Drôle de guerre

 Avant-hier soir, dans la foulée de Gone Baby Gone, Alice m'a rejoint pour voir Charlie Wilson's War … film sorti il y a quelques semaines avec un casting assez énorme : Tom Hanks, Julia Roberts et Philip Seymour Hoffman, du lourd quoi.
 
Mauvaise pioche au niveau salle … une des plus petites des Halles, numéro 13 pour 80 places environ. Malgré l'âge du film, la salle était pleine mais nous étions idéalement placés pour profiter du film.
 
Et autant le fait d'être bien placé peut parfois paraître insignifiant quand le film est naze, autant quand le film est de qualité, c'est un petit bonheur supplémentaire. Cette fois-ci, c'était donc bonheur car nous avons tous deux adorés le film, même si Alice avoue avoir été larguée à quelques reprises, l'Histoire de la Guerre Froide n'étant pas particulièrement sa tasse de thé ou son macaron à la fleur de rose, au choix.
Idem pour l'armement militaire que je connais très bien étant donné la quantité d'heures passées à jouer à Command & Conquer, lire des bouquins de Tom Clancy et autres activités d'ado !
 
Bref, revenons au film. Je ne vous apprendrai sûrement rien en disant qu'il se déroule sur la période 1980 – 1988, c'est à dire la guerre d'Afghanistan qui a vu la défaite de l'URSS et son démantèlement dans les années suivantes. Cette guerre a changé le court du monde, mais elle n'a pu être gagnée que grâce à la terrifiante solidarité de ce pays charnière.
Sauf que sans armes modernes, les Afghans étaient impuissants … le film raconte donc comment un "malheureux" député de la 2nde circonscription du Texas et affilié aux budgets de la Défense a réussi à réaliser une alliance totalement improbable entre Israël, le Pakistan tout juste débarassé du père Bhutto, l'Arabie Saoudite, les USA et l'Egypte et ainsi financer la plus grande guerre pseudo-secrète de tous les temps ! 
500 millions de dollars du côté US, 500 du côté saoudien … du délire.
 
Tom Hanks est une fois de plus hallucinant de crébilité. Cet acteur est un caméléon … et se sent parfaitement à l'aise dans le costume désuet de Charlie Wilson. Un vrai bonheur à regarder.
Julia Roberts est quant à elle beaucoup moins présente que l'affiche peut le laisser penser ! Mais son visage vieilli de 10 ans pour le film n'en reste pas moins charismatique et même si elle n'apparaît pas tant que ça dans le film, c'est bien elle qui est à l'origine du financement de cette guerre !
Enfin, Hoffman est l'homme de l'ombre, l'agent de la CIA à l'argot systématique et aux expressions couillues, un vrai bonheur là aussi. Qu'il est bon le Philip !
Les répliques cinglent, les vannes fusent, le jeu prend et j'ai rarement vu une salle rire autant ! C'est bien simple, arriver à rendre drôle le financement d'une guerre est une prouesse que Mike Nichols a parfaitement réussi !
 
On ressort de la salle partagé entre le bon moment de rigolade passé avec les 79 autres … et affligé par la conclusion du film. Les USA avaient parfaitement réussi leur coup : dégringolade de l'URSS, fin de la Guerre Froide … et puis ils se sont finalement détournés de l'Afghanistan ravagé, saigné à blanc par les balles traçantes des hélicos et les pièges destinés aux enfants … générant ainsi les conditions idéales pour l'implantation d'un fondamentalisme religieux et les évènements que nous connaissons depuis 7 ans. On a presque envie de dire "bien fait pour votre gueule, fallait pas laisser tomber ceux qui ont sauvé le monde pour vous" … On le fait d'ailleurs.
 
J'ai toujours dis que les attentats qui ont visé les USA étaient mérités … même si les civils n'y étaient clairement pour rien, là n'est pas la question. Ce film me confirme cette idée … la propension des USA à venir dans un pays pour changer son mode de vie, de fonctionnement et puis à se barrer tout aussi vite en laissant le bordel tel qu'il est, sans aller au bout des choses … 
 
Après un Closer vraiment génial, le réalisateur nous livre donc une nouvelle perle de cinéma qui fait à la fois rire et réfléchir … et apporte un éclairage bienvenu sur la géopolitique de l'époque et ses répercussions actuelles. A voir.