Italie du Nord – Riomaggiore et Vernazza – grandeur et tristesse

Quand on entend parler des Cinque Terre, ces cinq villages accrochés à flan de falaise, on pense souvent à Riomaggiore, la « capitale » de ces lieux exceptionnels et si longtemps coupés du monde. Cela, c’était avant l’arrivée du train puis de la route côtière, fabuleuse à parcourir. C’était aussi avant le développement du lieu et la mise en place des parkings à cinquante mille euro la journée (j’exagère à peine). Fort heureusement, à la toute fin du mois de décembre, bien peu de parkings sont payants et/ou surveillés et on peut donc se promener sans trop de souci. Ce n’est pas le cas à Riomaggiore et on paye en ronchonnant et en descendant à travers la ville, chemin interminable et pentu qu’on imagine déjà remonter. Douleur tempérée par la douceur des couleurs environnantes.

Et puis soudain, on voit la mer. Et tout ronchonnement purement avare s’éteint. Définitivement.

On boit un verre de Sciacchetrà, ce vin liquoreux et délicieux, on prend de savourer le soleil et surtout on s’éloigne au maximum de la terre ferme pour prendre un peu de recul sur cette fameuse capitale qu’on aimerait tellement aborder par la mer.

Une autre fois… car là je dois remonter, cahin-caha et me diriger vers un autre territoire. Cet autre village des Cinque Terre, c’est celui de Vernazza, le village qui était réputé comme étant le plus typique des cinq, celui qui a souffert à un point que je n’imaginais pas des crues dont je parlais dans mon article précédent. C’est simple : Vernazza aurait pu être rayée de la carte des Cinque Terre. La partie supérieur du village a été balayée, ses rues décapées par un flot de boue de plusieurs mètres de haut à la puissance démesurée. Certaines maisons n’ont tenu que par miracle tandis que seuls quelques irréductibles sont décédés dans l’évènement, n’ayant pas voulu quitter leurs maisons. Coûte que coûte.

C’est dire l’esprit de résistance qui préside dans l’esprit de ces hommes et femmes rudes, habitués à l’isolement. Ne jamais abandonner. D’ailleurs, ils n’abandonnent pas. La ville est une fourmilière, elle vit, elle bat, elle panse ses blessures, aidée par les communes, villages et régions environnantes. Si la plupart des habitants sont bien entendu aller vivre ailleurs, le but est de revenir, de reconstruire. Drôle de sensation que celle d’être un « touriste » face à ces gens, l’air sombre, regarder ce qu’ils ont perdu, ce qui leur reste.

Chapeau bas, très bas, à genoux même, devant vous qui reconstruisez ce village.