Essai – Peugeot 308 THP155

Dire que j’étais quelque peu frustré d’avoir raté la session d’essai organisée par Peugeot début septembre est un euphémisme tant les commentaires de la presse et de mes comparses blogueurs semblaient aller dans le même sens : je ratais une excellente voiture. Deux mois plus tard, j’ai enfin pu trouver un créneau pour essayer celle qui se veut être la nouvelle référence du segment C dans sa version THP155 et finition Allure Pack. En attendant les versions GT (diesel 163 et essence THP200) l’an prochain, cette motorisation coiffe la gamme tandis que la finition dont je disposais est le niveau 3 sur les 4 disponibles avec des options additionnelles ; j’avais donc entre les mains un très bon niveau de dynamisme / finition, de quoi me faire un premier avis général sur la nouvelle née de la marque.

A l’extérieur, force est de constater que les designers de la marque continuent le travail amorcé avec 508 et confirmé avec 208 : il faut oublier la génération passée, indéniablement ratée et sans saveur. 308 n’a plus rien à voir avec 308. On retrouve par conséquent la nouvelle identité Peugeot un peu partout. A l’avant : un capot intelligemment travaillé, la calandre flottante, regard plus travaillé surligné de feux full led, blason au Lion trônant sur le capot, lèvre et inserts chromés sur la partie basse du bumper. A l’arrière : des feux semblables à ceux de la 208, venant mordre sur les flancs et dynamisant de fait la ligne. Enfin, les flancs sont creusés, créant une ligne de fuite qui elle aussi permet de garder du dynamisme dans la ligne. En clair, cette Peugeot 308 a le volume et le classicisme d’un véhicule de son segment d’un strict point de vue proportions mais elle se démarque de la concurrence au travers de son identité visuelle. Là où l’ancienne 308 avait presque moins de charisme qu’une Golf VI, cette nouvelle mouture écrase la Golf VII en terme de présence visuelle.

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A l’intérieur, le constat à l’ouverture de la porte est immédiat : Peugeot a tout revu et corrigé ! Oubliez donc ce que vous pensiez des anciens modèles, 308 est totalement différente. La grande nouveauté pour moi, c’est la qualité des plastiques mousseux que l’on retrouve sur la planche de bord, la console centrale et un peu partout ailleurs. Peugeot a mis les petits plats dans les grands et livre un habitacle remarquablement bien fini et assemblé. Je me suis cru ailleurs tout en retrouvant le fameux petit volant introduit sur 208 et sur lequel je ne reviendrai pas : je l’adore même si ses boutons en plastique moche me choqueront toujours. J’ai également été un peu déçu par la qualité de certains matériaux puisque le niveau Allure dont je disposais est bien le niveau 3/4 : par exemples les plastiques dans les zones inférieures ou ceux des différents boutons (vitres, volant, etc.). Tout de même, modérons quelque peu ce propos négatif car je suis au global très satisfait de ce que la marque propose.

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Seul défaut d’ergonomie en ce qui me concerne dans tout cela : la trappe située derrière le bouton de serrage du frein de parking. Son ouverture est difficile du fait du bon ajustement et de la quasi impossibilité de saisir le rebord qui sert à l’ouvrir. Pour le reste, rien à redire je crois, notamment avec le toit vitré intégral qui illumine l’habitacle et sait transformer les longs voyages en moments agréables. Un must-have découvert sur 508 RXH et que j’ajouterais forcément à une éventuelle commande chez Peugeot. Autre bonne surprise : le système son conçu par Denon qui, combiné justement au toit et au bon confort de la voiture, aide lui aussi au raccourcissement des voyages ! Très bon son, belle insonorisation et la sensation au final de ne quasiment rien entendre de ce qu’il se passe de mineur à l’extérieur. Une petite surprise en revanche : le compte-tours inversé ! Il faut un petit temps d’adaptation pour se rendre compte que quelque chose cloche mais la chose ne s’avère pas gênante à l’usage. Il faudra toutefois le vérifier sur les versions les plus performantes de la voiture tandis que les semi-baquets sont d’ores et déjà prêts pour un rythme bien élevé. Excellent choix de sièges, tout simplement.

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Enfin, j’ai vraiment eu beaucoup de mal avec le régulateur adaptatif, que je trouve raté. Si une voiture déboîte devant vous avec un faible différentiel de vitesse, la coupure de gaz / remise de gaz manque de progressivité et de confort. Enfin, avec un déboîtement tardif de la part de l’autre conducteur, autrement dit avec des distances de sécurité non respectées comme certains savent si bien le faire, le régulateur se coupe et vous indique le message suivant : « reprenez le contrôle »… Point de freinage automatisé donc, pas de régulation réellement adaptative. C’est fort dommage car à mes yeux, un régulateur adaptatif est justement un équipement que l’on peut enclencher en début de parcours et couper à l’arrivée (péages exclus !). Enfin, dernier défaut pour ce qui est de régler l’intervalle de temps entre la voiture qui nous précède et la suivante : l’écran central n’indique pas ou bien très tardivement le fait que la voiture située devant nous approche de l’intervalle de temps réglé et que la 308 va donc se mettre à réduire la vitesse. Ceci, combiné au premier défaut du paragraphe, donne une conduite hachée et moins confortable, à moins de vouloir rester vissé sur la file de gauche comme beaucoup de conn*rds. Dommage, finalement, mais cela rejoint ce que je pense des 3/4 des régulateurs adaptatifs : autant s’en passer…

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L’ultime grande nouveauté à l’intérieur concerne la console centrale, totalement dénudée et ne regroupant que quelques commandes. Tout le reste est ailleurs, piloté par le splendide écran central. L’ensemble est tactile et se pilote aisément, y compris la partie climatisation. J’avais lu ici et là quelques critiques à ce sujet, critiques que je ne partage absolument pas car j’ai été totalement conquis par le système. La qualité de l’écran est bonne, sa réactivité excellente et les logiques de fonctionnement globalement cohérentes. Pas de quoi se perdre dans les méandres des réglages donc, il suffit d’avoir un cerveau et de se laisser guider.

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Allez, passons aux choses sérieuses. Vous l’aurez compris au travers de quelques remarques, j’ai vraiment apprécié les 1111 km passés au volant de cette voiture (avec une consommation à 8.7 L/100 – raisonnable vu mon rythme). En conduite coulée, l’ensemble moteur / boîte est bon et dispose d’un bel agrément, entre couple disponible à bas régimes (THP oblige) et puissance bien suffisante en général au vu du poids du véhicule. L’embrayage est lui aussi agréable, tout comme la pédale d’accélérateur. En revanche, Peugeot a péché sur la partie amplification avec un saut brutal de la pression de freinage. En clair, si on oublie de lécher la pédale et qu’on appuie plus fort, on ne freine pas plus fort, on tape un freinage d’urgence ! Cette façon de voir le freinage n’est pas forcément un mal en conduite dynamique avec notamment un bon ressenti de la pédale mais peut s’avérer ennuyeuse en conduite normale où une pédale un peu plus progressive n’aurait pas été un mal. En tout cas, pas de doute, les disques de 304 freinent fort, trop fort parfois, à basse vitesse et en mettant 13 bar au lieu de 10 à la pédale. Sensible, la bestiole. Quoiqu’il en soit : 308 est une réussite dès qu’il s’agit de la conduire à un rythme normal, s’avérant un parfait compromis entre ressenti de la route et confort, une invitation réussie aux voyages au long cours.

En mode bien plus dynamique, la 308 se montre redoutable. Là où 208 excelle déjà avec son petit volant, 308 se montre tout aussi joueuse et agréable. C’est bien simple : ce petit volant est une invitation à manger les cordes. Dont acte. Freinage mordant et à priori endurant, direction réussie avec le petit volant magique, sièges offrant un très bon maintien sur une version pourtant tout sauf GT/GTi, boîte aux guidages et verrouillages corrects, il y a de quoi faire avec cette 308 ! Je me suis retrouvé plusieurs fois une à deux roues dans l’herbe, coupant des cordes sans me poser une seule question tant la liaison au sol de la voiture est saine. Ce châssis se montre d’une efficacité diabolique, y compris dans les conditions de mon essai, sur des routes particulièrement sales et grasses.

L’ESP ne se fait que rarement remarquer, le train avant se montrant bien aidé par les Michelin choisis par la marque. En revanche, l’étagement de la boîte qui se montre agréable en conduite normale, se montre fortement perfectible en conduite sportive. La troisième et la quatrième tirent très long et la cinquième s’engage aux alentours de 190 km/h (sur circuit, évidemment). Autrement dit : la 5 et la 6 ne servent globalement à rien dans ces conditions puisque l’on se retrouve d’ores et déjà non loin de la vitesse maximale. Dommage, même si cela ne ternit que très peu l’excellent bilan dynamique de cette voiture, bilan d’autant plus excellent que je ne me suis pas une seule fois fait peur malgré des conditions de routes pas idéales et un rythme élevé afin d’échapper à quelques chasseurs (j’ai du sauver du gibier à force de faire sonner le moteur) ! Je plaisante, bien sûr, mais le bilan ne change pas : 308 est une réussite d’un strict point de vue dynamique et son agilité avec cette « simple » version 155 chevaux n’augure que du bon pour les versions à venir.

308 est donc une réussite générale. Ligne extérieure mêlant savamment classicisme du segment et identité dynamique de la marque ; habitacle soigné, bien équipé, agréable et globalement abouti ; comportement au long cours remarquable et enfin comportement dynamique au niveau de ce que l’on attend d’une Peugeot : tous les ingrédients sont en théorie réunis pour faire de cette voiture une indéniable réussite et la nouvelle référence du segment.  C’est tout le mal que je souhaite à la marque !

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