en cette fin de journée, offrant des lumières magnifiques à mes yeux, sous le regard curieux voire inquisiteur de quelques moutons.