Versailles photographié – 1850-2010 / un moment unique…

Samedi. Un froid de canard nous pousse dans le Palais des Congrès de la Porte Maillot, on attend le bus Flickr qui va nous emmener au Château de Versailles pour découvrir, de nuit, l’exposition « Versailles photographié – 1850-2010 » lancée le 26/01 et se clôturant le 25/04.

Et on y arrive, dans cette galerie de l’aile Nord de 100 mètres de long sont exposées quelques 150 clichés, répartis par thème : historique, architectural, naturel (le parc…) et enfin plus cinématographique. Pas de chronologie donc mais une succession d’images tant d’anonymes que de personnes connues ou de photographes renommés.

C’est là que j’ai décroché par moments tant certains clichés m’ont semblé déplacés dans une exposition « photo » où pour moi la qualité photographique se doit d’être irréprochable. Autant je comprends l’intérêt des clichés historiques plus ou moins réussis, autant je ne comprends pas l’intérêt de mettre une photo contemporaine de Karl Lagerfeld sans aucune construction ni intérêt photographique, si ce n’est pour dire que c’est Karl Lagerfeld qui l’a prise. De même, comment faire cohabiter des clichés de Michael Kenna, sublimes d’atmosphère avec celui de Jean-Baptiste Leroux de 2001 qui ressemble à un vilain HDR ? Exercice clairement casse-gueule et du coup en se baladant le long de cette galerie, on alterne sans transition entre divers sentiments : le respect absolu pour le lieu, l’émerveillement face à certains clichés (quelques exemples ci-dessous) et la franche interrogation moqueuse face à d’autres qu’on imagine plus volontiers dans son ordi perso en photos de vacances… La photographie ne supporte pas l’hésitation, le manque de précision, elle a gagné avec son caractère « contemporain » une approche artistique qui nous rend exigeants quant à ce que nous découvrons dans une exposition « photo ».

Voilà, vous allez vous dire que j’abuse à gueuler ainsi ? Après avoir échangé avec plusieurs des autres invités ce soir là, je me suis rendu compte que ce sentiment était assez unanime : de très beaux clichés, des ambiances splendides, mais aussi des photos qu’on n’imagine partout sauf là… Dommage.

Enfin, toujours est-il qu’à cette occasion, le Château et Flickr se sont associés pour lancer un concours nommé « Reflets de Versailles »… Le but : produire une image au format « paysage » mettant en valeur les jeux d’eaux, de lumière, de couleurs, de perspectives qu’offre ce chef d’œuvre d’architecture et de prestige royal, presque unique au monde. Le gain : voir sa photo sélectionnée et affichée sur le site du Château, certes… mais surtout avoir accès aux moindres recoins du palais : appartements, salons, opéra, jardin, seul à seul avec l’Histoire et la possibilité d’immortaliser à sa façon l’un des joyaux de l’histoire de France.

Cette soirée exceptionnelle était aussi l’occasion de voir que le Château de Versailles est dans une dynamique très positive quant à l’innovation (choix artistiques, expositions, communication) et à sa présence sur les nouveaux médias (nouveau site depuis 2009, présence sur Facebook, Youtube, Flickr, iTunesU, etc.) : une présence numérique accrue, complètement en phase avec le présent de notre société, sans pour autant brader ou déprécier l’héritage fabuleux qu’il représente. Plaisant, vraiment, de voir un tel joyau mis en valeur de manière si actuelle.

J’ai bien dit soirée exceptionnelle ? Oui. Clairement, « protocole présidentiel », comme ils disent au Château, à savoir : vide et complètement ouvert juste pour nous… une expérience absolument unique, pour ne pas dire royale. Imaginez les appartements royaux vides, la Grande Galerie des Glaces simplement ouverte pour vous, imaginez qu’il est possible de s’entendre marcher à Versailles dans telle ou telle pièce quand d’ordinaire les pas d’un nombre incalculable de visiteurs résonnent dans un brouhaha tout sauf inaudible.

Sensations indicibles… expérience unique… Ces quelques images, immortalisées tant bien que mal resteront avant tout gravées dans mon crâne tant la chance que j’ai eue, une fois de plus, est énorme.