Singapour et son manque de saveur

Singapour. Point d’arrivée pour mon premier voyage « à l’est » comme on dit… Je connais le Brésil, la Floride, le Maghreb, quelques bouts de l’Europe mais jamais, ô grand jamais, je n’avais mis les pieds en Asie. Autant vous dire que je m’attendais à une claque monumentale, une sorte de dépaysement massif qui me fasse ressentir le manque du pays.

12h d’avion non-stop, 1h de moins que pour le Brésil, rien de nouveau donc mais une belle différence : cette fois je suis majeur et je peux picoler : LA solution pour dormir dans l’avion en ce qui me concerne ! Bilan : 9h de dodo et une arrivée à l’aéroport en toute quiétude, frais et dispos. Valise récupérée en 15 minutes chrono, mon accompagnatrice est quant à elle en retard, petite bouffée de stress ! Elle finira bien évidemment par arriver, « ouf », direction les taxis et le dépaysement commence par la traversée de la ville via les grands périphériques, j’aperçois quelques tours, il fait 35°c, le taxi-driver a une tronche bizarre et conduit vite, on sent le côté tropical (je déconne). Mais rien de plus. Je m’attendais à « plus » mais il fait nuit très tôt et je ne vois finalement trop rien…

Retour du soleil, chaleur moite et vêtements qui collent à la peau et balades interminables dans la ville, à pied, en taxi, de point en point, à la découverte des différents quartiers de cette île-ville. Ce sont les zones « vivantes », plusieurs quartiers aux caractères bien divers : Arab Street, Little India, Chinatown, le quartier des affaires autour de Raffles City et puis Orchard… Chinatown m’étonne. Carton-pâte… tourisme… l’ensemble fait trop neuf, manque de saleté, tout est propre et finalement sans odeur, cela manque clairement de folie. Ah mais oui, Singapour est une dictature moderne, j’avais oublié.

Arab Street et Little India sont en revanche nettement plus agréables à vivre même si le premier subit depuis quelques années un programme de reconstruction qui transforme ses ruelles historiques en quartiers branchés et riches. La grande mosquée reste une petite merveille mais elle est désormais bordée de petites rues truffées de bars tous plus hype les uns que les autres. Drôle de changement pour le quartier qui était avant celui des petites (ou grosses) frappes et de la prostitution ! Le second, Little India, est finalement le quartier le plus authentique, le plus vivant, le plus riche d’ambiances, d’odeurs et de saveurs. Un petit mango lassi dégusté en regardant les passants et quelques touristes paumés par là… Définitivement, si par hasard je reviens à Singap’, je logerai ici.

Et reste enfin le quartier des affaires. Un côté Manhattan complètement assumé avec ses gratte-ciels qui poussent, qui poussent, sans arrêt ! Des rues propres, de belles voitures, des centres d’achats, les malls, dans lesquels j’ai systématiquement refusé de pénétrer. Quel est l’intérêt de voyager pour faire du shopping ?

Mais bref, voilà ce qui en ressort : Singapour manque de saveur, manque d’odeur, manque de folie. C’est une dictature, on le sent en discutant avec les chauffeurs de taxi qui parlent à mots couverts du régime en place… La ville, riche d’un passé historique énorme, s’acharne à raser peu à peu les vieux quartiers (Arab Street par exemple) pour les transformer en résidences, en immeubles… et ainsi faire disparaître ce qui fait l’âme des quartiers, âme qu’on ne retrouve finalement plus que dans Little India. Quelle tristesse, ne restent finalement que certains quartiers historiques ou encore le parc du réservoir et son fort colonial transformé en centre culturel… Petit bonheur que de se balader dans le parc en entendant les accords d’un piano qu’on caresse s’échappant des fenêtres ouvertes.

Le dépaysement est de toute façon bel et bien là… dans les gens qui nous entourent, Singapour est une ville multi-culturelle ! et puis aussi dans la nourriture en provenance de tous les horizons, dans la chaleur étouffante et les paysages… Pas de doute, on est ailleurs, on change notre quotidien. Mais tout ça sent encore trop bon pour qu’on se sente vraiment largué. J’ai passé au total deux jours dans la ville à mon arrivée, et encore deux autres avant de repartir. Point d’arrivée, point de départ. Je ne reviendrai pas. Singapour, « check », c’était sympathique mais définitivement, ça manque de saveur, de folie, de vie finalement.