Dubaï – Carton-pâte et constructions inachevées

Je vous parlais des choses que j’admire à Dubaï, il y en a d’autres qui me laissent nettement plus dubitatif, à commencer par les gigantesques malls destinés au shopping des locaux et touristes venus faire leurs emplettes entre deux bouffées de climatiseur. L’exemple le plus flagrant de cette absence de délicatesse et de déni d’une certaine forme de culture au profit d’un capitalisme dégueulasse et vulgaire, c’est le Mall Emirates et sa piste de ski. Sérieusement, pourquoi une piste de ski ? Bon, soit, ça peut faire rire et c’est sûrement très sympathique pour les locaux mais quand bien même mon compte en banque déborderait d’une masse incalculable de fric, je saurais raison garder. Les dubaïotes ont semble-t-il un peu plus de mal avec ça.

Dans le même style, il y a Medinat Jumeirah, un gigantesque complexe commercial et touristique donnant sur Burj Al Arab.

Les restaurants (dont un très bon, perse) bordent de splendides canaux, de petites barques sillonnent l’endroit tandis qu’une musique souvent immonde nous assène son rythme atroce dans les oreilles. Un souk trône non loin de là, rempli de boutiques tout sauf authentiques et complètement orientées luxe. Autrement dit, bienvenue au royaume du carton-pâte ! Cet endroit est stupéfiant, il est faux, il respire le neuf, le complexe touristique sans âme… et pourtant on y mange bien, on y passe un bon moment et on se surprend à sourire en observant la richesse des détails, la qualité du travail accompli.

Pourtant, dès que l’on quitte le centre de Dubaï, au delà de ces quelques kilomètres construits et aboutis, on pénètre dans une sorte de no man’s land dans lequel un grand nombre de constructions sont en cours d’achèvement. L’argent manque à Dubaï, l’émirat s’est pris la crise en pleine face, tempête de sable puissance 20… Bilan, un grand nombre de chantiers sont arrêtés, quelques autres continuent sous le regard des tours majoritairement vides pour cause de loyers bien trop élevés. Dubaï a souffert mais ne semble pas vouloir s’arrêter de grandir pour autant, faisant face au désert qui l’a vu naître.

Le soleil se couche sur la Marina. Au loin, la source de la richesse des émirats est là, pas encore tarie… Il reste encore un peu de temps pour achever la construction de la ville, pour donner un peu de patine à cette débauche de neuf et qui sait, lui laisser le temps d’acquérir une âme car elle en a désespérément besoin.