Spin – Axis – Robert Charles Wilson

Voici deux romans que j’avais dans mon escarcelle depuis quelques temps et que je me suis décidé à lire pendant et juste après la semaine sarde en septembre. Comme je vous l’ai déjà dit, Robert Charles Wilson fait partie de mes auteurs favoris, aussi me suis-je plongé dans le premier roman, Spin, avec délectation.

Une nuit d’octobre, Tyler Dupree, douze ans, et ses deux meilleurs amis, Jason et Diane Lawton, quatorze ans, assistent à la disparition soudaine des étoiles. Bientôt, l’humanité s’aperçoit que la Terre est entourée d’une barrière à l’extérieur de laquelle le temps s’écoule des millions de fois plus vite. La lune a disparu, le soleil est un simulacre, les satellites artificiels sont retombés sur terre. Mais le plus grave, c’est qu’à la vitesse à laquelle vieillit désormais le véritable soleil, l’humanité n’a plus que quelques décennies à vivre… Qui a emprisonné la terre derrière le Bouclier d’Octobre? Et s’il s’agit d’extraterrestres, pourquoi ont-ils agi ainsi ?

Que dire de ce roman si ce n’est qu’il constitue l’une de mes plus grosses claques science-fictionnesques de 2011 ? Dans ce livre à l’ambition bien planquée dans les premières pages, on suit le destin de ces trois personnages, l’un extraordinaire, les deux autres orbitant autour de sa trajectoire exponentielle. Jason Lawton est le génie de ce livre, il représente la science. Diane quant à elle va représenter le mysticisme et la religion tandis que Tyler, spectateur et acteur à la fois des actes de ce roman, va s’intégrer tant bien que mal dans les univers de ses amis.

La fable est belle, science et religion s’opposant et se rejoignant à la fois, intimement et intrinsèquement liées mais se déchirant au cour de débats arbitrés à l’aune des faits incompréhensibles qui s’abattent sur la planète Terre. Voilà donc un débat de fond qui structure le roman et les relations humaines, leur évolution. Ce premier niveau de lecture est brillamment mené mais les autres ne sont pas en reste. Le roman se veut aussi une fable humaniste, dépeignant les réactions de l’Humanité face à cet inconnu démesuré, face à une échéance temporelle à l’issue définitive et catastrophique. Wilson verse ici dans une sorte de pré-apocalypse parfaitement décrite et terriblement tangible.

Enfin, il y a la science. Le Spin et tout ce qui va ressortir de son étude… Dans ce livre, Wilson se permet tout simplement de faire un résumé d’un grand nombre des thèmes de la science-fiction : terraformation, espace-temps, réseaux intelligents, exploration spatiale, modifications géniques et ainsi de suite. Un condensé qui pourrait tendre vers la simplification à outrance afin de pouvoir tout traiter. Il n’en est rien car chaque sujet est maîtrisé, décortiqué et tend vers un aboutissement, vers la somme qu’est ce roman appréhendé dans son ensemble. Une vraie grosse claque, un roman qui ma foi mérite une jolie place au panthéon des livres de SF.

J’aimerais pouvoir en dire autant d’Axis, la suite de Spin à quelques décennies près. Si Spin m’a terrassé par son ambition, j’ai été en revanche quelque peu atterré de ne trouver en Axis qu’une simple suite, une poursuite sur les thèmes déjà posés. Bon. Il faut bien voir que le premier roman était un monstre et qu’il paraît difficile de sortir une trilogie de niveau égal. Disons simplement que dans ce second roman, Wilson n’apporte que bien peu d’éléments supplémentaires et se contente de dérouler une nouvelle histoire, forte de quelques personnages déjà vus dans le premier opus.

Menacée par un Soleil qui se transformera bientôt en nova, la Terre vit ses dernières années. Pour la plupart, les hommes ont franchi l’arc des Hypothétiques et se sont installés sur le Nouveau Monde, Equatoria, notamment dans sa capitale, Port Magellan. C’est à partir de cette agglomération tentaculaire, hétérogène telle l’humanité, que Lise Adams cherche son père, un scientifique qui a disparu depuis bien longtemps et avait peut-être découvert quelque chose sur l’énigme que représentent les Hypothétiques. Alors que Lise tient enfin une piste sérieuse, grâce à son ancien amant Turk Findley, d’étranges cendres se mettent à tomber sur le Nouveau Monde. Et si celui-ci, tout comme la Terre, était condamné à brève échéance?

Bien sûr, la question des Hypothétiques devient la plus importante. Leur nature exacte, leur manière de penser, soit… sauf que nombre des réponses que recherchent Lise et Turk étaient en fait déjà fournies dans le premier roman au travers de Jason ! On se retrouve à brasser avec eux des informations dont on connaît déjà la nature en attendant désespérément un nouveau petit quelque chose croustillant à se mettre sous la dent. J’imagine que l’auteur s’en est peut-être rendu compte et qu’il s’est dit qu’il devait nourrir ses lecteurs puisque les dernières pages du roman apportent leur lot de nouvelles réponses mais aussi de questions.

Questions auxquelles le troisième tome se chargera, on s’en doute, de répondre. Mon souhait est qu’il soit du niveau de Spin… Toutefois, d’ici à sa parution, je vous conseille de faire gentiment l’impasse sur Axis mais de vous ruer sur Spin qui est un véritable régal de lecture.