Gotan Project – Tango 3.0 / chronique, interview et concert pour vous !

Ces derniers jours, l’album Tango 3.0 de Gotan Project tourne en boucle dans la platine, aux côtés de leur Revancha del Tango et de Lunatico, leurs deux premiers opus. Une cure de tango et d’autres influences musicales qui fait du bien et que je réitère régulièrement depuis que je les ai découverts il y a quelques années sur les bons conseils d’un ami. Et si on m’avait dit que je recevrais cet album, que j’irais leur passer le bonjour dans leur studio à deux pas de là où habitait mon grand-père à Paris et qu’en fait je vous ferais gagner 4 places pour leur concert de mercredi… j’aurais hurlé au fou ! Et pourtant…

Commençons par l’album. Tango 3.0 … une refonte assez globale de l’univers de Gotan Project que l’on pensait connaître : électro pour le premier opus, classique/tango dans le second et ici on fait face à un melting-pot d’influences. Philippe, Eduardo et Christoph ont voulu nous surprendre et se faire plaisir en passant en partant de musiques variées pour revenir au tango, la base de leur amour musical. Congo Square pour Tango Square, beaucoup de cuivres qui sonnent, des rythmes et paroles aux accents de ska, du blues et même une once de rock, mais toujours le tango, toujours. Difficile de rester insensible à ce nouvel album, plus tranché que les précédents, plus complet et complexe aussi, encore plus riche de tonalités. Il ne plaira surement pas à ceux qui se contentent de l’extrême richesse initiale du tango mais il ravira les autres, les moins extrémistes, ceux qui aiment les mélanges à priori improbables mais dont le métissage produit un ensemble cohérent qui ne dénature aucun des « parents ».

Alors, Tango 3.0, réussite ? A mon sens, oui. On retrouve l’esprit novateur de la Revancha del Tango qui avait atomisé une bonne partie des poncifs sur l’alliance de l’électro et de musiques latines, sensuelles, comme le tango. On retrouve aussi le tango, sublimé dans Lunatico… mais à ces ingrédients viennent se rajouter les ADNs des autres musiques, de nouvelles ambiances, un nouveau son toujours plus entraînant et dont les arrangements sont toujours travaillés à la perfection, marque de fabrique de ces trois perfectionnistes amoureux de leur musique.

Voilà pourquoi c’est toujours mieux de faire une interview (surtout quand ce n’est pas son métier…) en ayant écouté l’album : on est déjà un peu dans l’ambiance… surtout quand les trois arrivent dans la pièce habillés de pied en cap, impressionnants au premier abord et pourtant détendus, affables et souriants. C’est aussi amusant de voir leurs réactions en me voyant avec mes feuilles, mon stylo, mes oreilles grandes-ouvertes et le sourire vissé aux oreilles : oui, je ne suis pas journaliste, je n’ai pas de micro, je n’ai pas non plus de caméra (là par contre j’aurais bien voulu…) : surprise ! Un blogueur… Soit. Et c’est ainsi que se sont enchaînées une quinzaine de minutes de questions/réponses, entrecoupées de rires, d’anecdotes sur leur retour cahin-caha depuis Vilnius et de quelques remarques dont voici le résumé.

Leur processus de création auquel ils restent attachés, n’ayant jamais de ligne directrice pour leurs chansons, se laissant guider par le morceau, celui-ci les dépassant parfois, souvent. Alors bien sûr il y a toujours une base « argentine », un esprit, quelques idées et puis la composition de la musique sur laquelle viennent se greffer les paroles, les assemblages de sons. L’ADN de Gotan Project, c’est le tango. Go-Tan-Go-Tan, capito ? il paraît que c’est complètement évident en Argentine ou le « verlan » est souvent usité, moins en France et encore moins dans les pays germaniques où le groupe rencontre un fort succès. Enfin, toujours est-il que cet ADN, il est hors de question de l’abandonner même s’ils cherchent de plus en plus à mêler d’autres styles musicaux à leur base : du ska, du blues, un esprit un peu rock parfois, d’autres rythmes d’Amérique Latine. De même, leur coeur est à Paris même s’ils ont enregistré une grande partie de Lunatico à Buenos Aires pour la simple et bonne raison que les formations musicales dont ils avaient besoin ne pouvaient être trouvées ailleurs.

Quelques anecdotes aussi concernant Victor Hugo Moralès, une star absolue en Argentine pour ses shows, ses commentaires sportifs et autres : ils ont réussi à l’attraper petit à petit pour l’intégrer à cette fameuse chanson La Gloria et son GOOOOOOOOTAN ! Un Victor Hugo Moralès attrapé pendant 6 minutes, le temps de lire le texte une première fois et de dire « mais où donc est l’adversaire dans ce texte ? ». Car oui, pas d’adversaire ici, il s’agit simplement de faire des passes entre les musiciens, de rythmer le tango sous-jacent et d’envoyer ce GOOOOOOTAN ! Un enregistrement et l’illumination « Ah ! J’ai compris ce que vous voulez faire ! », ne leur reste maintenant plus qu’à savoir s’il appréciera le résultat final. J’espère bien… Et puis enfin, une question, toujours la même, sur cette polémique inutile : où donc est né Carlos Gardel ? La réponse fuse, sourire amusé et passion dans les mots chez Eduardo : Toulouse…

Enfin, parce que ce n’est pas tout, j’ai un petit cadeau pour vous : 2 * 2 places pour leur concert en live sur France Inter au 104, ce mercredi 28 avril au soir ! Pour cela, c’est simple : vous me laissez un commentaire d’ici à 18h et je tirerai au sort les deux heureux. C’est simple, c’est efficace et pour cause : demain je prends l’avion, ce qui m’empêche d’aller les voir en votre compagnie. Tant pis, on attendra l’Olympia le 17 mai prochain !