Un premier cri …

Comment être plus en accord avec la vie qu'en harmonisant la naissance de mon neveu (cf. article de cet après midi) à l’avant première du film Premier Cri.

Indescriptible, mystérieux et tellement personnel, ce film nous insère dans la vie de ces femmes sans outre passer l’intimité, la caméra se pose en tant que témoin, sans jeu d'acteur, elle ne porte aucun jugement sur les méthodes, elle ne fait que nous montrer ce à quoi elle assiste, parfois impuissante, parfois triomphante.

A travers ce "film/documentaire", on assiste à l’accouchement d’une quinzaine de femmes à travers le monde : tribu Massaï, Sibérie, Paris, Japon, Chine, Canada, Mexique …

Qu’on soit dans une piscine avec des dauphins, sous une tente dans le désert, sous la glace en Sibérie ou dans une clinique, aucun accouchement n’est plus beau qu’un autre, car quelle que soit la manière, donner la vie reste le but ultime de toutes ces femmes. 

Ce film nous montre non seulement la beauté de la vie, mais aussi les inégalités de ces femmes face à leur accouchement. Certaines n’ont pas le choix, elles accouchent où elles peuvent, alors que d’autres qui pourraient avoir tout le "confort médical" préfèrent rester chez elles en risquant leur vie et celle de leur bébé. Nous ne sommes certes pas là pour juger, mais donner la vie peut être synonyme d’accepter sa propre mort, et en cela il n’est rien de plus cruel.

Le film se termine sur cette très belle histoire : 

" Selon une légende talmudique, lorsqu'un enfant naît, il possède encore le savoir ultime de ses vies antérieures. C'est alors qu'un ange apparaît et lui enjoint de tenir ce savoir secret. L'ange pose son doigt sur la lèvre de l'enfant et à cet instant précis, le bébé oublie tout pour entrer dans la vie. Du geste de l'ange, il reste une trace : le petit creux qui dessine un fossé entre notre lèvre supérieure et la base de notre nez…
Alors seulement, il peut pousser son premier cri. "

Il n’y a pas de mots assez forts pour dire ce que l’on a ressenti au visionnage de ce film, car chacun ressent les choses à sa façon, preuve s'il en est besoin avec une petite anecdote "marrante" quoique quelque peu homophobe (on s'en excuse, mais c'était tellement "cliché" …), nous avions devant nous un couple d’hommes, dont l’un a passé la moitié du film à se cacher les yeux pour ne pas regarder en face l’expulsion d’un bébé sous l’eau (je le rappelle, il n’y a aucun gros plan), ou même la réception du bébé (recouvert d’une pâte blanche certes) par leur maman qui en pleurent de joie.
De la même manière, nous avons entendu des rires moqueurs de la part de certains spectateurs à la vue des coutumes Masaï ou indiennes … 

Qui peut aller voir un film si beau et en dénaturer la substance de la sorte ? J'ai de la pitié pour ces personnes trop sensibles ou trop intolérantes … qui peinent à s'émerveiller devant cet acte universel qu'est le don de la vie, sans faire le moindre effort de compréhension, d'adaptation aux us et coutumes des autres. Qu'il soit "animal" ou "humain", l'accouchement est peut être l'un des évènements les plus marquants qui soient dans la vie d'un être vivant … C'est ce que ce film nous montre, nous raconte. Nous avions peur d'être en quelques vaccinés de l'envie d'avoir des enfants, ce film est plutôt une confirmation supplémentaire du fait que nous serons un jour un père et une mère.