Pierre et Alexandra Boulat – 100 photos pour la liberté de la presse

© Photo Alexandra Boulat / Association Pierre & Alexandra Boulat

Dimanche dernier, histoire de changer un peu d’air et de profiter des quelques timides rayons de soleil, une petite marche s’est imposée d’elle-même, depuis Saint-Paul jusqu’au Petit Palais ! Une heure à bon train à parler et regarder le ciel, lumière irréelle et Tour Eiffel grisonnante, nimbée de rouges, d’ocres et au final presque confondue dans le ciel aux nuages mordorés.

Le Petit Palais expose jusqu’à fin février 2011 une rétrospective du travail de Pierre et Alexandra Boulat, père et fille, 100 photos de deux photographes connus et reconnus célébrant les 25 années de Reporters sans Frontières… 25 ans. On aimerait que la série se soit arrêtée à 10, voire à 5 et que désormais les reporters, photographes et autres organes de l’information puissent circuler librement et facilement pour transmettre leurs connaissances. Un vœu bien pieux à l’ère de la LOPPSI et des dictatures décomplexées (qui n’ont pas beaucoup changé depuis 25 ans d’ailleurs).

Toujours est-il qu’au milieu de la collection permanente du Petit Palais, on retrouve quelques premiers clichés avant de passer au sous-sol et de découvrir l’exposition à proprement parler. A gauche, une biographie d’Alexandra, décédée en 2004, bien trop jeune. A droite, celle de son père, Pierre qui lui est parti un peu plus tard dans sa vie. L’exposition sera ainsi composée : sur la gauche, le travail de la fille, sur la droite, celui du père. Photos croisées de deux photographes (et peintre pour ce qui est d’Alexandra, quelques tableaux venant le rappeler) au travail bien différent mais dont l’amour de l’humain et du témoignage de vie est bien perceptible.

© Photo Pierre Boulat / Association Pierre & Alexandra Boulat

Des photos de YSL lors du lancement de sa première collection par lui en passant par celles de sa toute dernière  par elle, on continue de croiser leurs regards. On affronte aussi la réalité des conflits qu’Alexandra a couverts, de la Palestine à l’Afghanistan et en passant par des photos moins graves mais tout aussi chargées d’émotion de mariages et de femmes du monde, l’œil découvre le talent brut de ce personnage et des photos à la fois naturelles et parfaitement composées. Et puis ce champignon atomique recouvrant le mont Valérien, la fameuse photo qui valut à Pierre d’entrer à Life, ces femmes priant à la mosquée, des témoignages d’une vie joyeuse et grave à la fois, en construction, d’un côté, des témoignages de guerre de l’autre. L’opposition et le dialogue entre les deux est là : point de noirceur côté Pierre, beaucoup d’horreur affichée chez Alexandra. Deux façons de témoigner, deux façons de voir le photoreportage, deux traitements de l’nformation aussi indispensables l’un que l’autre.

© Photo Alexandra Boulat / Association Pierre & Alexandra Boulat

Une exposition à aller voir avant qu’elle ne s’achève… et n’oubliez pas d’acheter le recueil des photos dont les ventes servent à faire vivre RSF, une institution à préserver coûte que coûte.