Nouvelle-Calédonie – Larégnère, Signal et Ponton

Dans le prolongement de l’Îlot Maître se trouve le minuscule Îlot Larégnère, lieu de nidification fort prisé par les sternes… C’est d’ailleurs pour cette raison que je n’y ai pas accosté lors d’une journée d’excursion un peu plus avant le lagon de Nouvelle-Calédonie. Pour cette journée plutôt exceptionnelle, nous avions loué les services des taxis STEMA, une charmante dame nous ayant donc accompagnés toute la journée depuis la Baie de l’Orphelinat jusqu’au Ponton en passant par Larégnère et l’absolu Îlot Signal. Si vous cherchez un taxi boat, demandez-les, ils sont adorables, tout simplement.

Alors on part à travers la Baie de l’Orphelinat, on dépasse les balises et plein gaz en direction de l’Îlot Larégnère après avoir longé le Maître. L’eau d’un bleu profond nous entoure alors qu’en pleine mer on vise un minuscule point et ses eaux cristallines qui l’entourent. Bienvenue à l’îlot Larégnère.

Après cette escale contemplative, on bifurque vers le nord en direction de la fameuse passe de Dumbéa. Cette gigantesque ouverture dans la barrière de corail du lagon est l’un des principaux points d’entrée dans le lagon pour quiconque souhaite jeter l’ancre à Nouméa. Juste derrière la barrière, côté lagon, les eaux sont peu profondes, limpides, d’apparence calmes et surtout terriblement riches. Quelques patates, ces grosses boules mêlant roche et corail parsèment l’étendue turquoise et verte et c’est à côté de l’une d’elle qu’est amarré le fameux Ponton. Utilisé pendant des années puis quasiment abandonné, il a été remis en état et accueille désormais les visiteurs qui souhaitent plonger et barboter dans les eaux chaudes des abords de la passe.

On aborde, on monte, on se retourne. La barrière est là, proche. La patate est un appel à la plongée. La rétine s’imprime. Difficile d’oublier un tel endroit, je resterai marqué toute ma vie par cette journée et par cet endroit. J’aimerais que l’on puisse comprendre mon obsession d’un retour en Nouvelle-Calédonie…

Sous l’eau, un tunnel permet d’observer sans se mouiller. Une immense carangue d’un bon mètre de long se planque sous la coque. Les poissons virevoltent. Il est plus que temps de les rejoindre. Une fois mis à l’eau, il faut bien se rendre à l’évidence : la concentration de poisson au mètre cube est ici démente, pardon, pardon, pardon, ahhh voilà un peu d’eau libre. Le tour de la patate est finalement un peu plus éprouvant que prévu car elle n’est pas si petite qu’elle pourrait le paraître ! On scrute les eaux alentours, on voit tellement loin et jusqu’au fond. On cherche la silhouette fuselée, on ne la trouve pas. Dommage.

Les courants sont forts au niveau des passes qui, selon la légende, abritent chacune un couple de requins tigres. On se fatigue finalement assez vite avec des petites palmes, les grandes palmes sont absolument nécessaires si l’on veut s’éloigner. D’ailleurs je commence à partir vers la patate suivante accompagné de mes acolytes. Soudain, sensation de solitude. Je me retourne, ils sont 50 mètres derrière, me disant de revenir… Rah, les dégonflés ! Car ouais, je ne suis pas non plus téméraire au point de traverser quelques centaines de mètres tout seul dans des eaux inconnues, aussi limpides soient-elles. Tant pis pour le requin léopard qui se vit sur la patate suivante. Je reviendrai. Un ferry traverse la passe sous nos yeux ébahis, on a la sensation qu’il va venir s’écraser sur la barrière. Course poursuite avec lui pour aller pique-niquer sur l’îlot Signal… perdue d’avance !

Le wharf de l’îlot Signal et ses planches plus ou moins décolorées nous accueillent. Nous sommes seuls. Personne, paumés sur un bout de sable, de corail et de pierre en plein milieu du lagon, les côtes de la Nouvelle-Calédonie au loin… L’îlot Signal est ainsi baptisé car c’est ici que la première balise signalant la ville de Nouméa a été installée. Il abritait aussi l’extraction du corail servant à produire de la chaux comme en témoignent ces tas de corail découpé au cœur de l’île sur lesquels les sternes s’ébattent. D’un côté, le platier sans fin et sa plage de corail noirci, les nids d’aigles marins (j’en ai eu un à quelques mètres de moi… quelle majesté !) et la fameuse balise. Le petit tour de l’île et la baignade dans le micro lagon du platier sont une claque supplémentaire.

Pique-nique, digestion, il est temps de plonger autour de l’îlot pour en découvrir les coraux et les poissons. Forcément, après le Ponton, cela semble dérisoire et pourtant une tortue vient nous faire l’amitié de sa visite alors que nous sortons de l’eau ! La fourbe. Impossible de s’en approcher, la coquine se planque dès que l’on se remet à l’eau, même délicatement !

Et alors qu’il faut songer à repartir pour regagner Nouméa, gavés de soleil, gavés d’images, de vent, de sable et d’air brut, cette image s’impose à moi. Peut-être celle qui représente le plus ce voyage, celle qui représente le mieux le crève-cœur, la sensation d’avoir visité un bout du monde, d’avoir vu un absolu.