L’Imaginarium – RAPT

Deux films aujourd’hui, vus respectivement il y a deux semaines et le weekend dernier… à savoir l’Imaginarium du Docteur Parnassus et RAPT (non, pas RATP, ahah, ça doit être la dixième fois que je gourre en écrivant, bref, ce n’est pas drôle).
 Le premier est un petit bonheur, un film longtemps attendu, longtemps remis en cause, longtemps non financé, bref, un film comme on les aime parce qu’ils arrivent finalement avec ce parfum sulfureux de ceux qui n’auraient pas du naître… Et puis c’est un Terry Gilliam, alors on en attend forcément beaucoup.
Et je dois dire que je n’ai pas été déçu par ce petit dernier, quand bien même il souffre de quelques longueurs. L’ensemble est loufoque, poétique, bordélique à souhait, le film nous plonge dans un monde bien réel traversé par une fulgurance folle, celle du Docteur prisonnier de son pari avec le Diable (remarquablement joué d’ailleurs)…
Et Heath Ledger alors ? Splendide, comme d’habitude, mais sa mort semble soudain la meilleure des idées tant l’insertion des autres acteurs se fait avec douceur, parfaitement à propos, un Jude Law resplendissant, un Johnny Depp juste ce qu’il faut de loufoque et un Colin Farell plutôt à propos (comme quoi il peut jouer plutôt bien quand il le veut…) ! L’ensemble finit cohérent, très cohérent même…
Bref : c’est un bon film, un beau film aussi… mais il faut se laisser séduire, rentrer dedans pour le savourer. Autrement, le film semblera plat, long, lent, sans âme, il faut avoir l’âme d’un enfant justement pour plonger dans ce fatras que Terry Gilliam a assemblé et l’apprécier.
 Le second est nettement plus inégal… Yvan Attal y incarne Mr Graff, riche hériter d’un groupe tentaculaire, l’un des « fleurons de l’industrie française », soudainement enlevé et mutilé avec comme clause de sortie, la somme faramineuse de 50 millions d’euros. Le film oscille alors entre le huis-clos du patron avec ses ravisseurs, tout en tension, en violence, en cris, en déchéance physique et de l’autre côté la face publique de l’enlèvement, l’enquête de police, la vie de la famille soudainement exposée tandis que la vie privée du patron est dévoilée par la presse à scandale (le terme presse me paraît galvaudé mais bon).
Autant la partie huis-clos est agréable, bien jouée, riche… autant la partie publique semble là pour la forme alors que l’idée première est bonne : opposer ces deux mondes, ces deux réalités. Le « hic », c’est que cette partie publique est dans son ensemble mal jouée ! Anne Consigny semble fade, elle récite son texte et seules quelques phases du film semblent la faire sortir de sa froideur et de son manque d’expressivité. Effet voulu ou simple manque de qualité de jeu ? Je ne sais pas, toujours est-il que je n’ai pas accroché à cela. Que dire aussi des « flics », tous plus plats les uns que les autres ? Bref : le jeu est poli, policé, froid et je m’intérroge en fait sur la volonté du réalisateur d’avoir cherché ce rendu très normalisé, sans âme, à opposer à la violence et à la réalité de ce que vit Yvan Attal de son côté.
Le contraste est d’autant plus violent sur la fin du film… mais je vous en dirai pas plus. Deux mondes s’opposent et volent en éclat sous nos yeux, un choc des valeurs, une perception de la réalité forcément mise à mal par la prise de conscience de ce qu’a été le quotidien de l’autre pendant deux mois.
Alors, à voir ? Oui, et non. Mais oui, pour Yvan Attal qui joue toujours juste, pour cette vision de l’enlèvement et pour ce choc final, brutal.