Sri Lanka – le train à Colombo et les temples à Anuradhapura

Sri Lanka, décembre 2015. Me voici enfin dans cette île fabuleuse qui titille mon imaginaire depuis des années. Ce fut le dernier voyage de mes parents avant le décès de mon père, c’est aussi le pays d’un de mes écrivains de SF favoris – Arthur C. Clarke – et le théâtre de l’un de ses plus beaux romans, c’est dire si j’attendais avec impatience de poser les pieds sur cette terre sacrée, riche et de profiter de ces trois semaines sur place.

Colombo. J’ai décidé de ne pas y rester, de ne pas visiter. Le système de taxis à l’aéroport est très bien fait, avec des tarifs officiels et une bonne organisation. Il est tard à notre arrivée, c’est donc bien pratique pour vite rejoindre l’hôtel situé dans le quartier du fort, à quelques centaines de mètres de la gare principale du pays. Après un bon repas et une bonne nuit de sommeil, direction la gare ! Voilà la première vraie prise de contact avec la douce folie de ce pays, avec ses habitants d’une bonté inépuisable et ses trains incroyables.

Il y a foule ce matin là ! Un bureau de renseignement pour les touristes est à disposition et fournit avec bonne humeur les informations principales et les horaires des prochains trains pour Anuradhapura. Problème : nous sommes arrivés tard le soir et repartons le lendemain matin, tous les billets en première classe sont vendus. Tous ceux en second classe aussi. Il reste la troisième classe, à acheter directement aux guichets car notre hôte du bureau d’information, après quelques allers et retours, nous confirme que le reste est déjà vendu.

Il nous conseille alors de prendre un chauffeur pour les 7 ou 8 jours du début de notre voyage, entre Anuradhapura, Polonnaruwa, Dambulla et Kandy. C’est… cher d’une part et surtout ça ne correspond pas du tout à ma vision et mon envie de voyager dans ce pays. Il nous déconseille de prendre la troisième classe. D’ailleurs, beaucoup de guides le déconseillent. Pourquoi ? Parce que c’est comble, noir de monde, bondé ! Mais c’est ça, le Sri Lanka, aussi. Pas une voiture avec climatisation avec un chauffeur. Alors ce sera la troisième classe, pour un trajet Colombo – Anuradhapura de 6h et quelques.

Le train arrive, le quai est relativement bondé. Un muet aide les touristes à changer de quai au dernier moment et nous presse pour monter le plus vite possible dans le train ! Les places assises sont chères et peu nombreuses ! Je vois mes premiers sri-lankais monter à la volée dans le train qui roule encore dans la gare. Sacré choc culturel d’un coup d’un seul mais tout le monde sourit, rit, s’amuse de cette situation semble-t-il normale mais tellement étonnante pour moi. Je ne suis pas prêt pour l’Inde, je crois. On grimpe, on arrive à s’asseoir, on est tassés à 8 sur une banquette plutôt faite pour… allez, 6. Tout le monde sourit. Il fait chaud. Le train part.

Six heures plus tard, je suis toujours assis. On a échangé nos places, on a laissé d’autres s’asseoir, ça tourne. Les vendeurs ambulants passent régulièrement pour vendre croquettes et autres piments. Je n’essaie pas encore. Une chose à la fois. Déjà le train. Ensuite les croquettes ET le train. C’est passé vite, finalement. Sûrement parce qu’on était assis sur ce premier trajet. Prendre le train au Sri Lanka, ce sera une drôle d’aventure à chaque fois et celle-ci fut finalement la plus stressante et pourtant la plus confortable ! Baptême du feu. Il en faut un, alors autant le faire « comme il faut », en troisième et avec des sri-lankais adorables, hilares et bienveillants.

Anuradhapura est là. Le train s’arrête dans une belle gare un peu décatie. La végétation a changé au fil des heures, se faisant un peu plus luxuriante en cette sortie de saison des pluies. Un taxi rapide, l’hôtel, une petite balade pour finir la journée avant de dormir et d’aborder le lendemain la visite des temples, en vélo !

La guesthouse où je résidais à Anuradhapura, au même titre que de presque toutes, dispose de vélos en location. On ne regardera pas trop l’état des bicyclettes, l’essentiel étant finalement que la chaîne et les freins soient dans un état suffisant ! Nul besoin de toute façon d’avoir une machine de compétition pour cette journée de découverte des différents temples et monuments des ruines d’Anuradhapura. C’est en tout cas le moyen idéal pour se balader tranquillement sur le site gigantesque de celle qui fut  la capitale du Sri Lanka entre les IV et Xème siècles ap. J-C. On prend donc la route dans la circulation sri-lankaise, assez impressionnante à dire vrai. Il faut rester très attentif et beaucoup anticiper mais c’est très largement gérable, les locaux faisant malgré tout bien attention aux multiples touristes, habitude oblige.

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Le premier site visité est un peu à l’écart et est tout à fait exceptionnel. Il s’agit d’un temple abritant une bouture de l’arbre de Bouddha, le Sri Maha Bohdi. Il règne ici une ferveur religieuse impressionnante, émouvante. Pieds nus, je navigue le plus discrètement possible, prenant mes photos le plus discrètement possible aussi, tentant tant bien que mal d’être transparent afin de laisser les fidèles vivre leur foi. Quelle foule ! Odeurs d’encens, de fleurs, d’offrandes, dévotion et sourires, toujours. Je ne repars pas tout à fait indemne de ce lieu, frappé par cette dévotion et par la présence de cette fameuse branche soutenue d’or.

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Prochaine étape, reprendre la route en passant par le centre principal du site afin d’y acheter les tickets qui seront contrôlés de manière systématique aux différents postes de garde. Je fais le choix de faire le tour dans le sens anti-horaire. C’est encore assez tôt dans la matinée, la chaleur n’est pas trop violente et surtout, il y a une foule d’arbres pour rendre la balade suffisamment ombragée. Le point suivant est l’un des plus éloignés et au nord de la cité. Il s’agit des bassins jumeaux (Kuttam Pokuna), anciens bains dotés d’un système d’approvisionnement et de filtration de l’eau par gravité, toujours opérationnel aujourd’hui ! L’endroit est très calme, impressionnant quand on considère que les bassins furent construits il y a près de 2000 ans.

Après un passage rapide devant une statue de Bouddha imposante et désormais bien protégée des éléments, il est temps de découvrir un endroit particulièrement imposant, Abhayagiri Dagoba. Cet ancien monastère au centre duquel trône un stupa, fut fondé au IIème siècle ap. J-C et abrita pendant longtemps la relique de la Dent, dont on reparlera souvent au cours de ce voyage. C’est donc un lieu particulièrement sacré et imposant du bouddhisme, l’un des principaux lieux de pèlerinage de la religion également. L’endroit est encore en cours de fouilles et de remise en état, au terme d’un programme déjà en cours depuis 15 ans !

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Les deux étapes suivantes sont moins impressionnantes en terme de dimension mais tout aussi importantes pour ce qui de leur rareté et de leur beauté architecturale. Le premier est une pierre de lune marquant l’entrée des ruines d’un temple. Son état de conservation est absolument remarquable et retrace parfaitement les différents cercles et symboles du parcours bouddhiste menant au nirvana, au centre de la pierre. Splendide.

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L’autre point, situé exactement en face de l’autre en traversant la route, est le temple de Ratna Prasada. Ce temple a à son entrée un gardien dans un état lui aussi incroyable ! Un peu plus loin, des cobras que l’on charme et au bout de quelques chemins, de nouveaux temples et encore une pierre de lune dans un état magnifique.

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Il y a également les bassins des éléphants, sorte de Grand Canal de Versailles avant l’heure, gigantesque et un peu à l’écart de la route principale. On pourrait passer des heures et des heures à marcher à Anuradhapura, entre ruines bien identifiées et d’autres, noyées dans la forêt. L’étendue de la cité est frappante alors que les coups de pédale m’emmènent plus au sud, dans l’autre moitié de la ville. Il fait toujours plus chaud. Un rapide arrêt au musée d’Abhayagiri est par ailleurs plus que nécessaire pour se rendre compte des merveilles récupérées sur le site pendant les fouilles. Statues, objets d’art, toilettes aussi, il y a de tout, bien expliqué et conservé. Même chose avec un autre temple, un peu à part, Lankarama, avec ses drôles de singes. A ne pas manquer.

Les vélos sont garés au temple suivant, Thuparamaya. D’aspect presque sage, il s’agit en réalité du premier stupa construit au Sri Lanka après l’introduction du bouddhisme dans l’île, la construction s’effectuant donc entre 250 et 210 av. J-C ! Au loin, un autre stupa domine, celui de Ruwanwelisaya. On y accède en traversant un grand parc dans lequel paissent des boeufs. Un coup d’œil à gauche pour les observer, ainsi que les grues qui cohabitent avec eux et devant moi, c’est un serpent qui traverse le chemin. Tranquille. Normal.

Le stupa suivant est peut-être encore plus imposant que le précédent. Plus récent, surtout peint d’un blanc éclatant au soleil, on note toutefois qu’il y a subi quelques dommages du temps avec une forme un peu gondolée de ses courbes ! A noter, les enfilades d’éléphants à sa base et les beaux autels aux quatre points cardinaux à la base du stupa.

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Ultime stupa, celui de Jetawana Dagoba. Entouré de jungle et situé à quelques encablures seulement du musée et point d’achat de tickets, ce stupa impressionne encore et toujours. Certes, tout cela est un peu répétitif et en fin de journée, on a un peu envie d’autre chose mais c’est beau, impressionnant. Et il y a des paons.

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En fait, pour avoir un peu de changement, il faut repartir vers le lac de Tissa Wewa et le longer vers le sud. On peut alors rejoindre au prix de quelques embranchements un autre temple très important de Anuradhapura, bien différent des autres et donc source d’une certaine fraîcheur en cette fin de journée. Il s’agit du temple d’Isurumuniya, avec son splendide bassin et surtout ses figures sculptées dans la roche, dont l’une forme un creux dans lequel il est de bon de tenter sa chance en jetant quelques sous.

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En conclusion, Anuradhapura est largement abordable en une belle journée de visite. Il n’est pas forcément nécessaire d’y passer plus de temps, à moins de vouloir creuser dans les détails sur chaque lieu et visiter quelques ruines supplémentaires, également dans le détail ! Je vous conseillerais donc, sauf si vous êtes de fervents amoureux des ruines, de passer une journée complète sur le site, ce sera bien suffisant. Surtout, vous verrez qu’il y a d’autres choses à faire et à voir à Anuradhapura, ce sera le sujet d’un prochain article !

Comment arriver à Anuradhapura ?

Prendre le train depuis Colombo ! 6h de trajet. N’ayez pas peur de prendre des tickets sans places assises garanties, en seconde ou troisième classe. A moins que ce jour-ci, le train soit effroyablement bondé, c’est largement faisable, vivable et c’est même une expérience fabuleuse en comparaison de la voiture avec chauffeur ou de la première entre européens fortunés.

Où dormir à Anuradhapura ?

J’ai dormi chez Levi’s Tourist. Simple, un peu désuet dans les chambres, petit-déjeuner et dîner sympathiques et tarifs honnêtes. Vélos disponibles, transports également, arrangeants aussi pour un départ tardif le dernier jour. Une adresse honnête, en somme.

Où manger et boire un verre à Anuradhapura ?

J’ai mangé comme je le disais dans le paragraphe précédent directement à la guesthouse. Il y a sinon foule de petites guinguettes et restaurants dans la rue principale, à courte distance. Même chose côté verres, les apéros furent pris sur place avec ou sans achat des bières locales dans la supérette de la rue principale également ! On peut aussi aller boire un verre dans un des grands hôtels de la zone « hôtelière », côté lac.

Combien de temps rester à Anuradhapura ?

Une journée me semble être une bonne durée pour voir l’essentiel. Pour les passionnés de ruines ou pour celles et ceux ayant beaucoup de temps, une demie-journée supplémentaire est envisageable, voire une journée complète.