Demain dès l’aube (je vais te défoncer la tronche)

 Bon, avant toute chose, pardonnez-moi le titre mais ça m'a fait du bien de dire une connerie (mode Fabien Barthez). Maintenant, on peut commencer.
 
Hier soir, j'étais donc à l'avant-première de Demain dès l'aube, un film de Denis Dercourt avec Vincent Perez, Jérémie Rénier et Aurélien Recoing. L'histoire ? Le frère aîné, pianiste professionnel, part vivre avec sa mère en fin de vie aux côtés de son jeune frère. Celui-ci vit deux vies… la première, réelle, dans laquelle il mène une vie simple et travaille dans une usine et la seconde, celle de rôliste.
 
Rôliste. Un drôle de mot pour des gens souvent mal perçus, étranges, perchés… Ici, Mathieu est un hussard napoléonien du 5ème régiment… Le film débute sur un duel, le sang est versé. Ce sera le thème du film : la vengeance, la fraternité, l'honneur, et une plongée impressionnante dans ce monde parallèle qu'est celui de la reconstitution historique. Ebouriffant, à tel point que parfois on se demande si ces gens là existent, si tout cela est bien réel. Des rires dans la salle montrent que certains ne comprennent pas ou bien jugent… mais le silence et la concentration étaient aussi présents. Pas un bruit, peu de rires, beaucoup d'intensité dans ce film.
 
C'est bien ça qui ressort et qui m'a marqué : l'intensité qui va croissant jusqu'au final assez inattendu et qui nous laisse sans voix. Le piano joue une place prépondérante dans le film, tant dans les scènes d'enregistrement d'oeuvres que part sa présence physique dans certains plans ou dans nos oreilles pendant l'ensemble du long métrage. Quel instrument… J'ai eu les poils dressés par cette musique qui sait si bien transmettre les émotions, cet instrument est décidément le plus complet, le plus sensible, le plus riche. Je sais, je prêche pour ma paroisse mais ce film, comme d'autres, me donne une envie folle de remonter mon piano de la cave. Vivement les travaux chez moi que cela puisse se faire.
 
L'autre élément, c'est la fin de vie de la mère de Paul et Mathieu… Beaucoup de souvenirs qui remontent. Des sensations, une impression de déjà-vu, des odeurs, des scènes. Dur… Et deux frères perdus face à la maladie, à l'affaiblissement progressif de leur mère. Cette présence fait peser sur le film une ambiance dure, triste, une sorte de chape omniprésente qui se rappelle à nous à intervalles réguliers.
 
Et enfin, le jeu de rôle qui vient s'encastrer dans la vie réelle, l'impactant de toute sa force historique et passionnelle… Un monde de tensions, d'egos, de griefs appartenant au "passé". Chacun y est à sa place, du capitaine au sergent-major en passant par les différents hussards. Quel drôle de monde… L'équipe du film a beaucoup travaillé avec les rôlistes semble-t-il et je suppose donc que l'ensemble est fidèle. C'est ce qui me gêne en fait puisque je n'arrive pas à comprendre à quel point on peut plonger ainsi dans une sorte d'univers parallèle qui clairement ne laisse pas indemne, et ne laissera pas les frères indemnes.
 
Un film avec beaucoup de tension, d'émotion, une plongée irréelle dans un monde inconnu… un grand film en fait, mené de main de maître.