In the Air – I love you Philip Morris

Petite revue ciné avec mes deux derniers films, l’un en mode « normal », l’autre en mode « avant-première avec les acteurs » : « In the Air » et « I love you Philip Morris ».

Le premier, c’est un gentil petit film qui aurait pu être un beau film. On en est finalement assez loin tant le scénario semble se dérouler de manière beaucoup trop simple et convenue ! Imaginez un George Clooney beau comme un diable, en permanence dans les cieux (322 jours/an…), en quête personnelle du summum absolu : avoir une carte avec des millions de miles dessus. Il est heureux, là-haut, allant d’entreprise en entreprise pour virer des gens.

Et là arrive le malheur : pam une jeunette veut modifier son boulot… pam il rencontre une femme « comme lui », toujours en l’air. Et c’est parti pour 1h30 de questionnement sur l’amour, sa relation avec sa famille, etc. George Clooney est excellent, une pub Nespresso animée, une icône sexy à faire baver même le plus blasé des hétéros… et ses co-acteurs sont aussi à l’aise mais peut être un peu fades au final.

On va de poncif en poncif. Sur l’amour, sur la famille, sur la quarantaine et sa crise, sur les déconvenues amoureuses. Le tout est bercé d’une bande son excellente, fort heureusement et parsemé de quelques moments de grâce. Mais le film reste à mon sens encore bien trop riche en « facilités » qui pèsent face à de jolis traits d’humour et à une idée pourtant originale du traitement de ces problématiques. Dommage…

Le second, c’était lundi soir à la Cinémathèque à côté de Bercy, une avant-première organisée par EuropaCorp avec Costa-Gavras en maître de cérémonie. Une heure d’attente et de mise en place avant que finalement ne surgisse le trublion Jim Carrey et son acolyte Ewan McGregor. Le premier aura finalement droit à une rétrospective de sa carrière, finement analysée et décortiquée pour en ressortir la substantifique moelle : la critique de la société par le burlesque et l’absurde. Un éclairage parfois évident pour certains films, nettement moins pour d’autres !

Et Jim Carrey, timide au début, faisant le pitre pour évacuer le stress et l’émotion d’être ainsi croqué, nous a gratifié d’une petite chanson, comme ça en live. Les réalisateurs, aussi présents, ravis d’être là pour leur première création et pour cette rétrospective… Puis Ewan McGregor, timide, ne voulant pas du micro, facette opposée du tandem, gérant sa timidité par l’évitement. Enfin, Luc Besson, remerciant les « gros studios américains » pour n’avoir pas voulu de ce film !

Longue mise en bouche, en quelque sorte, éclairée par l’apparition de toutes ces têtes connues, assises à 2m seulement de nous ! Amusant. Et le film l’est aussi, c’est une véritable surprise, un film à la fois touchant, comique, dramatique et trash, un exercice d’équilibriste de haut vol où l’on peut rire de tout : la prison, les arnaques, les gays, le sida et finalement une société américaine classique dans son ensemble.

Le film raconte l’histoire vraie de Steven Russel, arnaqueur chronique et gay, de son rapport à l’amour, à l’argent, à la famille… Et cette vie est une farce, une éternelle course après l’amour où tout est acceptable pour que l’autre soit heureux. C’est aussi un concours de burlesque avec un Jim Carrey parfaitement à l’aise devant la caméra, sensible et touchant. Ewan McGregor n’est pas en reste, jouant un rôle des plus féminins avec brio même si au début on peine à l’imaginer ainsi, icône masculine qu’il est ! Toujours est-il que la sauce prend, alternant comique, ridicule, sérieux, pathos et autres farces trash.

Un numéro d’équilibriste, voilà ce que ce film est. Et chacun traverse la corde raide avec brio, traitant de sujets très sensibles avec un dédain comique presque odieux qui n’en est que plus jouissif, sans pour autant tomber dans le mépris ou la négation, bref un exercice sérieusement casse-gueule tout le monde se sort parfaitement : à voir absolument ! (sauf si on est homophobe hein)