Canaries – Tenerife – Jour 5 – randonnée dans le Teno à Masca

Voilà, c’est le grand jour, celui où l’on va enfin savoir qui du Teide, de l’Anaga ou du Teno a notre préférence et aura droit à une seconde journée en son sein ! Il fait de nouveau un temps splendide mais le vent souffle avec une certaine vigueur. Depuis la côte est, je rejoins via l’autoroute les abords du parc rural du Teno. Comme l’Anaga, sa qualification de parc rural signifie que l’installation humaine et une exploitation agricole ancienne et raisonnée y sont possibles.

L’autoroute s’arrête à Santiago del Teide, une bourgade sans grand intérêt si ce n’est d’être le bout de la route justement et la porte d’entrée vers le Teno ! Direction Masca et dès les premiers kilomètres, ça tournicote, ça serpente et ça se rétrécit, la route tentant tant bien que se frayer un chemin dans le relief très tourmenté de la pointe nord-ouest de l’île de Tenerife. Il y a un petit côté Anaga ici mais la végétation est différente. Point de forêt laurifère ici, l’altitude est moindre. En revanche, on voit très bien la petite Gomera et le Teide, au loin.

Après quelques kilomètres de cette route fantastique, le ruban d’enrobé atteint enfin les surplombs du mignon petit village de Masca. Vous voyez le guide du Routard ? C’est la couverture. Un promontoire rocheux qui s’avance dans une gorge gigantesque, surmonté d’un petit pic en son bout et couvert de quelques maisons, voilà comment résumer Masca alors que je descends quelques mètres à travers rues et jardins pour rejoindre le point de départ de la randonnée du jour : les gorges de Masca.

Le nom est célèbre mais la randonnée est tout sauf officielle. Les autorités du parc rural du Teno refusent de la maintenir, de la sécuriser et de la mettre au « catalogue » des balades du coin pour une raison simple : trop escarpée, trop dangereuse, trop difficile d’accès en cas d’accident. Des accidents, il y en a eu, justement et je comprends pourquoi en voyant les nombreuses personnes qui arpentent le sentier sans eau, en tatanes, en sneakers, la goguette quoi ! Du grand n’importe quoi.

La randonnée en soi, la numéro 25 du Rother, n’est pas particulièrement difficile pourtant, ni particulièrement longue, mais elle exige un pied sûr et bien maintenu du fait de longues portions passées dans les rochers et éboulis. Surtout, elle n’est à emprunter que par temps sec et dans le silence car le fond du barranco s’inscrit dans une gorge dont les falaises peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres. Si un bout de caillou descend, vous imaginez le résultat… Bref : y aller avec la tête froide et bien équipé et ensuite, savourer.

Les gorges s’abaissent petit à petit mais l’apparence est trompeuse car la mer est encore loin. Le soleil est toutefois nettement plus présent et vient colorer les gorges de belles couleurs. On débouche enfin sur le débarcadère et la jolie plage de Masca. Deux possibilités s’offrent alors à vous : rentrer avec le bateau ou remonter !

La plupart des gens en goguette choisissent la première option, rentrant sûrement à Los Gigantes d’où partent souvent ces excursions que je considère pour ma part comme dangereuses au vu de l’absence d’équipement des marcheurs en question.

Pour les autres, c’est la remontée, tranquille et à pente douce jusqu’à la toute dernière portion, abrupte, rentrant à Masca ! Une belle randonnée au final, faisable en un peu plus de 4 heures si on ne passe pas son temps à s’arrêter pour photographier les falaises ou la faune locale, bien peu farouche.

Derniers mètres avant de s’installer rapidement en terrasse, d’acheter un pot de miel du coin (délicieux) et de reprendre la voiture vers les hauteurs, chacune de ces activités permettant de profiter de la vue sur le piton de Masca. Il est temps de reprendre la route pour traverser le Teno, en direction de El Palmar puis de la côte nord.

L’étape suivante est une ville pas tout à fait comme les autres. Garachico, c’est son nom, fut l’un des ports les plus importants de l’île avant que le volcan la surplombant n’en décide autrement. La ville fut presque intégralement rasée par la gigantesque coulée de lave mais surtout elle fut coupée en deux, sa baie ne devenant plus aussi propice aux navires qu’elle ne l’était auparavant.

Garachico, reconstruite depuis et bénéficiant toujours d’un attrait certain, en sus d’être fortement renommée d’un point de vue touristique, mérite largement qu’on s’y arrête pour admirer son ancien fort, ses belles (mais peuplées) piscines aménagées, ses jolies ruelles et quelques beaux bâtiments. Bref : Garachico, c’est mignon, passez-y et filez trouver une autre piscine au calme.

Oui, les piscines de Garachico sont jolies mais… je ne sais pas, trop de monde, pas envie d’avoir tout ce monde autour de moi. Je suis donc parti en quête d’autres bassins plus tranquilles, un peu plus à l’est sur la côte. Première étape, Charco Del Viento. Après avoir parcouru quelques kilomètres d’une route pas évidente et dépassé quelques bananeraies, on découvre un énorme bassin presque ouvert sur l’océan et doté d’une jolie sur les flancs du Teide. Trop de courant, pas complètement convaincu. Sous le soleil (autrement dit pas en hiver), en revanche, ce sera parfait, notez-le !

Tentative suivante, à quelques encâblures : Charco de la Laja ! Cette fois-ci, c’est la bonne. Petit bassin mignon tout plein, pas un chat, une eau agréable et une lumière splendide pour la fin de journée. La baignade parfaite pour se délasser après la belle randonnée des gorges de Masca dans le Teno.

Une bien belle journée encore, avec de beaux points positifs mais quelques points négatifs aussi. Le parc rural du Teno est assurément splendide mais c’est aussi le parc le plus fréquenté après le Teide avec des excursions à la journée sillonnant les lieux : beaucoup de trafic, beaucoup de bus, beaucoup de très mauvais conducteurs sur des routes vraiment étroites.

Cela fut une vraie source de gêne et même si les paysages traversés étaient splendides, je n’ai pas trouvé cela nettement plus beau que le parc naturel du Teide ou celui, rural, de l’Anaga. La bataille étant déjà gagnée par ce dernier contre le volcan, vous aurez compris où passer une journée supplémentaire si d’aventure votre balade sur l’île de Tenerife se prolonge d’une journée pendant laquelle vous ne savez trop quoi faire. La réponse est simple : retourner randonner dans le parc rural de l’Anaga.

La carte de cette journée de roadtrip à Tenerife :