Sony Reader – le « livre » électronique

 Cela fait déjà quelques temps que Sony communique à l’étranger sur son Reader, un eBook, format censé remplacer une partie de la presse papier et/ou de la production de livres à proprement parler. Le bestiau s’est répandu aux US, en UK, avec un certain succès semble-t-il (désolé, j’suis pas journaliste, donc je n’ai pas de chiffres) et il arrive bientôt en France, certains grands magasins communiquant massivement dessus.
Je ne sais trop qu’en penser en fait … et je suis partagé entre plusieurs sentiments.
D’un côté, je trouve ça assez cher pour ce que c’est (pas loin de 300€). Certes, ça permet de lire très facilement et semble-t-il confortablement. Certes, ça permet aussi de remplacer un bouquin grand format ou même un poche par un objet unique de format réduit, léger et théoriquement plus résistant qu’un livre … Mais tout de même, ce n’est pas un produit technologique « démentiel ». En plus de ce prix d’achat assez élevé, il faut aussi garder en tête la nécessité d’acheter en plus des œuvres par la suite, pour lire ! Bref, l’aspect purement financier du produit me semble un peu difficile à accepter, malgré le design Sony et le côté sobre et épuré de la bestiole.
Après, il faut bien se rendre compte que c’est aussi le premier eBook lancé par un grand constructeur avec une volonté de démocratisation et d’une modification (à terme) massive de l’appréciation des consommateurs vis à vis du produit « livre ». C’est bien ça qui m’embête puisque je suis ce qu’on peut d’ores et déjà appeler un « vieux con réfractaire » !
En effet, j’ai un rapport très intime au papier, au livre, à cet objet si fragile mais qui traverse le temps et nous transporte, par son histoire propre mais aussi par l’histoire qu’il rapporte. J’ai du mal à imaginer certaines œuvres transposées sur un format électronique, si froid, si impersonnel, si dénué d’âme …
A l’inverse, je me dis qu’avoir cet objet au quotidien, dans le bus, au bistro du coin … pour lire quelques pages ou pour feuilleter les nouvelles du jour, doit être tout à fait pratique et cela me séduit vraiment. Moi qui suis un maniaque de l’état de mes livres, je répugne à les transporter sans y faire attention … Lire dans les transports en commun, avec ces gens qui viennent écraser ton livre sans y faire attention n’est pour moi pas envisageable. Transporter une œuvre, même un poche à « pas cher » sans protection est une inquiétude de tous les instants. Alors voilà, cette « chose » sans âme me permettrait de lire au quotidien, sans risquer d’abîmer ces objets qui me sont chers …
Je pourrais tout à fait « posséder » les livres chez moi, pour quand je suis posé au fond de mon canapé, musique douce, thé ou café et lapin aux affuts, attendant que j’oublie négligemment le bouquin à portée de ses dures quenottes ! Et pour la mobilité, adopter ce gadget potentiellement utile …
Mais lire là dessus … Il faut que je teste. Je n’arrive pas à me rendre compte, je reste sur cet à priori : cette « chose » n’a pas d’âme, n’a pas d’histoire à me raconter, ne peut pas me faire vibrer et m’apporter la sensation inimitable du papier crissant sous les doigts, comme une caresse perpétuellement renouvelée.