Essai – Mazda Rx-8

Du moteur rotatif, je ne connaissais avant cet essai que la technologie, le nom, quelques caractéristiques et j’observais avec une certaine fascination les quelques Rx-8 que je croisais dans la rue ou sur la route. Fascination par l’inconnu. Vous me direz que c’est une voiture et c’est vrai que ça a quatre roues, un moteur, une boîte de vitesses, un habitacle et tout le reste, mais les entrailles sont si particulières, on a envie de les faire ronronner, de comprendre pourquoi ces moteurs et les voitures qui vont avec ont un vrai parfum d’exotisme et d’unicité. Aussi, quand Mazda m’a proposé de faire le trajet jusqu’au Mans au volant d’un des derniers Rx-8 « neufs » de France (il n’avait que 100 km au compteur quand je l’ai récupéré), ma réponse ne pouvait être qu’un grand oui.

Penchons nous tout d’abord sur les lignes extérieures, terriblement d’actualité ! La voiture est née en 2003, avant de subir un gros lifting en 2008. 5 ans plus tard, la ligne n’a pas pris une ride et s’inscrit parfaitement dans la circulation mais aussi dans les codes Mazda. Le secret de cette ligne intemporelle : ne pas trop en faire, des courbes fluides, un joli nez, des arches de roues avant bien dessinées et un capot dont le bossage rappelle la forme du piston triangulaire qui l’anime. Les roues ne sont pas surdimensionnées, la ligne d’échappement pas trop présente et seul le petit becquet à l’arrière a pris un petit coup de vieux. L’ensemble reste, oui, fluide, classique. Je me dis que cette voiture sera toujours aussi belle dans dix ans, au même titre qu’une Peugeot 406 Coupé par exemple. Quelle voiture de la production de l’époque et actuelle peut se targuer d’une telle longévité à l’heure des voitures au design jetable ? Vous l’aurez compris : j’aime.

A l’intérieur, on retrouve l’écosystème de la marque : simple, efficace, globalement de bonne facture malgré quelques plastiques moches, un bilan qui n’est pas sans rappeler celui de la Mx-5 à dire vrai. Des voitures d’ingénieur dit-on. C’est ça. L’essentiel est ailleurs. Le levier de vitesses tout d’abord, dont la forme rappelle là-aussi le piston rotatif, les fantastiques baquets à l’équilibre confort / maintien excellent, le petit volant à jante fine… L’ensemble fleure bon le sport, le plaisir automobile simple, à quatre ! Car oui, Rx-8 est une quatre places avec un système d’ouvertures des portes arrière quasiment unique (unique ?) dans la production automobile. Certains devraient s’en inspirer tiens…

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On n’a pas encore parcouru un kilomètre que je suis déjà sous le charme de cette voiture, extérieurement et intérieurement. J’ai l’impression d’être dans un gros Mx-5, je suis un peu chez moi en fait. Je pose les yeux sur le compte-tours. Hum. 10000 tr/min. Sérieusement ? Bon, ok, contact, voyons-voir ça.

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Il faut être prudent et délicat avec ces voitures, déjà parce qu’elles sont neuves et peu rodées, ensuite parce que le moteur rotatif mérite d’être mis en température (comme n’importe quel moteur à dire vrai) avant d’être sollicité. La sortie de Paris se fait donc à un train de sénateur, les 231ch et 220Nm n’ont guère l’occasion de s’exprimer puisqu’ils sont présents haut dans les tours. Toutefois, dès ces premiers tours de roue, quelques constats sans appel s’imposent. Mazda sait faire des boîtes, on le savait. C’est particulièrement vrai avec la boîte du Rx-8, précise, aux débattements très courts et verrouillage précis et agréables. Une fois de plus, j’aimerais que tous les constructeurs de boîte méca se fournissent chez Mazda… Ensuite, le moteur rotatif est… surprenant ! Très creux à bas régimes, il permet toutefois de s’insérer dans la circulation en restant tranquillement en dessous de 4000 tr/min. 4000. C’est le régime maximum d’un mazout non ? Bref. En tout cas, pas d’inertie, pas de vibrations à l’arrêt et un doux ronron aux oreilles. Le caractère unique de cette voiture est présent même quand on déroule sans volonté aucune d’affoler les aiguilles. C’est que je m’y attacherais déjà !

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La machine est chaude, les pistons tournicotent doucement dans leur réceptacle, ne demandant qu’à être quelque peu accéléré autour de son axe ; je suis donc contraint de lui obéir. La première accélération franche m’emmène à 7000 tr/min ou un peu moins, il y a déjà un monde entre ce que j’ai connu et ceci. De 0 à 4000, il ne se passe pas grande chose, on déroule. De 4000 à 7000, il y a déjà un peu plus de monde sous l’accélérateur et le dos commence à se plaquer dans le siège tandis que le son dans l’habitacle change. A la fois rauque et aigu, je ne sais pas, unique. Le rapport supérieur claque tandis qu’un regard amusé dans le baquet de droite sous-entend que j’avais encore TELLEMENT de temps. Dont acte. Allons voir ce qu’il se passe au delà de 7000…

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Repartons donc de 0, en première. Enfin, du ralenti. Première, 8500 tr/min. Seconde, 8500. Troisième, 8500. Quatrième, 8500. Cinquième, 8500. Folie furieuse. En passant ses rapports au maximum, on retombe systématiquement à 6500-7000 tr/min et c’est donc reparti pour un tour ! Ce moteur est un pousse au crime, une arme à faire frémir les oreilles de bonheur et à faire sourire un mec ayant fait vœu de tirage de gueule ! De 7000 au rupteur, le birotor hurle et délivre sa puissance dans une orgie sonore, on se croirait à dire vrai au guidon d’une bécane tant ça tourne vite. J’ai du mal à dire vrai à expliquer ce que ça fait de se retrouver dans une voiture confortable au quotidien, sur petites routes et autoroutes à vitesses légales et qui, quand on la taquine, se met à chanter comme une moto. Il faut le vivre pour le croire mais une chose est sûre, je n’oublierai jamais ces montées en régime et le « bip » qui signale au couillon souriant derrière le volant qu’il est temps d’enquiller le rapport suivant.

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Une excellente boîte, des trains roulants aux petits oignons malgré un poids conséquent, des freins mordants et plutôt endurants, une direction qui vous dit tout de la route sans vous casser les poignets, un DGL qui aime s’amuser et enfin un moteur unique. Ce Rx-8 a tout pour plaire à l’amateur de GT / sportive désireux à la fois de faire beaucoup de kilomètres dans un excellent confort tout en se réservant la possibilité de dégoupiller efficacement. Ne serait-ce la consommation (16 l/100 sur les 1000 km parcourus) goulue du moulin, on pourrait presque dire que cette voiture était parfaite à sa sortie et reste un énorme coup de cœur, à ce jour. C’est bien ça, Rx-8, un choix déraisonnable, passionné : peu importe la consommation, pourvu qu’on tape les 9000 tr/min.

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Si d’aventure vous souhaitiez en acquérir une en état quasiment neuf (promis, nous avons été réellement sages au volant de ces bestioles), il en reste quatre à la concession Euro des Nations dans le Val-De-Marne… Pour cela pas de miracle, il faudra bien entendu vous délester de quelques euro mais vous aurez indubitablement l’une des machines les plus uniques que j’aie pu conduire sans abandonner votre confort quotidien.

Ne me reste plus qu’à poser la question qui fâche et qui enthousiasme à la fois : elle arrive quand la Rx-9 avec les technologies SkyActiv appliquées au moteur rotatif… ? Hein, Mazda, dis, tu la fais hein ?