Prise en main de l’iPad – « bien mais pas top »

Comme je vous le disais sur le test de l’appli SeLoger, j’ai eu l’occasion de tester l’iPad pendant quelques jours, n’ayant pour l’instant pas pris la décision de l’acheter, ayant du mal à cerner mon usage de cette machine, à cerner plus généralement l’usage de cette machine. Ce long weekend d’utilisation m’aura permis de parfaire mon ressenti, de visualiser un peu mieux l’utilisation même si ce test était court et donc forcément imparfait. Ce billet n’est donc pas une profession de foi, mais un ressenti, une prise en main… Bon, allez, pour rire, j’ai d’abord commencé par afficher le blog sur l’iPad, je crois même que c’est l’une des premières choses que j’ai faites ! Le bilan est correct, si l’on excepte le bandeau déroulant des critiques de bouquins et le bouton « more » qui déconne… Pour le reste, tout est à son poste et voici donc le premier constat sur l’iPad : c’est parfait pour la navigation web, c’est fluide, c’est pratique et cela reprend parfaitement les fonctionnalités de l’iPhone (zoom sur double clic, nouvelles fenêtres, copier/coller, etc.). Rien à dire donc sur la navigation web, mais qui en doutait ?

Allez, repassons maintenant sur le ressenti quand on « touche » pour la première fois un iPad avec un effet « wow » complètement indéniable, sur moi déjà, mais aussi sur tous ceux à qui je l’ai présenté. La machine est belle, indubitablement. Son poids surprend un peu même si après avoir lu beaucoup de choses sur ce point précis, je m’attendais à une masse plus importante. Finalement j’ai eu la sensation que la prise en main en était plus agréable, plus assurée, avec un sentiment qualitatif du fait du poids de l’objet. Pour ce qui est de la finition, c’est du Apple, autrement dit c’est beau, c’est bien fini, les petits boutons tombent bien sous la main (j’ai découvert avec un certain plaisir celui de verrouillage de rotation de l’écran, très pratique !) mais je n’en attendais pas moins de la part d’Apple, surtout au prix proposé (j’avais un modèle 32 Gb 3G, soit un truc qui vaut la bagatelle de 699€).

Une fois passé ce premier aperçu très positif vient le moment d’utiliser la bête. Et nouvel effet « wow » devant la qualité de l’écran et de sa définition, devant la fluidité des lancements d’applications, des passages d’écran à écran, bref : la fluidité d’iPhone OS est bel et bien au rendez-vous sur l’iPad et là aussi, on s’attendait à ça…

Bon. Cet effet « wow » dure environ 5 ou 6h. Au début, on est donc subjugué, on sourit bêtement, on gazouille comme un enfant devant son nouveau jouet de Noël, bref on ne réfléchit pas trop. Et puis vient le moment de reposer l’animal entièrement configuré sur la table basse après cette première utilisation de longue durée, et là les premières questions arrivent. Que vais-je bien pouvoir faire de ce truc au quotidien ?

La réponse est venue au fil des jours : du mail, du web, du twitt, un peu de vidéo, un peu de lecture de blogs et autres. C’est bien simple, chez moi, je n’ai quasiment plus utilisé l’iPhone ou le MacBook Pro (si ce n’est avec Lightroom pour les photos), j’ai quasi exclusivement utilisé l’iPad. Autrement dit, l’iPad est une machine parfaite pour lire du contenu et ça tombe bien puisqu’il est essentiellement vendu en tant que tel. J’ai bien essayé d’écrire un article sur l’application WordPress, j’ai rapidement abandonné. En effet, même si le clavier virtuel est d’une efficacité redoutable pour peu que l’on fasse d’écrire à plusieurs doigts (car oui, ce clavier virtuel m’a impressionné, on peut vraiment écrire comme sur un clavier physique, le « retour » et la précision des touches en moins), je ne me vois pas écrire un article complet avec. De même, je me suis attelé à l’écriture de longs mails et il faut un certain temps d’adaptation mais c’est faisable. De là à être supérieur à un clavier physique, non. Autrement dit c’est « bien mais pas top ».

Et il en est finalement de même pour les autres utilisations, c’est bien, c’est pratique mais ce n’est pas « top ». Le problème vient aussi finalement de la position que l’on doit adopter avec l’iPad. L’absence de double-plan qu’avait souligné Lâm dans un de ses billets et que j’avais bien compris m’a carrément sauté aux yeux ! Soit on pose l’iPad globalement à plat et on tapote dessus mais on est alors obligé de se pencher au dessus, autrement dit on se pourrit le dos… soit on le tient un peu plus vertical et là ce sont les poignets qui souffrent, d’ailleurs ils souffrent aussi au bout d’un quart d’heure lorsqu’on tient la machine, le poids se faisant finalement sentir ! L’idéal finalement ? Etre vautré dans le canapé, allongé, ou bien dans un transat’ sur le balcon, bref dans une position « confort » où le corps est à peu près allongé, cela permet finalement d’adopter une position intermédiaire qui permet de résoudre ce problème de double plan.

Ce qui manque aussi à l’iPad, ce sont des applications de qualité. Il n’y en a pas encore beaucoup… la plupart des développeurs s’étant jeté sur la chose pour adapter leurs applications iPhone sans tenir compte des spécificités d’écran et d’ergonomie de l’iPad, il n’y a d’ailleurs qu’à voir les applications « presse » qui sont strictement à chier. Le Monde, Figaro, personne n’a rien compris… Il n’y a guère que l’appli Paris Match qui m’a convaincu, et encore. Bref, je n’ai pas encore vraiment d’avis quant à l’enthousiasme de la presse traditionnelle qui voit en l’iPad leur salut, mais clairement, si les applications ne sont pas d’une qualité parfaite, leur enthousiasme va vite déchanter. Disons qu’en l’état actuel des choses, il n’y a strictement aucun intérêt dans le fait d’être abonné à la presse sur iPad.

Et puis vient enfin la clef de voûte de l’écosystème d’Apple : la fermeture progressive à la bidouille, à la personnalisation, à la liberté des contenus… Un iPad, c’est un système exclusivement fait pour consommer, bêtement, simplement, sans se poser de questions. Et j’ai beau être un consommateur un peu débile parfois, je trouve qu’Apple pousse le bouchon un peu loin. Processus de validation des applis, absence de contenus adultes ou malvenus, à la seule appréciation de Steve Jobs (qui est quand même un bon américain traditionaliste, ne l’oublions pas), prix des iBooks complètement hallucinant (messieurs les éditeurs, si vous me lisez, sachez que JAMAIS, mais alors JAMAIS je n’achèterai un livre électronique plus de 5€…), etc. D’ailleurs, je suis loin d’être expert sur ces sujets mais j’ai pu lire quelques petits articles très bien foutus là-dessus : LA et LA.

Bref, l’iPad, c’est « bien mais pas top ». Autrement dit je n’ai strictement aucune raison de l’acheter. 499€ pour une version de base, c’est une semaine en Italie du Sud, c’est un gros paquet de CDs et de livres dont je pourrai faire ce que je veux (les prêter, les revendre, les échanger, bref être libre), c’est pas mal d’abonnements presse si un jour je me décide à la lire à nouveau…

Bien sûr, une fois que j’ai rendue, la machine m’a manqué. Et puis je n’ai finalement pas tardé à réutiliser mon iPhone et mon MacBookPro, je me suis remis à lire un peu plus que pendant ces quelques jours, j’ai écouté de la musique avec un vrai bon son, j’ai repris une activité normale, sans ce gadget très sexy mais dont l’utilité au final reste encore un peu limitée à l’heure actuelle. Bref : on va attendre la v2, l’OS 4.1 commun à l’iPhone et à l’iPad et surtout on va se mettre à rêver qu’Apple arrête de se prendre pour un censeur de ce qui est bien et pas bien, autrement dit il faudrait qu’Apple arrête de se prendre pour Dieu.